L’Essor : Le coordinateur général du Stade malien, Cheick Diallo a justifié votre départ du club par le fait que vous êtes fonctionnaire de l’état et qu’à ce titre vous n’avez pas suffisamment de temps pour diriger une équipe. Qu’en dites-vous ?
Djibril Dramé : Je voudrai d’abord remercier le Quotidien national L’Essor de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer après les propos tenus par le coordinateur général du Stade malien sur mon départ de l’équipe. Un adage dit «dans la vie l’homme n’est pas ce qu’il a mais ce qu’il est». Quand on est responsable d’une structure, on doit toujours prendre ses responsabilités.
Aussi, quand un dirigeant prend une décision de ce genre, il doit avoir le courage de la dire lui-même à l’intéressé. Pour répondre à votre question, je dois dire qu’il y’ a un problème entre moi et l’actuel coordinateur général du Stade malien, à savoir Cheick Diallo. Je suis victime d’un vieux contentieux entre ce Monsieur et mon ancien professeur, feu Mamadou Keïta «Capi», paix à son âme. De son vivant, Capi me disait toujours ceci : «Écoutes, toi tu as une capacité d’écoute extraordinaire, tu peux faire tâche d’huile au Stade malien».
Jusqu’à sa mort en 2009, Capi s’est toujours battu pour que je devienne l’entraîneur du Stade malien. En 2009, après le décès de Capi, les responsables du Stade malien sont venus me chercher pour être l’entraîneur du club. Le Stade malien était alors au bord de la crise, il était 13è du championnat sur 14 équipes. Je me rappelle encore, lors des négociations, Cheick Diallo a dit que j’étais trop jeune pour un grand club comme le Stade malien. Autrement dit, il ne voulait pas de moi. Le conflit avec Cheick Diallo ne date donc pas d’aujourd’hui, c’est un vieux contentieux.
Quand l’ancien bureau du Stade malien m’a contacté pour diriger l’équipe, mes interlocuteurs ont dit qu’ils me considéraient comme un Stadiste, donc un enfant de la famille. Quand Cheick Diallo dit que je suis fonctionnaire de l’état et que je n’ai pas suffisamment de temps pour diriger une équipe professionnelle, il oublie certainement que les Aly Dienta, Mamadou Keïta «Capi», Kidian Diallo, Fanyeri Diarra pour ne citer que ces noms sont tous des fonctionnaires qui ont dirigé des clubs et obtenu des résultats.
L’Essor : Cheick Diallo a également révélé qu’il n’y avait pas de contrat entre vous et le club. Est-ce vrai et comment vous étiez payés ?
Djibril Dramé : Oui, il a raison de dire que je n’ai pas un contrat avec le Stade malien. Ce qu’il n’a pas dit, c’est que j’ai accepté de prendre le Stade malien par amour pour le club. Mon histoire avec le Stade malien date de 1976, j’étais très jeune à l’époque, mais cela ne m’empêchait pas de venir au Lycée technique où se tenaient les réunions du club pour rencontrer et parler avec les dirigeants. J’ai toujours été stadiste et c’est pour cette raison que je n’ai pas demandé de prime de signature, ni de prime d’objectif. Pourtant, les dirigeants du club m’avaient fait des propositions de primes.
Contrairement à ce qu’a dit Cheick Diallo, j’avais bien un bulletin de salaire, je suis surpris, voire indigné d’entendre le coordinateur général du Stade malien tenir de tels propos. J’étais payé à chaque fin du mois et je signais mon bulletin de salaire.
Un jour, Cheick Diallo m’a dit après la séance d’entraînement : «coach tu fais du bon boulot, tu as de bon éléments, sauf miracle, tu seras champion du Mali. En tout cas, ta méthode de travail m’a beaucoup séduit. Dès à présent, on doit commencer à préparer la nouvelle saison». Quelques semaines plus tard, il m’a appelé dans son bureau pour me faire des propositions étranges qui n’avaient rien à voir avec le projet du club. J’ai catégoriquement rejeté ces propositions et depuis, nos relations se sont dégradées. Par la suite, j’ai compris qu’il y avait derrière tout ça un autre responsable du Stade malien, qui téléguide Cheick Diallo. Il est très puissant au sein du club et malheureusement, il risque de détruire ce grand club qu’est le Stade malien.
L’Essor : Est-ce que la direction du Stade malien vous a informé, avant d’annoncer votre remplacement par le Nigérian Augustine Owen Eguavoen ? Est-ce que vous êtes déçus de ce limogeage qui ne dit pas son nom ?
Djibril Dramé : La direction ne m’a rien dit concernant mon remplacement par un autre entraîneur. Le coordinateur général Cheick Diallo a pris sa décision et je souhaite vivement que le nouvel entraîneur qui arrive, puisse amener le Stade malien à un bon niveau, à la place que l’équipe mérite. Je rappelle simplement qu’après la campagne de 2019 (victoire du Stade malien en coupe CAF sous la houlette de Djibril Dramé, ndlr), il y a pleins d’entraîneurs dont certains ont empoché 18 millions de F cfa, ont été véhiculés et logés, mais je n’ai jamais exigé quelque chose au Stade malien.
Mais cette fois, j’exige que le coordinateur général Cheick Diallo paye mes deux mois d’arriérés de salaire, avant l’arrivée du nouvel entraîneur. Il s’agit des salaires de mars et d’avril que le club me doit. Un autre adage bien connu au Mali dit qu’on n’est pas homme par la taille, mais par d’esprit et par les actes qu’on pose au quotidien. Je ne suis pas déçu de ce limogeage et je le répète à qui veut l’entendre, quoi qu’il advienne, Djibril Dramé restera toujours stadiste
L’Essor : La mission assignée à Eguavoen est la qualification à la phase de poules de la Ligue des champions d’Afrique. Pensez-vous que l’arrivée de l’ancien international nigérian va permettre aux Blancs de franchir enfin ce cap jusque-là inaccessible pour les équipes maliennes ?
Djibril Dramé : En tant que stadiste, je souhaite simplement bonne chance au nouvel entraîneur. S’il parvient à amener le Stade malien au sommet, je serai très content. Je souhaite vivement que la venue d’Augustine soit une réussite pour le Stade malien. Je rappelle juste que l’adjoint d’Augustine, Emmanuel Umoh est un joueur que j’ai encadré au Stade malien.
L’Essor : Vous êtes désormais un entraîneur libre, que comptez-vous faire dans les jours ou semaines à venir ? Avez-vous déjà été contacté par des clubs de la place ? Quelle sera votre prochaine destination ?
Djibril Dramé : Je ne connais rien d’autre que le métier d’entraîneur. Je continuerai à le faire si Dieu me donne la force. Oui, j’ai été sollicité par beaucoup de clubs, j’ai fait savoir à ces équipes de patienter et de me donner le temps de réfléchir.
Propos recueillie par
Djènèba BAGAYOKO
Source : L’ESSOR