Pour la refondation du Mali, la traque de la corruption sous toutes ses formes est incontournable. Dès lors, cette refondation doit passer par un traitement patriotique de questions d’intérêt national comme l’affaire des partants «volontaires» à la retraite, de la faillite de la Banque de l’habitat du Mali (BHM), de la faillite et de la liquidation du chemin de fer du Mali, de l’affaire de l’avion présidentiel d’IBK, les marchés d’exploitation de nos ressources minières et énergétiques, les marchés de gré à gré, etc.
«Quand tu es félicité par les colons, c’est que tu es mauvais pour ton peuple. Quand ils disent que tu es mauvais, c’est que tu es bon pour ton peuple. Le jour où ils diront que je suis bon, c’est que je vous ai trahi.» (Sékou Touré).
Il n’est plus un secret pour personne que la grosse plaie qui ronge le Mali depuis la chute du régime nationaliste de Modibo Keïta est bien celle de la corruption et de la délinquance financière. Si pour le régime de Moussa Traoré la fatidique sentence de mort frappait tout individu se rendant coupable d’un détournement de dix millions de F CFA, avec les démocrates des milliards sont détournés par des femmes et des hommes sans s’inquiéter outre mesure.
Pour la petite histoire, les Maliens ont lu dans les colonnes de certains journaux que vingt et un (21) milliardaires maliens (dont 15 hauts fonctionnaires) se sont constitués aux dépens des contribuables maliens sous le régime de Alpha Oumar Konaré. En tout cas, à l’occasion de son deuxième mandat à la tête du Mali, le président Konaré a bien dit qu’il ne veut plus entendre que des maires se sont rendus coupables de spéculations foncières. Mais il n’a pas demandé des comptes à tous ceux de ces élus qui se sont, pendant son premier mandat, livrés à la vente des terres. Comme pour dire que sous Alpha, l’audit de la nation ne pouvait avoir lieu.
Avec Amadou Toumani Touré (ATT), les milliardaires étaient estimés à plus de quarante et un (41). Là aussi, pas le moindre propos pour traduire dans les faits cette vive aspiration de notre peuple à la traque de la délinquance financière et de la corruption. La tendance de ATT était de ne pas faire honte à quelqu’un. Cherchez à savoir le contenu d’un tel penchant ! ATT a été chassé du pouvoir par de jeunes militaires patriotes commandés par le capitaine Amadou Haya Sanogo (aujourd’hui général). Hélas ! L’inexpérience et la méconnaissance des politiciens maliens et des chefs religieux ont détourné Sanogo de son devoir patriotique: celui de procéder au toilettage de tous les secteurs de la vie nationale.
La suite est connue: les valses politico- religieuses entre Bamako et Kati ont eu raison de l’homme qui était mieux placé pour mener la traque de la corruption et de la délinquance financière. La transition illégitime de Dioncounda Traoré a préparé le terrain pour que le président qui en sortira marche sur les traces des régimes déchus.
L’on comprend donc que l’espoir suscité en notre peuple par l’élection d’IBK ne pouvait que foirer malgré les slogans de campagne de ce dernier. Entre autres, Ibrahim Boubacar Kéita disait: «Le Mali d’abord !», «Pour l’honneur du Mali !» Ces slogans ne pouvaient pas ne pas rester lettres mortes quand on sait que c’est un autre bourgeois qui avait accédé à la magistrature suprême, sans oublier que depuis la fin de la deuxième République, ce sont les mêmes gens qui se relèvent aux différentes instances de la gestion des affaires du pays. Le dénominateur commun de ces gouvernants de la troisième République c’est qu’ils viennent tous (ou presque) de l’ADEMA- PASJ (quelques soient les démembrements qui en sont sortis).
La mauvaise gouvernance a atteint son paroxysme avec IBK. Cette mauvaise gouvernance avait fini par lui coûter le fauteuil présidentiel. À la faveur de l’intervention de soldats patriotiques dans le conflit qui opposait IBK à une partie du peuple travailleur du Mali, l’espoir renaît en ce peuple qui continue à souffrir de la corruption et de la délinquance financière avec comme essence fondamentale les détournements de deniers publics, la gabegie, la surfacturation, les marchés de gré à gré, la très mauvaise gestion de la crise du Nord par Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Kéita.
