En Chine, la vigueur de la reprise est confirmée par le bon chiffre de croissance du troisième trimestre, +4,9% en rythme annuel. Cette reprise insolente sonne comme un désavœu pour Donald Tump et sa guerre commerciale.
Le contraste est saisissant avec d’un côté une Amérique toujours aux prises avec le coronavirus, toujours inquiète sur le sort de son économie, faute d’un accord de la Maison Blanche pour un deuxième plan de relance. Et de l’autre, une Chine quasi débarrassée de la pandémie apparue en son sein, à Wuhan, le seul pays au monde en mesure d’afficher cette année une croissance positive : +1,9% selon le FMI tandis que l’économie américaine devrait se contracter de plus de 4%, l’Europe de plus de 8%. Légèrement inférieurs aux attentes des experts, les chiffres publiés ce lundi matin confirme la dynamique de l’économie chinoise : la production industrielle vrombit, +6,9%, et la consommation continue à se redresser, à +3,3%. À ce rythme, la Chine va fortement augmenter son poids dans l’économie mondiale dans les prochaines années, certes parce que le reste du monde rétrécit mais aussi parce qu’elle accélère son expansion.
La Chine devenue le moteur de la reprise mondiale ?
Au moment où la consommation chute à peu près partout, le marché chinois est devenu soudain un refuge, une réserve inespérée de croissance. C’est vrai pour les géants français du luxe, pour les constructeurs automobiles allemands et pour beaucoup d’entreprises américaines. Les ventes de Tesla, Apple ou encore Nike ont repassé en positif en Chine dès le printemps, ce qui compense partiellement les pertes essuyées ailleurs. Les producteurs de matière première se réjouissent aussi de l’appétit retrouvé de l’ogre asiatique. Et la Chine voit son rôle d’atelier du monde consolidé par la pandémie. En septembre, ses exportations ont fortement augmenté, atteignant un niveau historique. L’appareil industriel chinois répond à la demande des pays qui tournent au ralenti à cause de la pandémie. D’après le FMI, sans la Chine, la croissance des années 2020-2021 resterait négative. Sa contribution sera de 51%, celle des États-Unis de 3% à cette reprise, voire beaucoup moins si la deuxième vague de Covid-19 escamote la reprise de leur économie.
La Chine en pleine montée en puissance ?
C’est l’effet immédiat de ce grand écart entre les trajectoires chinoises et américaines. Malgré les déclamations des occidentaux qui veulent relocaliser leurs industries, la Chine ces derniers mois a renforcé son poids dans les chaines de valeur globale. Mais cette surreprésentation chinoise dans le commerce mondial n’est pas forcément un objectif recherché à Pékin. C’est plutôt un pis-aller. Le gouvernement a fortement subventionné son industrie pour éviter les faillites et le chômage, mais la demande interne n’a pas suivi, on le voit bien encore ce mois-ci dans le décalage persistant entre le rebond de la production industrielle et celui de la consommation, deux fois moins important, une consommation qui ne s’est réveillée que depuis le mois d’août.
L’export permet d’éponger les surplus
Mais pour être durable, la croissance chinoise doit s’appuyer davantage sur la demande interne. Et donc fournir travail et revenus au plus grand nombre, notamment aux migrants des campagnes appauvris par le chômage qui n’apparaissent pas dans les statistiques officielles. La Chine par ailleurs continue d’avoir besoin du reste du monde, pour les technologies, les services qu’elle ne maîtrise pas encore. Le découplage, le divorce des économies occidentales et chinoises n’est pas du tout dans son intérêt. Cela ralentirait fortement sa marche en avant.
EN BREF
La Chine encore avec le retrait du distributeur Auchan
Alors qu’il est présent dans ce pays depuis 20 ans, le champion français des grandes surfaces jette l’éponge et revend toutes ses activités à Alibaba, soit près de 500 hypermarchés. Avec les trois milliards d’euros récoltés il veut conforter son redressement, ses comptes sont toujours dans le rouge.
RFI