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Filières scientifiques, l’éternelle bête noire à l’école

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Les séries scientifiques sont la bête noire à l’école au Mali. Elles n’attirent pas assez de monde. C’est ce triste constat qui ressort de statistiques.

Après le second cycle, les élèves rejoignent le lycée. Ils sont invités à opérer des choix de filières qu’ils intégreront jusqu’à la fin de leur cursus à l’université. C’est bien à ce niveau que bon nombre d’élèves procèdent à des mauvais choix de carrière, sans le savoir.

Entre les séries sciences humaines (philosophie, sociologie, lettres) et sciences exactes/expérimentales (mathématiques, biologie, etc.), les choix sont vite faits pour de nombreux élèves. Les premières attirent le plus grand nombre d’entre eux. C’est ce qu’indiquent des renseignements statistiques obtenus auprès du ministère de l’Éducation nationale. Les statistiques indiquent que  les séries sciences exactes et expérimentales sont considérablement moins fréquentées que les lettres et sciences sociales et économiques.

Problème d’orientation

Les statistiques de 2014-2015 indiquent que sur un total de 130 374 élèves répartis entre les différentes classes de 11è et terminale, le total des élèves fréquentant les séries sciences humaines, économiques et lettres était de 105192, soit 81% de l’effectif sus-indiqué (40% de filles) contre 25182 (19%) dont 37% de filles, qui fréquentaient les séries sciences exactes et expérimentales.

Le choix pour les séries lettres ou sciences sociales s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, il existe un problème d’information pour l’élève au niveau du cycle fondamental, estime Sékou Bagayoko, jeune étudiant bamakois. « Il n’y a pas de structure pour aider l’apprenant à mieux s’orienter. Il est laissé à lui-même, ne connaissant pas les débouchés de ses choix au lycée », affirme-t-il.

L’élève se fait guider par ses amis du même niveau d’études. Les parents qui, soit ne sont pas instruits, soit ne s’intéressent pas au cursus de leurs enfants, sont aux abonnés absents quand arrive le moment d’informer ou d’orienter les enfants. « Au lycée, j’ai d’abord choisi de faire des études de lettres avant de me faire volontairement redoubler pour reprendre l’année suivante en sciences. Mes parents n’ont pas été à l’école. J’ai fini par me faire orienter par mon professeur de mathématiques qui connaissait mes capacités dans les matières scientifiques », témoigne Alassane Cissé, aujourd’hui professeur de mathématiques au lycée.

Mauvaise pratique pédagogique

Beaucoup d’élèves ont du mal à comprendre les chiffres depuis le cycle fondamental. Ce qui explique leur choix pour des filières exigeant moins de calculs. « Cela est dû des fois à la pratique pédagogique de certains enseignants. Ils n’arrivent pas à mieux transmettre leurs connaissances aux élèves qui n’ont pas l’âge de comprendre certaines notions qu’ils veulent crûment enseigner », explique Moctar Fomba, enseignant formé à l’École normale supérieure de Bamako (ENSup). Daouda Maiga, professeur de Mathématiques-Physique et Chimie au second cycle, relevé que les matières scientifiques ne sont pas concrétisées dans nos écoles. Les leçons sont dispensées théoriquement. Un élève qui ne voit pas la réalité de la science sera difficilement attiré par des notions théoriques. « Si on avait des laboratoires dans nos écoles pour démontrer les phénomènes scientifiques en direct aux élèves, la réalité serait toute autre », suggère l’enseignant.

Cependant, ajoute-t-il, les élèves maliens sont également de plus en plus paresseux. Beaucoup d’élèves préfèrent assimiler en entier des leçons plutôt que de consacrer leur temps à s’appliquer dans des exercices au quotidien. « C’est bien pourtant à ce seul prix qu’on peut devenir un bon scientifique », conseille-t-il.

Nécessité de cultiver l’amour des sciences

Il est pourtant nécessaire pour notre système éducatif d’accorder plus d’importance aux filières scientifiques. L’application des sciences pures au quotidien est un atout de développement pour un pays comme le nôtre. Ce sont bien les découvertes scientifiques qui ont permis d’améliorer considérablement notre quotidien.

La médecine moderne, le transport, l’énergie, l’électronique doivent leur essor  aux découvertes scientifiques. Notre pays tient entre ses mains un moyen de développement et d’indépendance économique reconnu. En misant sur les sciences, nous pourrons nous affirmer sur l’espace mondial et quitter le statut de consommateur de produits extérieurs pour celui de producteur qui comptera sur l’échiquier des échanges commerciaux mondiaux.

Nous disposons d’énormes ressources naturelles dans notre pays. Il s’agira pour nous de former des ressources humaines de qualité qui exploiteront ces ressources et en tirer profit pour le développement de notre pays. Durant de longues années, notre système éducatif a produit de nombreux spécialistes en lettres et sciences humaines qui, pour beaucoup jusqu’ici, ne trouvent pas d’emploi.

Source : Benbere

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