Le pouvoir transitoire issu du coup d’Etat du 18 Août qui a renversé le régime oligarchique et ploutocratique d’IBK, semble jeter les bases d’un nouveau Mali, celui de la justice et de l’équité. En tout cas, c’est ce qui ressort du discours d’investiture du Président de la Transition Bah N’Daw, qui dit en substance ne pas être à mesure d’empêcher la corruption qui a pendant longtemps gangrené notre société, mais de mettre fin à l’impunité sous toutes ses formes. Ce faisant la justice doit sévir contre tous les malfrats et délinquants financiers quelque soient leurs rangs. Le cas de l’IOTA est emblématique de la malversation financière à ciel ouvert qui a pignon sur rue en République du Mali sous IBK. Ce fleuron hospitalier qui a fait la fierté de tous les maliens pendant longtemps est en train de mourir de sa belle mort à cause de la gestion patrimoniale, clanique et chaotique de son Directeur général Seydou Bakayoko. Une lettre anonyme adressée à toutes les structures de contrôle et dont nous avons eu copie, donne des détails sur la mauvaise gestion de M. Bakayoko, qui semble faire de ce joyau hospitalier un patrimoine personnel. La justice va-t-elle s’autosaisir du dossier, sachant bien les structures de contrôle ne sont pas efficaces pour enquêter ? Seydou Bakayoko qui a été nommé par l’ancien Ministre Michel Hamalla Sidibé mérite-t-il ce poste ?
Pour rappel, l’Institut d’ophtalmologie tropicale de l’Afrique est un Centre hospitalier universitaire (CHU-IOTA) spécialisé dans les soins des yeux et affilié à l’Université de Bamako, au Mali. Il dessert la population du Mali et de toute l’Afrique de l’ouest où les problèmes oculo-visuels sont beaucoup plus prononcés et virulents que dans les pays industrialisés. C’est aussi un centre d’excellence dans le champ de la formation en ophtalmologie, en optométrie, en soins infirmiers ophtalmologiques et en technique d’optique. Ses missions sont d’offrir aux populations d’Afrique de l’ouest, les soins, la formation et la recherche.
Comment un centre aussi performant et aussi sollicité par les patients ne puisse pas être capable de se prendre en charge en modernisant ses locaux et en mettant le personnel dans des conditions optimales pour un meilleur rendement au grand bonheur des patients ? La réponse est tout simplement parce que le directeur général aurait fait une OPA sur les ressources du centre et il serait aidé dans sa gestion ploutocratique par quelques-uns de la boite. Quelques éléments extraits de la lettre anonyme adressée à l’OCLEI suffisent pour débusquer M. Bakayoko et complices. En effet, quand la pandémie du COVID 19 a fait son apparition au Mali au mois de mars 2020, les sociétés et entreprises d’Etat comme du privé ont connu des difficultés. C’est ainsi que l’Etat, pour soutenir ces structures, a jugé nécessaire de leur venir en aide. L’IOTA aurait eu 40 millions, ces 40 millions qui devraient soulager le personnel ont plutôt fini dans les poches du Directeur et ses zélateurs au grand dam de la majorité du personnel. Ce fonds comme beaucoup d’autres ont été mal gérés d’où la vétusté des machines qui n’ont subi ni entretien encore moins remplacement par d’autres plus modernes depuis l’arrivée de M. Bakayoko à la tête du CHU IOTA.
S’agissant toujours de la gestion calamiteuse du Directeur Général de l’IOTA, selon toujours la lettre anonyme, la situation du COVID 19 s’étant un peu normalisée après plus cinq mois de panique, le Centre a fait au mois de septembre une recette de 50 millions de francs CFA et même les mois qui ont suivi celui de septembre. Notre courrier confidentiel détaille la répartition de ce fonds destiné à prendre en charge le personnel. Ainsi 1 million 500 000 F Cfa pour les primes de garde, trois millions de francs CFA pour les primes de responsabilités, 12 millions pour les bons de carburant.
En soustrayant ces montants ci-dessus cités des 50 millions, il restera 33 millions 500 milles dont nul ne sait où va ce montant, pas en tout cas dans les entretiens des machines, encore moins dans l’amélioration des conditions de vie des travailleurs de l’IOTA, donc tout porte à croire que cet important pactole atterri dans les poches du Directeur général et de ses complices. Toujours dans la lettre anonyme dont nous nous sommes procurés une copie, il est clairement mentionné que le DG de l’IOTA s’est arrogé le droit de donner des marchés gré à gré, sans appel d’offre et cela quel que soit le montant et souvent à des fournisseurs fictifs ou en tout cas un figurant dont la société n’existe que sur le papier. Ce fut le cas du contrat de gaz pour l’oxygénation du bloc opératoire et pour souvent une bouteille de mille litres seulement, le contrat est estimé entre 20 à 30 millions par an, alors même qu’il ne dépasse pas quelques millions.
Dans la lettre confidentielle et anonyme adressée à l’OCLEI aux fins de venir enquêter sur la gestion de Seydou Bakayoko, on évoque également la stratégie du diviser qu’il a mise en place, pour pouvoir régner. Le personnel est divisé entre deux syndicats, l’UNTM et la CSTM. Le premier comité syndical, à savoir l’UNTM serait dans les bonnes grâces du Directeur, ce comité a toujours préféré le suivre, ce qui a amené certains à créer celui de la CSTM. Selon nos investigations le directeur général du CHU IOTA aurait en sa possession des biens mobiliers et immobiliers évalués à des centaines de millions. Il aurait même refusé d’habiter dans la résidence réservée au DG au quartier du Fleuve afin de s’octroyer des primes faramineuses de logement. Que dire du puits à grand diamètre qu’il dit avoir réalisé à la résidence du DG, qui non seulement a été surfacturé, mais aussi et surtout n’a pas été réalisé à l’endroit indiqué.
En somme, la justice est attendue pour aller fouiner dans l’alarmant dossier de l’IOTA. En tout cas si tant est que le Mali Koura dont rêve tout le peuple malien n’est pas une illusion, alors il est temps que des pratiques de ce genre cessent. Que les coupables des malversations soient recherchés et punis conformément à la loi.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept