Visiblement, le gouvernement de transition dirigé par Moctar Ouane ne bénéficiera pas de délai de grâce de la part de la première centrale syndicale du Mali, à savoir l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). En déposant un préavis de grève de 72 heures le lundi 2 novembre 2020 sur la table du gouvernement, le Secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, a décidé d’asphyxier la transition qui peine déjà à trouver son chemin.
Au regard de la précipitation de l’UNTM à déposer ce préavis sur la table d’un gouvernement transitoire qui est né il y a seulement un peu plus d’un mois, les langues se délient. Les gens s’interrogent si ce n’est pas une tentative de déstabiliser la transition. En effet, dans un passé relativement récent, l’UNTM a fait savoir qu’en raison de la situation difficile que le vit le pays qu’elle ne souhaite pas s’engager dans un processus de grève. Que s’est-il donc passé entre la chute d’IBK et le début de la transition pour que la centrale déclenche un mouvement de grève ? La situation du pays s’est-elle améliorée après le départ d’IBK du pouvoir ? Que nenni !
Selon certains observateurs, ce n’est ni plus ni moins qu’une tentative d’intimidation voilée de la part de l’UNTM à l’adresse des nouvelles autorités qui ont promis au peuple malien de remettre tous les dossiers de corruption à la justice malienne. ‘’ Je ne peux promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme’’, jurait aux Maliens le président de la transition Bah N’Daw, lors de son investiture, le 25 septembre dernier.
Et depuis, cette annonce forte faite par le président de la Transition, les plus avertis des Maliens s’attendaient à une colère noire des syndicats des fonctionnaires. « C’était prévisible. Au Mali, les fonctionnaires sont en première ligne de la corruption », témoigne un universitaire.
Selon des observateurs avertis, tous les agissements actuels de l’UNTM visent à saboter cette promesse solennelle faite par Bah N’Daw aux Maliens dans la lutte contre la corruption. Cette volonté du Secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, est manifestée clairement dans ses revendications.
Au total, le cahier de charges comporte plusieurs points de revendications. Pour les anciennes revendications de 2014, l’UNTM exige du gouvernement l’extinction de tous les accords signés de 2014 à 2020, et ce, avant la fin de décembre 2020 au terme d’un chronogramme précis avant le 10 novembre 2020. Il s’agit du règlement des droits des compressés et des partants volontaires à la retraite ; l’octroi à tout le secteur privé du bénéfice des acquis signés entre le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), le gouvernement et l’UNTM sur les augmentations au terme d’un chronogramme de payement précis au plus tard le 10 novembre 2020 ; la reprise immédiate des travaux de relecture des conventions collectives suspendue, au plus tard pour fin novembre 2020.
En effet, même un gouvernement normal et exerçant en temps normal n’est pas en mesure de satisfaire à toutes ces doléances en si peu de temps. A plus forte raison un gouvernement transitoire dont la durée de vie et les missions sont bien définies. Ne dit-on pas qu’un gouvernement de transition n’est pas là pour résoudre tous les problèmes du pays ? Mais, Katilé veut bien que le gouvernement dirigé par Moctar Ouane règle tous les problèmes de l’UNTM. Et il fixe même un deadline pour que celui-ci s’exécute.
Dans sa rage contre les autorités de la transition, le Secrétaire général de l’UNTM oublie même sa promesse qu’il avait faite au peuple suite à l’organisation du Dialogue national inclusif (DNI), lors duquel les Maliens ont demandé une trêve sociale.
Réagissant à la demande du DNI relative à une trêve sociale, le Secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) affirmait, dans un communiqué rendu public le mercredi 8 janvier 2020, la disponibilité de sa centrale syndicale à observer ladite trêve. Alors question : que vaut la promesse du Secrétaire général de l’UNTM ?
Youssouf Z
Source: La lettre du Peuple