Dans la nuit de mercredi à jeudi, 19 civils ont été tués lors d’une attaque des rebelles des forces démocratiques (ADF) dans un village de la localité de Mamove, situé à une vingtaine de kilomètres de la cité d’Oicha dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). La population doute de plus en plus de la capacité de l’armée à la protéger.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
C’est la plus grosse attaque des ADF en ce mois d’octobre dans la région, mais cette fois, l’effusion du sang aurait dû être évitée, pense Kinos Kituho, président de la société civile de Mamove : « On a alerté l’armée au moment opportun, mais l’armée n’a pas voulu intervenir, alors vers 19h, l’ennemi a attaqué le village et on a commencé à tuer des personnes à coups de machettes et de haches. Pour le moment, nous avons un bilan de 19 personnes tuées, 40 maisons commerciales incendiées, plusieurs personnes ont été emportées en brousse. »
Même quand plusieurs sources sécuritaires affirment que les troupes déployées à Baheti étaient absentes au moment de l’attaque, rien ne fait fléchir le lieutenant Anthony Mwalushay, porte-parole de l’armée dans la région. Pour lui, il y a eu échanges de tirs entre soldats et assaillants.
« Tout est mis en marche pour venger ces morts, chercher à savoir. “On a prévenu”, tout ça, ce n’est pas un débat qui nous intéresse. Nous nous félicitons parce que nous sommes arrivés et avons fait notre travail, le bilan aurait pu être très lourd sans notre intervention. »
La Monusco dispose elle aussi d’une base à 6 kilomètres du village attaqué, une région difficile d’accès. Et où il n’est pas facile de distinguer les forces de sécurité des groupes armés, car ils portent souvent les mêmes uniformes. La fréquence des attaques inquiète cependant à Mamove. C’est la quatrième en seulement moins d’un mois pour une quarantaine de victimes, selon les responsables locaux.
Cette attaque est intervenue une semaine après l’évasion de plusieurs rebelles ADF dans le lot des 1 400 détenus qui se sont échappés de la prison de Kangbayi à Beni.
Dans la même région, des soldats sont sous le choc. Ils ne toucheront pas si vite leur paie du mois d’octobre. Un officier s’est volatilisé dans la nature depuis lundi avec environ 85 000 dollars américains, destinés à la paie des militaires aux prises avec les rebelles ADF sur le principal front, sur la route Mbau-Kamango.
RFI