Dans une interview exclusive qu’elle nous a accordée, la directrice de l’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser) revient sur les missions et les perspectives de sa structure. Diadji Sacko se prononce également sur les relations de l’Anaser avec d’autres services impliqués dans la lutte contre l’insécurité routière au Mali.
Le Prétoire : Pourquoi une structure dédiée à la sécurité routière et quelles sont ses missions ?
Diadji Sacko : L’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser) est un établissement public à caractère administratif créé par l’Ordonnance n°09-003/P-RM du 9 février 2009 ratifiée par la Loi n°09-006 du 5 juin 2009.
L’Anaser a pour mission de promouvoir et renforcer la sécurité routière et de contribuer à l’amélioration des conditions d’exploitation du réseau routier. A ce titre, elle est chargée: de participer à la définition des règles en matière de circulation et de sécurité routière et veiller à en assurer le respect ; de veiller au maintien des véhicules routiers en bon état technique ; de contribuer à l’application des normes d’exploitation des véhicules routiers ; de contribuer à l’exploitation optimale et sécurisante des voies routières ouvertes à la circulation publique ; d’entreprendre toutes études nécessaires à l’amélioration de la sécurité routière ; d’entreprendre toutes actions de formation, d’information, de communication et de sensibilisation des usagers de la route ; de gérer la banque des données de la sécurité routière.
Depuis votre arrivée à l’Anaser, on a constaté que vous avez privilégié le terrain, qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ?
La proximité avec les usagers de la route nous permet de communiquer directement avec eux, de comprendre leurs préoccupations et d’en tirer les enseignements.
Ainsi, à chaque veille de fête, l’Anaser mobilise ses agents sur le terrain pour les actions de sensibilisation et de contrôle en rase campagne avec la Gendarmerie ; et dans le district de Bamako, avec la Police. Deux conventions de partenariat pour le dernier semestre ont été signées avec ces deux corps considérés comme les partenaires naturels de l’Anaser dans la lutte contre l’insécurité routière.
Après les campagnes de sensibilisation en rase campagne avec la Gendarmerie, nous venons juste de débuter une série de contrôles routiers dans le district de Bamako avec la Compagnie de la circulation routière (CCR). Cette campagne va se poursuivre au-delà de la ville de Bamako, singulièrement au niveau des antennes régionales de l’Anaser.
L’hivernage qui tire vers sa fin a été l’occasion de mener des activités sur le terrain avec le déploiement des équipes sur le terrain pour sensibiliser directement les usagers de la route le long des axes routiers. Ces opérations se sont déroulées avec l’accompagnement de la Gendarmerie. Ensuite, les mass media ont été mis à contribution pour sensibiliser les populations à l’observation des règles de prudence quand il pleut. La portée de ces moyens est telle que les populations, même les plus reculées, ont pu être sensibilisées.
Nous allons également sensibiliser à l’occasion de la rentrée des classes. Il s’agit d’accompagner les enfants à mieux se comporter sur le chemin de l’école. Mieux, on envisage d’instituer l’éducation à la sécurité routière dans le système éducatif malien. Et pour ce faire, un vaste programme de formation des formateurs vient de se dérouler pendant ce mois d’octobre 2020 au niveau des académies d’enseignement du district de Bamako et des régions de Kayes, Koulikoro Sikasso et Ségou. Il est même prévu le jour de la rentrée des classes une leçon modèle en sécurité routière sur l’ensemble du territoire national.
Comment avez-vous géré la pandémie du Covid-19 ?
Au-delà de sa mission de promouvoir et renforcer la sécurité routière au Mali, l’Anaser joue sa partition dans la lutte contre la propagation du Covid-19.
Dès l’avènement de cette pandémie, nous nous sommes souvent rendus sur le terrain, en compagnie de la Gendarmerie, pour sensibiliser les usagers de la route au respect des mesures barrières. Nous avons même offert des kits sanitaires, des masques de protection, des thermomètres, des flacons de gel hydro-alcoolique et des dépliants aux chauffeurs et leurs passagers.
Dans le district de Bamako, les mêmes opérations ont été effectuées avec la CCR à l’endroit des chauffeurs de Sotrama et leurs passagers et à la Maison de la presse avec les journalistes.
Quelles sont vos relations avec les autres structures ?
L’Anaser n’est pas seule dans sa mission de promouvoir et renforcer la sécurité routière. Nous avons la Police et la Gendarmerie que j’ai toujours considérées comme des partenaires naturels de la lutte contre l’insécurité routière. C’est pourquoi, nous avons signé avec ces deux structures des conventions de partenariat pour les contrôles routiers. Je puis vous dire que ce partenariat se déroule à la satisfaction de toutes les parties.
Nous avons aussi des associations de sécurité routière qui nous accompagnent, car l’Anaser seule ne peut gérer la sécurité routière. Nous nous apprêtons à former les élus locaux que dans certaines localités sur les enjeux de la sécurité routière. Les élus locaux, au premier rang desquels les maires, occupent une place primordiale dans l’amélioration de la sécurité de ceux qui circulent dans leurs communes. Il est de leur responsabilité de veiller au respect du code de la route et de la bonne sensibilisation des usagers de la route dans leurs communes.
Bien sûr, je n’oublie pas les médias. Cette presse écrite et audiovisuelle qui nous appuie tous les jours joue un rôle majeur dans la sensibilisation des usagers de la route. C’est le lieu de les remercier pour l’intérêt qu’ils accordent à la sécurité routière et en même temps solliciter leur accompagnement afin de juguler l’insécurité routière devenue un problème de santé publique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les perspectives de l’Anaser ?
Notre vision pour I’Anaser, c’est de réduire sensiblement le nombre d’accidents sur la route et par ricochet, le nombre de tués. L’accent sera mis sur les campagnes de proximité et les contrôles routiers. Et pour ce faire, tous les accompagnements seront les bienvenus parce que la sécurité routière est un sujet passionnant et concerne tout le monde. C’est donc par une synergie d’idées et d’efforts qu’on va arriver à bout du fléau qui a, hélas, trop endeuillé nos familles.
La Semaine nationale de la sécurité routière qui est aussi un évènement de la sensibilisation en sécurité routière aura lieu cette année, courant novembre 2020. La promotion du port du casque de protection sera placée au cœur de cette campagne qui envisage d’impliquer les associations et groupements de jeunes.
La Journée mondiale du souvenir des victimes d’accidents de la circulation routière, en hommage aux victimes des accidents de la-route et à leurs familles, sera célébrée le troisième dimanche de novembre 2020. Cette journée est couplée à la Journée africaine de la sécurité routière. Plusieurs activités sont prévues à l’endroit des victimes et de leurs proches.
Comme vous le remarquez, nous allons continuer sur le registre de la sensibilisation jusqu’en fin d’année.
Les activités de sensibilisation à l’occasion des fêtes de fin d’année vont concerner la plupart des sensibilités socioprofessionnelles, singulièrement la couche juvénile qui est la plus exposée au fléau. « La nuit sans accident » que nous avons célébrée en 2019 avec la participation de trois membres du Gouvernement, une grande première, et du Conseil National de la Jeunesse et plusieurs associations de jeunesses, sera l’évènement phare de la Saint Sylvestre.
Un message pour les usagers de la route ?
Je remercie le journal « Le Prétoire » pour cette opportunité qu’il nous offre pour parler de la promotion de la sécurité routière à laquelle tient nos plus hautes autorités. Je lance aussi un appel à l’endroit des usagers de la route pour plus de prudence et de courtoisie dans la circulation routière.
Propos recueillis par Birama FALL
Le Prétoire