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Un vaccin à portée de la main, un exploit collectif

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Un vaccin contre le coronavirus disponible avant la fin de l’année aux États-Unis : c’est la promesse de l’Américain Moderna, la deuxième biotech à revendiquer un vaccin fiable, une semaine après l’annonce faite par un concurrent allemand associé à Pfizer. Jamais l’industrie pharmaceutique n’a été aussi rapide ; comment expliquer une telle prouesse?

Il faut en moyenne huit ans pour homologuer un vaccin. Or les dirigeants de Moderna, comme ceux de BioNtech, crient victoire moins d’un an après l’apparition du coronavirus, et Moderna fait de la surenchère : son vaccin est fiable à 94,5%, et c’est 90% pour celui mis au point par Pfizer.

Autre nouveauté, le mode opératoire inédit proposé par les deux candidats. Leur molécule envoie un message à notre organisme pour qu’il sécrète des anticorps. Enfin, Moderna, qui n’a jamais commercialisé la moindre molécule, assure être capable de fournir 20 millions de doses dans les prochaines semaines. Là encore du jamais vu.

La pandémie n’a pourtant pas vraiment transformé cette industrie, mais comme dans d’autres secteurs, elle a été un puissant accélérateur de tendances, estime Patrick Biecheler, consultant expert au cabinet Roland Berger. Car toutes les données du puzzle étaient là avant. C’est avec le Sras que les chercheurs commencent à travailler sur le coronavirus en 2003. La technologie qui émerge aujourd’hui comme très prometteuse était déjà à l’étude pour d’autres vaccins ou d’autres remèdes.

Une mobilisation hors du commun a changé la donne

« Un fait rare dans cette industrie » souligne Patrick Biecheler. D’après lui, ce qui est « très nouveau », c’est « la coopération, la quasi absence de compétition » dit-il. C’est pourtant une course effrénée que se livrent les grands laboratoires.

Deux cents entreprises ont lancé des projets, une cinquantaine sont encore dans la course, et une douzaine aujourd’hui sont dans la troisième phase des essais, bien parties pour se concrétiser dans les prochains mois. Grâce aux jeunes pousses agiles dans les biotechnologies que les grands laboratoires soutiennent. Et grâce aussi aux institutions publiques, aux universités, qui demeurent des partenaires de premier plan de la recherche médicale. Derrière la trajectoire fulgurante de Moderna, dirigée par le Français Stéphane Bancel, il y a l’alliance avec une prestigieuse institution publique américaine, l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses, sollicité pour réaliser l’expérimentation à grande échelle. Pour son savoir-faire et pour ses fonds. Moderna a reçu près de 2 milliards et demi de dollars d’argent public pour faire avancer les travaux. Les six projets les plus avancés ont reçu au total 12 milliards de dollars –selon Médecin sans Frontières, essentiellement versés par les contribuables américains. « Au lieu de faire du saupoudrage, il y a eu un investissement massif » précise Patrick Biecheler, à travers une cohorte d’acteurs publics et privés.

Les États financeurs du vaccin seront aussi les acheteurs

La plupart des pays occidentaux ont promis un vaccin gratuit, ce sont donc effectivement les États qui seront les premiers clients des laboratoires. Le prix moyen serait de l’ordre de 30 dollars, ce qui est dans la moyenne des prix des vaccins actuels d’après l’expert de Roland Berger. Le marché mondial du vaccin est estimé à 45 milliards de dollars. La mise sur le marché d’un ou des nouveaux vaccins contre le coronavirus devrait faire bondir ce revenu de 10%. De 4 à 5 milliards de dollars en 2021. Une manne pour les industriels. Le prix à payer pour les États, pour tenter d’enrayer une pandémie qui a mise à terre l’économie.

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RFI

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