Il est toujours difficile d’y voir clair réellement sur la situation au Tigré où les communications sont toujours coupées. Néanmoins, depuis qu’il a lancé son offensive contre le Front de libération du peuple du Tigré, il y a treize jours, le gouvernement éthiopien continue de communiquer ses succès sur le terrain.
Avec notre correspondant régional à Nairobi, Sébastien Nemeth
Le gouvernement a annoncé une nouvelle prise. L’armée fédérale aurait désormais le contrôle d’Alamata, ville située à la pointe sud du Tigré. Une information confirmée par une source tigréenne.
Cette localité, au cœur d’une zone de production de coton, n’est qu’à 120 km de Mekele, la capitale du Tigré. Jusqu’à présent, les villes conquises par les forces d’Addis-Abeba, comme Humera ou Dansha, étaient concentrées dans l’Ouest. La prise d’Alamata pourrait signifier l’ouverture d’un nouveau front par le Sud. Preuve de la violence des affrontements, la ville d’Addis-Abeba a annoncé l’envoi d’une cinquantaine d’agents de santé dans les postes militaires du Nord.
Officiellement, le pouvoir fédéral refuse toujours de négocier.
Nous ne considérons pas les tentatives de médiation comme des ingérences. Ceci étant dit, l’Ouganda ne nous a jamais officiellement proposé de faire une médiation. Nous n’avons d’ailleurs jamais demandé son aide ni à l’Ouganda ni à n’importe quel autre pays. Pour la simple raison que toute médiation signifierait une légitimation de l’impunité des leaders tigréens. Je comprends que certains pays soient préoccupés mais je veux répéter encore une fois la chose suivante ; nous continuons de mener cette opération, et je suis sûr qu’une fois que le gang du TPLF sera neutralisé, les populations collaborerons d’une manière très cordiale. Je veux juste que nos amis comprennent ça. Donnez-nous encore un peu de temps. Cela ne va pas durer une éternité, l’opération va se terminer très rapidement…
Le Premier ministre Abiy Ahmed a même annoncé que mardi, un hommage national de deux minutes serait rendu à l’armée, mais les autorités tigréennes sont loin de déposer les armes. Dimanche, son président a de nouveau accusé Abiy Ahmed d’être responsable des souffrances du conflit et de la destruction d’infrastructures. Debretsion Gebremichael a cité le barrage de Tekeze et l’usine de sucre de Wolkait.
Selon la radio d’opposition Erena basée à Paris, les forces tigréennes auraient continué à bombarder l’Érythrée dimanche et ce lundi, notamment plusieurs localités dans le Sud. Le pouvoir tigréen accuse le pays voisin d’être impliqué dans le conflit, ajoutant pouvoir toucher n’importe quelle cible n’importe où grâce à ses missiles, dont certains seraient à longue portée. Les autorités fédérales affirment de leur côté être plus que capable de réussir elle-même cette opération.
Dans le même temps, une tentative de médiation serait en cours en Ouganda. Le président Museveni annonce avoir reçu ce lundi matin à Gulu, le vice-Premier ministre éthiopien, Demeke Mekonnen Hassen, accompagné d’une délégation. De son côté l’ex-président nigérian, Olusegun Obasanjo va lui aussi tenter une médiation. À en croire son porte-parole, il est en route pour Addis-Abeba où il souhaite engager des pourparlers.
RFI