Alors que le chiffre de 110 morts avait été avancé durant le week-end, l’ONU parle désormais de “plusieurs dizaines” de morts lors de la tuerie perpétrée dans le nord-est du Nigeria.
Les évacuations massives des camps des personnes déplacées par le conflit contre Boko Haram se poursuivaient, lundi 30 novembre, malgré la terrible tuerie du week-end dans le nord-est du Nigeria, “la plus violente de l’année [contre des civils]”, selon l’ONU.
Boko Haram et sa branche dissidente, l’organisation État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), continuent de semer la terreur dans le nord-est du Nigeria. Des civils y ont été, selon les Nations unies “froidement tués” samedi alors qu’ils travaillaient dans une rizière. L’ONU avait avancé dimanche un bilan de 110 morts, mais est revenue lundi sur ce décompte, confirmant à ce stade “plusieurs dizaines” de morts, dans un nouveau communiqué.
Le gouverneur de l’État de Borno, qui a assisté aux obsèques, a fait savoir de son côté que “plus de soixante-dix personnes” avaient péri et que la localité, à une vingtaine de kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’État, comptait encore de nombreux disparus.
C’est dans ce contexte que 500 familles, soit environ 3 000 personnes, ont été conduites en bus de Maiduguri, où elles s’étaient réfugiés, il y a six ans pour la plupart, jusqu’à Marte, à 130 kilomètres de là, d’où elles sont originaires.
“Conformément aux directives données par le gouverneur Babagana Zulum concernant l’évacuation des déplacés dans leur communauté désormais sécurisée, nous procédons à la première phase de relogement vers Marte”, a fait savoir l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) dans un communiqué.
Environ 2 millions de personnes ont dû fuir leur domicile depuis le début du conflit en 2009, qui a fait plus de 36 000 morts.
Inquiétude des déplacés
Le gouverneur du Borno s’est engagé à reloger les déplacés du conflit chez eux malgré les menaces sécuritaires, affirmant qu’il n’est plus possible financièrement de les prendre en charge dans des camps protégés par l’armée et où ils vivent de distributions alimentaires.
Les déplacés étaient pour la plupart satisfaits de rentrer chez eux, selon les témoignages recueillis par l’AFP, mais la tuerie de samedi inquiète.
“Nous devons retourner chez nous et retrouver nos fermes et nos terres, mais nous espérons que le gouvernement va nous protéger des rebelles”, a déclaré à l’AFP Bukar Kyarimi, l’un des déplacés.
Marte, considérée comme le grenier à blé du nord-est du Nigeria et située près des rives du lac Tchad, est particulièrement stratégique, alors que les autorités et les Nations Unies s’inquiètent d’une grave crise alimentaire.
Mais cette région est également proche des territoires contrôlés par l’Iswap. Les agriculteurs, pêcheurs ou bûcherons sont régulièrement pris pour cible par les jihadistes, qui les accusent de transmettre des informations à l’armée ou de ne pas leur payer les taxes qu’ils leur imposent pour exercer une activité économique et agricole.
Avec AFP