A Bamako, les jeunes filles, pour mettre plein la vue à leurs copines, en plus d’emprunter les habits, les perruques et les chaussures et bijoux, empruntent maintenant des téléphones chers, le temps d’une cérémonie.
A Bamako, les mariages, baptêmes, rencontres de promotions ou de familles, sont des lieux transformés aujourd’hui par les jeunes filles en lieu de duels. Il faut arriver en étant la plus chèrement habillée. C’est à qui a le parfum le plus cher, qui a en main le téléphone dernier cri, le bazin le plus riche et le plus richement brodé.
Toute n’ayant pas les moyens de tenir la concurrence, il faut emprunter. “Quand je vais aux tons (réunions de groupes d’amies), j’emprunte le téléphone IPhone de mon cousin”, affirme Oumou. Issue d’une grande famille, elle affirme que “tout le monde fait ça”. “Ça me dérange de prêter mon téléphone portable à chaque fois que mes cousines ont des cérémonies. Quand je leur prête mon téléphone, dès fois ça me mets sur répondeur. Je n’ai pas accès à l’internet pendant ce temps. Vraiment c’est dérangeant pour moi, mais que faire ? “.
“Moi, je ne suis jamais sortie pour emprunter au dehors. Je prends les habits de ma grande sœur. Aujourd’hui, si tu n’as pas en main un téléphone portable de luxe, si tu ne portes pas une perruque cheveux naturels, personne ne te regarde, ne te respecte. Même dans les lieux de mariage, on sert d’abord les gens de classe, richement habillées, ayant en main un téléphone dernier cri. Donc comme je n’ai pas les moyens de m’en procurer, je suis obligée de prêter pour ma sœur en attendant d’avoir pour moi”. Pour elle, en prenant avec sa sœur, elle est assurée de la discrétion et du fait que les autres filles ne peuvent pas “jaser” dans son dos.
“Je n’aime pas prendre les habits d’autrui. Le danger, c’est que, si tu prends les habits d’une autre fille, tu fais des photos qui vont sur les réseaux sociaux, un jour, la vraie propriétaire porte la même tenue, les filles verront tout de suite la supercherie ! Pire, si tu prends un téléphone et qu’il se gâte, tu es dans de beaux draps !”.
“Je ne comprends vraiment plus les enfants d’aujourd’hui. Tout ou presque repose sur le luxe. C’est d’ailleurs pourquoi elles font du n’importe quoi pour avoir ces choses luxueuses. Mais ce sont les parents que je blâme. Quand tu vois ta fille avec un téléphone portable d’une valeur de 500 000 F CFA ou plus, alors qu’elle ne peut même pas s’acheter une serviette hygiénique si c’est pas toi, pourquoi ne pas lui demander, s’interroge”, Fanta Djeli.
Pourtant comme un phénomène de mode, ce jeu auquel jouent de nombreuses filles de nos jours a encore de beaux jours devant lui.
Bintou Diawara
Source : Mali Tribune