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Libération de prisonniers islamistes au Mali: un regain d’attaques est-il à craindre?

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Au Mali, la libération début octobre de plus de 200 présumés djihadistes en échange de celle du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé et d’otages occidentaux suscite des interrogations, surtout avec la mort de 24 personnes, militaires et civiles, survenue quelques jours plus tard dans une double attaque perpétrée au centre du pays.

Le 13 octobre dernier, le poste FAMA (Forces armées maliennes) de Sokoura dans la région de Mopti au centre du Mali a été attaqué par des individus armés non identifiés. L’offensive a été suivie d’une embuscade contre d’autres groupes de l’armée, appelées en renfort, et le bilan a fait état de 24 morts.

Rapidement, un lien au sein de l’opinion publique s’est fait entre cette attaque meurtrière et la libération, quelques jours plus tôt, de quelque 200 islamistes, présumés djihadistes, dans le cadre d’un échange de prisonniers. L’information avait été ébruitée par des sources médiatiques et suscité des spéculations de la part des observateurs de la scène politique malienne alors que les autorités avaient jusque-là gardé le silence. Sur des images diffusées par l’agence mauritanienne Al-Akhbar et reprises par des sites maliens, on voit ces anciens prisonniers accueillis en héros par leur chef, Iyad Ag Ghaly, le numéro un du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM)*.

Interrogé sur le plateau télévisé de TV5 Monde le lendemain de son retour à Bamako sur l’inquiétude que pouvait susciter la libération de ces islamistes en marge de sa délivrance, Soumaïla Cissé avait d’abord semblé surpris par la question avant d’ironiser: «J’espère qu’ils ne sont pas inquiets que je sois libéré», avait lâché le chef de file de l’opposition malienne qui, la veille, avait été accueilli en héros par de nombreux militants depuis l’aéroport jusqu’à son domicile.

«Moi je ne suis pas inquiet d’être libéré. Je ne pense pas que ce soit une question qu’il faille me poser à moi. Des djihadistes sont en train d’être libérés en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Yémen. Je n’ai pas de jugement de valeur à ce niveau», a poursuivi l’homme politique.

Vigilance accrue?

Si, parmi les présumés djihadistes libérés, certains n’occupent pas de grandes responsabilités au sein du mouvement d’Iyad Ag Ghali, d’autres pourraient susciter plus d’inquiétude, à l’instar du Mauritanien Fawaz Ould Ahmed. Ce lieutenant de Mokhtar Belmokhtar (chef d’Al Mourabitoune), a été impliqué dans les attentats terroristes de 2015 au Mali contre le restaurant «La Terrasse à Bamako» qui a fait six morts et contre l’hôtel Byblos à Sévaré, où 22 personnes ont péri.

Aliou Mahamane Touré, ancien chef de la police islamique du Mujao (Mouvement pour l’unification et le djihad en Afrique de l’Ouest, qui avait d’abord fusionné avec Al Mourabitoune pour finir, ensuite, au sein du GSIM) à Gao (Nord), fait également partie des libérés qui reviennent renforcer le groupe terroriste d’Iyad Ag Ghaly. De quoi faire planer le spectre de plusieurs futures attaques, selon des analystes.

«Il faut s’attendre à ce que ces gens cherchent à se venger de ceux qui les ont capturés. Donc il faut tout de suite passer à une sensibilisation de la population pour qu’elle aide les autorités à prévenir ces offensives. Parallèlement, il faut multiplier l’effort militaire. D’ailleurs, le vice-Président de la transition peut très bien élire siège au centre du pays, là où se concentrent les attaques terroristes en ce moment», suggère Mohamed Elkhalil, spécialiste des questions sociales et sécuritaires du Sahel au micro de Sputnik.

En revanche, pour Boubacar Bocoum, membre du directorat du Centre malien d’études stratégiques, «la libération ou non de ces djihadistes ne change rien car le Mali est aujourd’hui infesté de terroristes. Donc il faut chercher la cause de cette insécurité réelle. Le terrorisme existe, l’État est fragile et notre armée n’est pas en suffisamment bonne posture pour apporter les réponses nécessaires afin de freiner le djihadisme», rétorque-t-il à Sputnik.

D’un autre côté, comme l’a déclaré l’ancien ambassadeur de France au Mali Nicolas Normand sur les ondes de RFI, ce 12 octobre, les récentes libérations des présumés djihadistes vont «rééquilibrer un peu les forces en faveur du GSIM, qui dépend d’Al-Qaida*», face aux groupes affiliés à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS)*. Les attaques djihadistes au Mali pourraient ainsi s’intensifier et être dirigées vers des lieux ou endroits jugés stratégiques par le GSIM et ses alliés.Le Centre du Mali est la cible régulière d’offensives terroristes depuis plusieurs années. Pour essayer de faire face à l’insécurité grandissante dans cette partie du pays, l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keita avait nommé Dioncounda Traoré –l’ancien Président par intérim en 2012– Haut représentant des régions du centre du Mali. Celui-ci était chargé d’examiner de plus près les problèmes sécuritaires et tenter des approches de résolution avec les communautés impliquées.

Toutefois, non seulement la cadence des attaques n’a pas baissé, mais en plus, la menace semble migrer de plus en plus vers les régions du sud du pays.

*Organisation terroriste interdite en Russie.

Sputnik

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