Dans cette interview, le gardien de but international, transféré en 2015 au TP Mazembe, aborde plusieurs sujets : sa situation chez les Corbeaux, ses ambitions pour le club et la sélection nationale, le stage des Aigles en Turquie et la double confrontation à venir entre le Mali et la Namibie, au compte des 3è et 4è journées des éliminatoires de la CAN, Cameroun 2021
L’Essor : Le championnat de la RD Congo a débuté il y a quelques semaines. Comme lors des précédentes éditions, les observateurs s’attendent encore à un duel entre votre club, le TP Mazembe, et le Vita club. Dites-nous, que représentent pour les Congolais les duels entre ces deux clubs ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Effectivement, le championnat a démarré il y a quelques semaines. Le TP Mazembe a joué trois matches, mais certains clubs en ont joué quatre. Nous avons déjà joué contre le Vita club (la semaine dernière, ndlr) et la rencontre s’est soldée par un 0-0. Le TP Mazembe et l’AS Vita club sont les deux clubs phares de la RD Congo et à chaque fois que les équipes s’affrontent, c’est toute la RD Congo qui se met en ébullition.
Les confrontations entre le TP Mazembé et l’AS Vita club passionnent toujours les Congolais. Lors de ces classico à la congolaise, les supporters viennent en grand nombre au stade pour donner de la voix aux joueurs des deux camps. En général, les gradins affichent complet, trois, voire quatre heures avant le coup d’envoi du match. Depuis plusieurs années, le titre de champion de la RD Congo se jouent entre les deux équipes et l’exercice 2020-2021 ne devrait pas faire exception à la règle. En tout cas, il est difficile pour les Congolais d’imaginer une autre équipe remporter le titre suprême devant le TP Mazembe et l’AS Vita club.
L’Essor : Vous êtes en RD Congo depuis 2015, mais vous n’êtes toujours pas titulaire. Comment expliquez-vous cette situation qui semble s’éterniser ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Les journalistes me posent cette question après chaque match. Je suis arrivé au Mazembe le 19 février 2015. à l’époque, c’est l’international congolais, Robert Kidiaba qui gardait la cage du club. Les dirigeants du club m’ont expliqué que j’étais trop jeune et qu’il fallait que j’apprenne aux côtés de Kidiaba pendant un certain temps. Kidiaba est une légende en RD Congo et j’ai beaucoup appris à ses côtés.
Il m’a encadré au club, c’est quelqu’un qui est formidable et qui s’entend avec tout le monde. Après Kidiaba, Sylvain Gbohouo, le gardien de but des éléphants de Côte d’Ivoire, fraîchement sacré champion d’Afrique est arrivé. Dans son contrat, Sylvain Gbohouo avait exigé d’être titulaire, ce qu’a accepté la direction du TP Mazembe. Voilà pourquoi j’ai passé tout ce temps sur le banc, avec le statut de deuxième gardien, Maintenant, les choses commencent à bouger dans le bon sens. Le contrat de Sylvain Gbohouo se termine cette année et je compte bien en profiter pour prendre sa place. Je suis optimiste pour la suite des événements.
L’Essor : Lors de la saison 2015-2016, vous avez été prêté à Don Bosco par le TP Mazembe. Que s’est-il passé après, pourquoi vous avez quitté cette équipe pour revenir chez les Corbeaux ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Oui c’est vrai, j’ai été prêté à Don Bosco par mon club mais c’était juste pour avoir du temps de jeu et pour me permettre de m’adapter au championnat congolais. J’ai fait une belle saison avec Don Bosco et je dis merci à tous les dirigeants du club, sans oublier mes anciens partenaires qui ont facilité mon intégration. Mon passage à Don Bosco m’a ouvert beaucoup de portes. J’ai pu amener cette équipe à la Coupe CAF et nous avons terminé à la 3è place du championnat. J’ai aussi été finaliste malheureux de la Coupe de la RD Congo et j’ai remporté le trophée de meilleur gardien de la compétition. C’est justement parce que ma saison a été bonne que le TP Mazembe m’a fait revenir au club.
L’Essor : Quelle est aujourd’hui votre situation contractuelle avec les Corbeaux ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Je viens juste de prolonger mon contrat de deux ans. Dieu merci, tout se passe bien, bien que je n’ai pas beaucoup de temps de jeu. Le président du club, Moïse Katumbi est content de mon travail, tout comme l’entraîneur Dragan Cvetković. C’est le lieu pour moi de les remercier pour leur aide et soutien. Au TP Mazembe, nous sommes une grande famille, une famille solidaire.
