À la suite de la publication de notre entretien avec le coordinateur national de l’AEEM, Moussa Niangaly, mercredi 14 octobre 2020, une interview qui avait été réalisée bien avant l’affrontement du lundi 12 octobre 2020 à l’IUG, nous avons eu un entretien téléphonique, mercredi soir, avec lui. Le coordinateur de l’AEEM livre sa lecture des violences dans le milieu universitaire.
Le Pays : que pouvons-nous retenir de l’affrontement du lundi 12 octobre 2020 à l’Institut universitaire de gestion (IUG) de Bamako ?
Moussa Niangaly : c’est un affrontement entre deux groupes d’étudiants. Mais je vois que sur les réseaux sociaux on le lie à des activités de l’AEEM. Je tiens à préciser qu’il n’y avait une quelconque activité de l’AEEM le jour de l’affrontement. Il n’y avait pas de renouvellement de bureau. Cet affrontement est survenu à la suite d’une série de discussions entre deux groupes d’étudiants et qui a fini par se dégénérer.
Suite à cette énième violence, nombreux sont ceux qui demandent la dissolution de l’AEEM. Pensez-vous qu’il est possible aujourd’hui de dissoudre cette association ?
La dissolution de l’AEEM ne fait pas partie de l’actualité. Elle est une association comme toutes les autres. Tant que les autres associations continueront d’exister, l’AEEM continuera d’exister. Pour dissoudre l’AEEM, il faut commencer par dissoudre toutes les associations du Mali. En ce moment, nous-mêmespourrons les aider à dissoudre cette association de défense des intérêts des étudiants.
Face à ces situations, ce qu’on peut faire aujourd’hui ; c’est de voir comment on peut mieux organiser cette association ; comment on peut bannir la violence dans l’espace universitaire ; c’est de trouver des solutions pour qu’on n’assiste plus à ces genres de pratiques dans l’espace universitaire ; comment refonder notre association tout en veillant aux objectifs de l’association qui est la défense de l’ensemble des intérêts moraux et matériels des étudiants. Aujourd’hui nous avons des anciens de l’AEEM qui sont en train de nous accompagner dans ce sens.
Lors de notre dernière interview, publiée le mercredi 14 octobre 2020, vous avez fait comprendre l’impossibilité de bannir à 100 % la violence dans l’espace universitaire bien vrai que vous et vos camarades, vous vous battez pour y arriver. Mais le message semble ne pas être compris. Quelle précision pourriez-vous apporter sur la question ?
À notre niveau, nous organisons fréquemment des activités : des conférences, des séances de formation, etc. Il s’agit là des activités de sensibilisation pour bannir la violence, sous toutes ses formes, dans le milieu universitaire.
Toutefois, nous demandons beaucoup l’accompagnement du gouvernement pour sécuriser le milieu universitaire. Ça fait plus de deux ans que nous avons fait cette demande auprès du gouvernement malien. Pourtant, tant qu’on n’aide pas le bureau de coordination à sécuriser ce milieu, ce sera très difficile d’y arriver.
Tout ce qui se passe sur la colline est mis sur le dos de l’AEEM alors qu’il y a toute sorte de personnes qui montent sur cette colline.
Aujourd’hui, même quand nous apprenons que deux mécaniciens se battent sur cet espace, nous avons peur. Parce que nous savons que c’est l’AEEM qui sera indexée. Il est vraiment temps de sécuriser ce milieu.
Certes, parmi nous il existe des brebis galeuses, des gens difficiles à cadrer, des gens qui ternissent l’image de notre association.Mais il faut reconnaître que depuis un certain temps, nous travaillons pour éviter à ces gens d’approcher nos militants. Sincèrement,nous comptons sur le gouvernement afin de bannir ces violences dans le milieu universitaire. Je n’ai pas dit que c’est impossible de bannir cette violence. Je ne peux faire que de mon mieux. Le bureau de coordination est une continuité. Lorsque tout le monde fera de la lutte contre cette violence dans le milieu universitaire son ambition, on y arrivera.
L’État avait parlé, à un moment donné, de la mise en place d’une police universitaire. Cela n’a-t-il pas été concrétisé jusque-là ?
Il n’y a absolument rien de cela. Des postes existent sur la colline, mais ils ne sont pas occupés. C’est pourquoi lorsqu’il y a des affrontements, nous sommes obligés de faire appel au quatrième arrondissement. Or, la distance est un peu longue. Aucune sécurité n’existe sur la colline.
Propos recueillis par Fousseni Togola
Source: Le Pays