Quitter son village, ses parents, ses ami(es) pour venir à la conquête de l’argent dans la ville afin de soutenir financièrement les parents ou réunir l’argent nécessaire pour un trousseau de mariage sont les sources de motivation de ces jeunes filles qui travaillent en tant qu’aides ménagères dans les foyers. Exposées à toutes sortes de danger, ces jeunes filles travaillent d’arrachepied et ne sont malheureusement pas traitées à leur juste valeur. Elles se sentent négligées, voire rejetées par la société. Malgré tout, elles affluent encore vers les grandes villes et sont souvent le pilier de certaines familles. Ces aides ménagères sont aussi des femmes et ont des droits qui devraient être respectés.
Comme le nom l’indique, les aides ménagères sont des filles employées dans les familles respectives afin d’aider dans les travaux ménagers : la cuisine, la lessive, l’entretien de la maison ainsi que des enfants, mais aussi les petits commerces (vente de sachets d’eau, de jus, etc.). Les raisons de leur venue en villes sont multiples. Certaines viennent pour chercher de l’argent afin d’assurer la survie de leur famille au village et d’autre, pour gagner de l’argent pour acheter les trousseaux nécessaire pour leur mariage, ou encore en raison de l’absence d’infrastructures scolaires dans le milieu rural ou même l’envie de découvrir le monde.
Cherchant à répondre aux besoins, ces jeunes filles se retrouvent face à pas mal d’injustices incessantes. Elles sont appelées bonnes, 52, servantes ou bonus des qualifications qui détruisent leur personnalité malgré qu’elles sont les piliers des familles employeuses.
Âgées de 10 ans ou plus et travaillant pour un salaire allant de 5000 à 25 000 FCFA, ce sont des jeunes filles dont les droits ne sont pas du tout respectés et sont la plupart du temps victimes de maltraitance physique de la part de leur employeur. Comme nous l’explique Pissira, jeune fille âgée de 12 ans que nous avons rencontrée à ATTboubougou. Dans son témoignage avec des larmes aux yeux, elle dit avoir été victime de maltraitances qui étaient devenues une habitude pour sa maitresse. Ne pouvant plus subir toutes les violences qu’elle subissait pour un salaire dérisoire, Pissira réussit à s’enfuir pour son village. Aujourd’hui, Pissira travaille encore en tant qu’aide-ménagère dans une autre famille.
Pourtant, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est de 40 000 FCFA par mois au Mali. Selon l’Article L.95 de la L no 92-020 du 23 septembre 1992 portant du code du Travail du Mali, « à conditions égales de travail, de qualification professionnelle et de rendement, le salaire est égal pour tous les travailleurs, quels que soient leur origine, leur sexe, leur âge et leur statut ».
Cet article ne semble pas s’appliquer aux aides ménagères au Mali. Telle est la conviction de Aminata, une autre victime ayant vécu une situation semblable à celle de Pissira. Mais qui, en plus des maltraitances subies, a découvert plus tard que sa tutrice s’était enfuie avec son salaire d’une année.
Nous avons rencontré cette jeune dame chez sa grande sœur à Siracoro Méguetana. Elle était souriante jusqu’au moment où nous l’avons interrogée. L’évocation de ses mauvais souvenirs lui fait couler des larmes. Après que sa patronne s’est enfuie avec son salaire, Aminata a dû appeler sa maman qui lui a envoyé de l’argent pour qu’elle regagne son village, bredouille.
Face à cette situation désespérante pour les domestiques, nous nous demandons ce que font les associations et ONG qui luttent pour les droits de la femme ainsi que les violences basées sur le genre, les violences à l’endroit de ces aides ménagères qui ne sont que des jeunes filles victimes d’abus de la part de leur employeur.
Selon la présidente de l’Association de Défense des Droits des Aides-ménagères et domestiques (ADDAD), Mme Sitan Fofana, que nous rencontrés au siège de ladite association à Niamakoro, leur association a entrepris plusieurs actions en vue de ralentir ce phénomène de maltraitance. L’un des objectifs principaux de cette association est de promouvoir la défense des droits des aides ménagères. Après chaque hivernage, cette association organise des campagnes de sensibilisation à l’endroit des parents au niveau rural afin de « dissuader les parents qui envoient leurs filles en ville surtout celles qui n’ont pas encore l’âge », a-t-elle expliqué.
Notons qu’au sein de cette association, il existe un centre de prise en charge des filles en situation de détresse (les mères célibataires, les victimes d’abus sexuels ou de maltraitance physique). Ce centre est dénommé « famille d’accueil ».
Malgré tous ces efforts, les maltraitances à l’endroit de ces jeunes ne cessent d’accroitre. Même si le manque de qualification et de formation est des raisons qui les pénalisent, les aides ménagères ne sont pas moins maliennes que les autres travailleurs du Mali. Elles doivent donc bénéficier de leurs droits en tant que travailleuses, mais aussi en tant que citoyennes tout simplement.
Thérèse Kamaté, stagiaire
Source: Le Pays