Depuis le 15 septembre (date fixée par la Cédéao) qu’elle a, officiellement, démarré, que peut-on retenir de la transition malienne ? Que font ses principaux animateurs ? Ses premiers pas permettent-ils d’espérer et d’aspirer à un changement dans les prochains mois ? Sommes-nous en route pour le Mali-Koura tant souhaité et clamé ? Autant de questions que se posent les Maliens.
Nombreux sont les Maliens qui ont salué, au lendemain du coup d’Etat, le départ d’IBK. Tous ont salué les efforts du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques) et l’irruption-parachèvement des militaires.
Aujourd’hui, force est de reconnaître malheureusement que le rang des optimistes au sujet des capacités des autorités actuelles à mener à bien cette transition se grossit, chaque jour, un peu plus.
En effet, plus sont mises en place les institutions de cette période, plus les uns et les autres désespèrent de l’installation du Mali-Koura et ont l’impression que les militaires s’accrochent, un peu plus, au pouvoir.
D’abord, quand il s’est agi de choisir le président de la Transition, quand les Maliens s’attendaient à un civil (comme l’exigeait la Cédéao à travers sa conférence des chefs d’Etat et de gouvernement), la junte a sorti et imposé sa seule et unique carte : le Colonel à la retraite Bah N’Daw. Un militaire en réalité et très proche de la junte. Un ami au père de Assimi Goïta auquel il obéit au doigt et à l’œil.
Quand vous sortez quelqu’un du champ et vous le mettez à la tête d’un pays tout entier, avec tous les avantages et privilèges que cela comporte, il vous désobéit difficilement, fût-il un Bah N’Daw, grand démissionnaire de son état. Nous assistons à cela, présentement au Mali, où le véritable président de la Transition n’est autre que le colonel Assimi Goïta et non l’ancien aide de camp de feu le Général Moussa Traoré, qui ne fait que de la figuration et ne décide de rien.
Pour ce qui concerne le Premier ministre, Moctar Ouane, pourrait-il faire mieux que son patron de président ? Pourrait-il, un seul instant, essayer de ne pas faire ce que les militaires lui demandent ? Permettez-nous d’en douter. Surtout pas lui qui n’est même pas un interlocuteur direct à eux. Certains disent qu’il n’est que le premier des ministres et non le véritable chef de gouvernement qu’il devrait être.
Les méchantes langues disent qu’il est prêt à se contenter de cette position et qu’il n’a même pas le choix. Les observateurs pensent, d’ailleurs, que, déjà, lors des discussions pour la mise en place du gouvernement, il a été obligé de s’asseoir sur sa dignité et avaler sa fierté et son orgueil.
Quasiment toutes ses propositions ont été purement et simplement rejetées, sans aucun ménagement. Il n’a eu droit qu’à sa portion la plus congrue des futurs ministres. Nombreux ministres sachant qu’ils ne lui doivent pas leur nomination, et pire, qu’il leur avait préféré d’autres, vont difficilement le respecter.
Plus que le président de la Transition Bah N’Daw et son Premier ministre, c’est la composition du gouvernement qui a suscité une réelle déception chez nos compatriotes. Des ministres empêtrés dans des affaires judiciaires, des ministres stagiaires, des ministres chômeurs, des ministres sans niveau, il y en a du tout et ils pourront difficilement remettre le pays en selle et le refonder.
La preuve, depuis qu’ils sont là, rien que des prises de contact avec les services relevant de leur département. Est-ce ce dont le pays a besoin en ce moment ? Beaucoup d’observateurs pensent que non et avancent les priorités telles que la sécurité, la défense, la réconciliation et certaines grandes réformes.
Mohamed Ag Aliou
Nouvelle Libération