L’ancien président malien Amadou Toumani Touré, dit « ATT », est décédé ce 10 novembre à l’âge de 72 ans. Ses obsèques sont prévues mardi 17 novembre à la place d’armes du génie militaire. Un deuil national de trois jours a été décrété. Adieu, l’ami des enfants.
La veille, le 9 novembre, nous avons passé une nuit agitée dans la ville de Bandiagara, autrefois paisible et grouillante de touristes venus des quatre du monde admirer les merveilles du plateau dogon. La nuit, à proximité de notre hôtel, nous avons entendu des feux nourris et des bruits de balles. On expliquera plus tard que c’est un mouvement d’humeur de groupes armés qui opèrent dans la ville et ses environs.
Quelle tristesse de voir cette paisible ville sombrée dans cette guerre sans queue ni tête. Quelle triste d’apprendre le décès de l’homme de Bandiagara, Amadou Toumani Touré, l’ancien président de la République du Mali au matin de cette nuit troublée.
Le « soldat de la paix » vient de perdre son dernier combat contre cette mort qui nous guette, qui nous cible à tout moment pour nous arracher à l’affection de nos proches.
Comme une prémonition, l’ancien président malien avait inauguré au mois de février passé une unité de cathétérisme cardiaque à Centre hospitalier mère-enfant– Le Luxembourg dans la capitale malienne. C’est dans ce même hôpital qu’il avait subi une opération du cœur, avant d’aller s’éteindre en Turquie, le 10 novembre.
L’incompris !
L’enfant de Mopti, au destin exceptionnel, était un homme de paix. Un soldat qui a fait le tour de l’Afrique pour prêcher la paix sur le continent. Le président « ATT », comme on l’appelle, a été incompris sur la situation sécuritaire de notre pays. Nous avons été nombreux à lui reprocher son laxisme sur le plan sécuritaire, avant de lui donner raison en mettant en œuvre des solutions qu’il avait proposées des années en avance. Le G5 Sahel en est l’illustration parfaite.
Ce n’est certainement pas l’heure du bilan du président Amadou Toumani Touré . Les historiens s’en chargeront, nous l’espérons. Mais, il faut reconnaître que l’homme a laissé son empreinte dans l’histoire du Mali à jamais, dans le domaine des infrastructures, de la santé et surtout de la revalorisation salariale des travailleurs.
« Fils incompris », « soldat détesté », « démocrate aimé »
Mais, soldat, vous n’avez rien fait, puisqu’il vous reste encore à faire. Il fallait encore parler pour pacifier ce pays, il fallait encore reconstruire tout ce qui avait été détruit par la guerre. La tâche était immense, mais certainement pas impossible car on vous a vu à l’œuvre.
Entre le fils incompris, le soldat détesté, le démocrate aimé et l’ami des enfants, « ATT » a été traité de tous les noms en servant ce pays. Mais son patriotisme, son humilité, sa simplicité et son humanisme ont eu raison de ses adversaires politiques et ont convaincu plus d’un.
Avec sa mort aujourd’hui, le Mali perd l’un de ses fils les plus célèbres de ces trente dernières années. Mon général, le salut fut long! Repos ! Repose en paix!
Source : Benbere