Les militaires qui sont à l’origine du retour de l’espoir en nos masses travailleuses doivent se rendre à l’évidence que le coup de force qu’ils ont réussi contre IBK est la suite logique de l’échec de la troisième République et en particulier d’Ibrahim Boubacar Keïta. Ils doivent s’assurer que lorsqu’ils se mettent sans ambigüité du côté des masses travailleuses, ils auront choisi de servir le Mali contre la bamboula instaurée en mode de vie par les démocrates véreux dans notre pays.
Pour ce faire, ils auront opté pour le devoir. José Marti avait dit avec juste raison: «L’homme véritable ne se demande pas de quel côté on vit mieux, mais de quel côté est le devoir ; et le seul homme pratique est celui dont le rêve d’aujourd’hui sera la loi de demain, car celui qui aura contemplé les entrailles universelles et vu brûler les peuples, dans le creuset des siècles, sait que l’avenir est, sans une seule exception, du côté du devoir.»
Dans la vie, la seule peur d’un patriote doit être d’avoir peur. Dieu est toujours du côté des hommes dévoués pour les causes justes, celles des masses qui vivent de la sueur de leur front. Ce que le peuple malien attend de cette transition, c’est la lutte implacable et sans merci contre tous les déprédateurs (sans distinction aucune) du tissu économique national. Les hommes en charge de la transition doivent poser des actes patriotiques sans s’occuper de ce que les ennemis de notre peuple vont dire (où qu’ils soient tapis dans les rouages de la politique politicienne sangsue de ce peuple).
La France et ses valets afro-maliens ne peuvent féliciter des hommes qui ont choisi de défendre les intérêts fondamentaux de notre peuple. Les hommes choisis pour gérer la transition, s’ils ne veulent pas décevoir la masse écrasante des Maliens qui endurent dans leur chair et dans leur conscience les affres de la gestion démocratiste de nos affaires, doivent assimiler ces conseils précieux du leader charismatique de la République de Guinée Conakry en la personne de Sékou Touré. Il disait: «Quand tu es félicité par les colons, c’est que tu es mauvais pour ton peuple. Quand ils disent que tu es mauvais, c’est que tu es bon pour ton peuple. Le jour où ils diront que je suis bon, c’est que je vous ai trahi.»
Pour la refondation du Mali, la traque de la corruption sous toutes ses formes est incontournable. Dès lors, cette refondation doit s’appuyer sur un traitement patriotique de questions d’intérêt national comme l’affaire des partants «volontaires» à la retraite, de la faillite de la Banque de l’habitat du Mali (BHM), de la faillite et de la liquidation du chemin de fer du Mali, de l’affaire de l’avion présidentiel d’IBK, les marchés d’exploitation de nos ressources minières et énergétiques, les marchés de gré à gré, la sape de notre armée qui imposait le respect du Mali, etc.
Les gouvernants de la troisième République doivent s’expliquer sur la faillite de notre État, sur la décadence de notre système éducatif et de santé. Face à ce devoir patriotique, aucun sacrifice ne sera de trop. Pour ainsi dire, pour servir autrement notre peuple, la transition ne doit pas se laisser distraire un seul instant par les politiciens affairistes qui ont mis ce pays à genou. À ce seul prix, les membres de cette transition sortiront la tête haute par la grande porte de l’histoire des nations et des peuples. À ce seul prix, le coup d’État contre Ibrahim Boubacar Kéita aura servi notre peuple travailleur. À ce seul prix, on pourra dire adieu aux discours creux de ‘‘démocrates’’ affairistes.
Vivement une nouvelle race de politiciens prêts à servir sans calcul les masses travailleuses du Mali ! Pour un Mali débarrassé à jamais de l’impérialisme français et de ses représentants afro-maliens. Ceux qui ont bouffé doivent payer !
Vivement le Mali aux masses travailleuses du Mali: il faut l’audit de la nation.
Fodé KEITA
Inter De Bamako