L’Essor : Beaucoup de joueurs maliens ont porté les couleurs du TP Mazembe, dont Salif Coulibaly, Ousmane Cissé, Cheïbane Traoré et Adama Traoré «Malouda». Aujourd’hui, vous êtes avec le jeune Fily Traoré qui a été transféré au club l’année dernière. Selon vous qu’est-ce qui sous-tend l’intérêt des footballeurs maliens pour les Corbeaux ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Le TP Mazembe fait partie des meilleurs clubs d’Afrique, une équipe où il fait bon vivre. Ici, il y a beaucoup de chaleur humaine et les joueurs sont traités comme des professionnels. Ils travaillent dans de bonnes conditions et sont bien payés. Le président du club, Moïse Katumbi, est un homme très ambitieux qui ne ménage aucun effort pour la réussite de son équipe. Aujourd’hui, je suis avec mon jeune frère Fily Traoré qui est arrivé l’année dernière. Ici, nous faisons tout ensemble et je suis content d’avoir un frère avec moi au club. J’espère que Fily pourra réaliser de belles choses sous le maillot des Corbeaux.
L’Essor : Vous avez été convoqué par le sélectionneur national Mohamed Magassouba pour le dernier stage des Aigles en Turquie, mais vous n’avez pas joué. Quelles en sont les raisons ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Tout d’abord, je remercie le sélectionneur Mohamed Magassouba de m’avoir convoqué pour le stage d’Antalya. Je n’ai pas joué, tout simplement parce que je suis arrivé en Turquie en retard, à cause d’un problème de visa. C’est avec le cœur serré que j’ai regardé à la télé le match des Aigles contre le Ghana (3-0). C’est après le match contre la sélection ghanéenne que j’ai pu avoir mon visa pour Antalya. à mon arrivée, j’ai appris que quatre de nos joueurs ont été testés positifs à la maladie du coronavirus. Et 48h avant le second match contre l’Iran, deux autres joueurs ont été testés positifs à la Covid-19, entraînant l’annulation pure et simple du match.
L’Essor : Quelle était l’ambiance au sein du groupe, après le test positif à la Covid-19 de plusieurs de vos coéquipiers ? Comment avez-vécu cette situation ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Après le test positif à la Covid-19, l’ambiance était glaciale. Nous étions tous choqués par ce qui est arrivé à nos coéquipiers. Nous étions tous de cœur avec eux et nous prenions chaque jour leur nouvelle avec le médecin de l’équipe. En toute honnêteté, j’ai très mal vécu cette situation, j’étais prêt pour le deuxième match, malheureusement, il a été annulé. Comme le dit l’adage : «l’homme propose, Dieu dispose». Nous allons continuer à travailler afin d’être au top avant la double confrontation avec la Namibie en novembre.
L’Essor : Justement, les deux matches contre la sélection namibienne sont prévus les 13 et 17 novembre à Bamako pour la manche aller et à Windhoek pour le deuxième acte. Comment voyez-vous ces deux matches ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Je m’attends à des rencontres difficiles, il ne faut surtout pas minimiser la Namibie. à ce niveau, tous les adversaires méritent d’être respectés et nous devons prendre les Namibiens très au sérieux et bien préparer les deux matches. On peut se qualifier à l’issue de cette double confrontation, c’est donc à nous de donner le meilleur de nous-mêmes sur le terrain pour avoir les six points.
L’Essor : Le Mali a été l’une des attractions de la dernière CAN, en égypte, mais l’équipe a été éliminée dès les huitièmes de finale par la Côte d’Ivoire. Selon vous, qu’est-ce qui manque encore aux Aigles qui sont toujours attendus, mais qu’on ne voit jamais à l’arrivée ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Pour moi, la sélection nationale manque simplement d’expérience, c’est ça qui nous a coûtés l’élimination lors de la dernière CAN. Tout le monde a vu que le Mali était au-dessus de la Côte d’Ivoire dans le jeu, on a dominé les éléphants de la tête et des épaules, mais les Ivoiriens sont plus expérimentés et ont fait parler leur expérience. On remarque également qu’au sein des sélections maliennes, il y a toujours des problèmes d’organisation.
À ce niveau aussi, des efforts doivent être faits par la Fédération malienne de football (Femafoot) qui a en charge la gestion technique des équipes nationales. Cela est d’autant plus important qu’à chaque regroupement ou veille de matches, des problèmes viennent perturber la concentration des joueurs. À ce niveau, il y a des choses à revoir parce que toutes les sélections en souffrent..
L’Essor : Quel est aujourd’hui le plus grand rêve de Bosso Mounkoro ?
Ibrahim Bosso Mounkoro : Mon plus grand rêve est de remporter une Coupe d’Afrique des nations avec le Mali et participer à la Coupe du monde avant la fin de ma carrière. Concernant le TP Mazembe, je rêve aussi de remporter beaucoup de trophées avec l’équipe, surtout la Ligue des champions d’Afrique. Je pense que les Corbeaux, le président Katumbi et les supporters de l’équipe le méritent. Pour terminer, mes salutations aux supporters maliens qui continuent de me supporter malgré la distance. Un grand remerciement à mon ancien club le Stade malien, sans oublier les joueurs du club.
Interview réalisée par
Djènèba BAGAYOKO
Source : L’ESSOR