Des discussions seraient en cours entre le Canada et la France pour que notre pays fournisse une plus grande aide au gouvernement malien et à la France qui le soutient militairement dans un combat contre des groupes terroristes islamistes qui exercent une grande influence dans ce pays d’Afrique.
C’est ce qu’a suggéré à Ottawa, au cours d’un atelier de discussions de l’Institut de la conférence des associations de défense, le général de brigade français Cyril Carcy.
Le général, qui a commandé les opérations militaires françaises au Mali jusqu’en août, a d’abord remercié le Canada pour sa contribution. Puis, il a dressé une liste de choses que l’Armée canadienne pourrait faire pour aider les troupes françaises et locales à combattre les groupes terroristes dans la région.
Selon lui, le Canada pourrait fournir des équipements militaires afin d’aider à retracer et à identifier des groupes terroristes islamistes et du ravitaillement d’appuis aériens aux appareils de combat français.
Le général de brigade français Cyril Carcy (ministère des Armées)
Non seulement a-t-il prié le Canada d’accroître sa présence au Mali en procurant cette aide militaire, mais il l’a encouragé à mener des efforts diplomatiques pour rétablir la paix et la réconciliation dans ce pays.
Ces demandes surviennent dans la foulée d’un coup d’État en août qui a porté des militaires au pouvoir et renversé un gouvernement élu démocratiquement.
Le putsch a été condamné par l’ensemble de la communauté internationale.
Ce coup de théâtre politique n’a en rien changé la dynamique sur le terrain. Les militaires maliens continuent de se battre contre diverses factions armées, dont des groupes islamistes.
Le Canada invité à réévaluer son implication au Mali
Soldat canadien au Mali – PHOTO : GETTY IMAGES / SEYLLOU
« Les Canadiens peuvent participer sans nécessairement être présents au Mali sur le plan militaire », a dit le général Carcy, qui est devenu depuis qu’il a quitté ses fonctions au Mali l’attaché militaire français aux États-Unis.
L’ancienne ambassadrice canadienne au Mali, Isabelle Roy, qui participait à l’atelier de discussions avec le général Carcy, a aussi exhorté le Canada à « être plus présent » dans ce pays, notamment en participant aux discussions diplomatiques visant à rétablir la paix.
« Le Canada peut en faire plus sur le plan de la médiation, comme nous l’avions fait pendant la période de transition en 1991, comme nous continuions de le faire dans le nord du Mali », a-t-elle déclaré.
La situation au Mali depuis 2012
Le Mali est déchiré par des conflits depuis une rébellion dans le nord et un coup d’État plus au sud dans la capitale en 2012. Le nord du Mali est alors tombé dans les mains de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda.
Cette crise politique s’est aggravée ces dernières années par la pauvreté, la sécheresse et l’afflux de djihadistes islamistes. Certes, les djihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire qui se poursuit.
Des zones entières échappent toutefois au contrôle des forces maliennes, françaises et onusiennes, régulièrement visées par des attaques meurtrières. L’installation dans le nord du pays de groupes islamistes venus d’Algérie voisine ne fait qu’exacerber les tensions.
L’ONU exprime depuis de nombreuses années ses inquiétudes au sujet de l’instabilité au Mali et du terrorisme qui pourrait s’étendre à d’autres pays de cette région africaine.
Le Canada a apporté un soutien généralement modeste à l’intervention militaire française, notamment en fournissant du transport aérien pour transférer des troupes et de l’équipement dans la région.
Le Canada doit revenir aider la France au Mali
L’écusson des Nations unies pour le Mali est montré sur l’uniforme d’un membre des Forces armées canadiennes le jeudi 5 juillet 2018. (THE CANADIAN PRESS/Lars Hagberg)
La mission de l’Armée canadienne, déployée au Mali à partir de juillet 2018 dans le cadre de la mission de paix des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), s’est achevée fin août 2019.
En mettant fin à la participation aux opérations de maintien de la paix au Mali, il n’avait laissé sur le terrain qu’une poignée de militaires afin d’appuyer les efforts des Nations unies pour rétablir la paix et la stabilité.
Plusieurs observateurs estiment que ce retrait du Canada du Mali est lié à un manque de volonté politique et d’intérêt de la part du gouvernement de Justin Trudeau, et ce malgré l’injection d’aide financière de plusieurs centaines de millions de dollars dans ce pays depuis 2012.
À la fin septembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait expliqué dans son plus récent rapport sur le Mali que l’aide internationale est urgente. « Le temps presse, car les conditions de sécurité, la situation humanitaire et celle des droits de la personne continuent de se détériorer, les activités des groupes terroristes redoublant dans le centre et le nord du Mali », écrivait M. Guterres.
Source : rcinet.ca