Le bilan des 100 jours de la transition, la mise en place du Conseil National de Transition (CNT), la situation à Farabougou et, partant dans toute la zone de Niono… Tels sont, entre autres, les sujets abordés, par le président de la transition, dans cette interview qu’il nous a accordée. C’était, lundi 23 novembre, en fin d’après-midi, à sa résidence de la Base Aérienne. Entretien.
Vous allez, bientôt, boucler vos 100 jours à la tête de la transition. Quel bilan peut-on en tirer ?
Ça c’est quelle question ça ? Nous sommes là pour 18 mois ou pour 100 jours ? Etes-vous pressés de nous voir partir ? Nous sommes encore là pour plusieurs mois encore, alors attendez la fin des 18 mois, qui nous ont été donnés pour me poser cette question. Pas question d’y répondre avant.
Esquissant le bilan des 100 jours de la transition, un confrère de la place a titré à la une de son journal « Presque 100 jours et… un bilan controversé ». Qu’en dites-vous ?
Soit, ton confrère est myope, soit il est, complètement, aveugle.
Pourquoi, dites-vous cela ?
Parce qu’il faut être, soit myope, soit aveugle, pour ne pas voir tout ce que nous avons réalisé depuis le 25 septembre dernier, notre notre investiture.
Pouvez-vous nous donner un exemple, un seul ?
Des exemples, il y’en a partout, à chaque coin de rue. Et ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
Mais, président, vous ne pensez tout de même pas que c’est la transition qui a planté nos nez au milieu de nos figures…
Ah bon, vous croyez ?
Jusqu’à preuve du contraire, en tout cas !
Entendu, vous ne sortirez pas d’ici avec votre nez au milieu de votre figure. On va faire de vous un exemple, pour que tous les Maliens sachent que, si vous avez vos nez bien plantés au milieu de vos figures, c’est grâce à nous.
Si, c’est comme ça, président, oubliez ce que j’ai dit.
Trop facile ! Pas question, vous serez privé de votre nez dans, exactement, 30 minutes. Gardes ! Gardes… débarrassez-le de son nez, comme vous l’avez fait hier, avec l’autre petit scribouillard.
Président, je jure devant Dieu et les moustiques de Bamako, que je ne poserai plus jamais des questions aussi bêtes.
A condition que tu ne parles plus de notre bilan, avant la fin de la transition.
Promis, créché et juré ! Où en est-on avec la mise en place du CNT ?
Le vice-président de la transition, le colonel Assimi Goïta a recueilli, en l’espace de 48 heures, des centaines de dossiers, dont certains émanent de leaders politiques que vous ne pouvez même pas imaginer.
Et ce, en dépit du boycott du CNT, lancé par plusieurs partis et regroupements politiques.
Le boycott du CNT n’était que du « Baga-Baga » de politiciens. On savait que les politicards allaient monter à Kati, en courant, avec leurs dossiers.
Et pourquoi en êtes-vous, aussi, sûr ?
D’abord, parce que nos politiciens, et pas qu’au Mali seulement, n’ont aucune conviction, aucune idéologie. Leurs seules conviction et idéologie : leur ventre, leur tube digestif. Ils veulent, autant qu’ils sont, être autour de la mangeoire. C’est tout.
Ensuite, ils n’ont, pour la plupart, aucun métier ou profession digne de ce nom, pour mener le rythme de vie princier, auquel ils sont habitués, si ce n’est dans l’administration publique où, ils peuvent détourner des centaines de millions de nos francs. En toute impunité. Mais pas avec moi, à la tête de la transition. Celui qui vole cinq francs de l’Etat, je l’envoie à Bamako-Coura pour longtemps. Trop longtemps.
Enfin, parce que ces politiciens qui font les gorges chaudes n’ont pas le choix : 18 mois de galère, c’est trop dur à supporter.
Les Maliens ont peur de tout ce qui se passe à Farabougou. Quelle est la situation actuelle dans cette localité, qui fait couler beaucoup d’encre et de salive ?
Un détachement de l’armée malienne est, déjà, sur place ?
Pour quoi faire ?
Pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
Pourtant, les terroristes continuent de tirer, comme des lapins, les villageois, qui tentent de récolter leurs champs. La semaine dernière, deux villageois ont été tués, une femme a été blessée dans les mêmes circonstances. Alors, à quoi sert la présence de l’armée sur place, si elle ne peut pas assurer la protection des habitants de Farabougou contre ces djihadistes enragés ?
Gardes ! Gardes…Débarrassez-le de son nez, comme vous l’avez fait avec le journaliste chauve-là. Il faut que ces scribouillards apprennent, à leurs dépens, que c’est grâce à nous, autorités de la transition, qu’ils respirent l’air frais de Bamako.
Propos recueillis par Le Mollah Omar /Canarddechaine.com