‘’Nous voici au terme de la mission que, par la grâce de Dieu, vous avez bien voulu me confier il y a de cela dix ans.
Ce soir, je voudrais exprimer à chacun de vous, à chacune de vous, toute ma gratitude. Je voulais présenter mes excuses et mes regrets à tous ceux, à toutes celles à qui j’ai pu causer quelque tort. D’autre part, à tous nos concitoyens qui sont aujourd’hui en peine, je voudrais exprimer notre solidarité agissante ; à tous ceux qui ne sont pas en bonne santé, nos meilleurs vœux de prompt rétablissement.
Mes chers compatriotes,
Vous avez accepté de confier les plus hautes responsabilités nationales à moi, « le fils d’un maître d’école et d’une ménagère », venu à vous les mains vides. Toutes ces années, vous m’avez accompagné ; vous m’avez tant donné. Toutes ces années, vous avez fait de moi tantôt un esclave, un cordonnier, un forgeron, un griot, un noble. J’ai accepté d’être tout cela parce que tout cela est en vous, en nous. Vous avez fait de moi un catholique, un protestant, un musulman, voire un athée. Je suis devenu tout cela parce que tout cela est de vous.
Vous avez fait de moi tantôt un Songhaï, un Bamanan, un Foulbé, un Dogon, un Tamasheq, un Soninké, un Sénoufo, un Maure, un Minianka, un Bobo, un Bozo, etc. Je suis tout cela en effet. Vous m’avez fait naître à Diéma, à Tombouctou, à Bamako, à Kayes, à Djenné…J’ai accepté tout cela parce que c’est de tous ces lieux, de toutes ces différences qu’est fait notre pays, ce pays de toutes les couleurs, le Mali si uni, si divers, si pluriel.
Quel bonheur, Quel honneur, de l’incarner, mes chers compatriotes !
Vous m’avez dit, vous m’avez avppris que pour être au-devant chez nous, on doit pouvoir accepter d’être traité de tout, d’entendre tout. C’est pourquoi j’ai fait miennes, depuis le début, ces phrases du poète :
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans baïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot…
Avec raison ! Plus qu’avec raison !
Ce soir, sont très présents à mes côtés mon épouse, qui aura tout partagé avec moi durant ces dix années, mes enfants, mes parents, mes amis, mes collaborateurs et, je sais, beaucoup d’entre vous.
Ce soir, j’ai une pensée très forte-vous ne m’en voudrez pas, comme le 8 juin 1992, pour un père parti depuis maintenant vingt-sept ans, mon Dieu ! Mais qui ne m’a jamais quitté ! Pour une mère, qui m’a accompagné dans mon itinéraire les cinq premières années. Pour un chauffeur, pour des collaborateurs : chauffeurs, plantons, cadres, prématurément arrachés à l’affection des leurs…
Ce soir, je pense à tous nos compatriotes de l’extérieur ; d’Afrique comme nous tous ; de tous les Africains du Mali, à tous nos autres frères qui ont choisi le Mali, dont la confiance ne nous a jamais fait défaut et dont l’amour pour le Mali est permanent. Ce soir, je ressens une profonde gratitude à l’endroit de tous les chefs d’Etat, de mes nombreux aînés d’Afrique qui m’ont tenu par la main, accompagné, qui ont poussé le Mali. Nous serons toujours avec eux pour le Nouveau Partenariat.’’
Source: Le 26 Mars