Depuis la mise en place du gouvernement de transition au Mali, les nominations en Conseil des ministres mettent en mal la cohésion sociale du pays. Comment ? La majorité des cadres promus dans la plupart des différents ministères sont de la même région géographique que leur ministre de tutelle. Il n’est pas exagéré de dire qu’il s’agit des actes qui participent à la partition du pays. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Il faut que ça cesse.
Un seul exemple parmi tant d’autres depuis la formation du gouvernement de transition au Mali atteste de l’ampleur de ce phénomène: 12 nominations au Ministère des Affaires Religieuses et du Culte ; 8 au Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale ; 5 au Ministère de la Refondation de l’État ; 4 au Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme et au Ministère de la Jeunesse des Sports. Ce sont les chiffres des portefeuilles distribués à ceux qui servent le gouvernement transitoire de Bah N’Daw au cours du Conseil des ministres du vendredi, 23 octobre 2020. Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
En effet, il s’agit de nominations à polémique parce qu’elles sapent, selon certains observateurs, les bases de l’unité nationale. Le constat est là. Au ministère des Affaires Religieuses et du Culte, dirigé par Dr Mahamadou Koné, à peine 4 sur les 12 cadres nommés sont d’une autre région géographique que le ministre.
Dans les trois autres départements ministériels gérés par des ministres qui se reconnaissent du Nord ou tout au moins du Centre, la majorité des personnes promues sont également de la même région géographique. Au département en charge de la diplomatie, sous la direction du ministre Zeini Moulaye, à une ou deux exceptions près, tout le reste n’échappe pas à la règle.
Au ministère des Sports, le maître des lieux Mossa Ag Attaher s’est aussi conformé à la règle. Chacun des ministres du gouvernement de la transition préfère composer avec tel ou tel de son village de sa Commune, de son département ou aire géographique.
Ce tableau déplorable qui reflète l’image de l’Administration publique est plus grave lorsqu’on y ajoute la préférence ethnique et religieuse, comme critère pour être nommé à un poste de responsabilité ou pour être pris en compte lors du partage du gâteau étatique. Le mot régionalisme ne suffit peut-être pas pour exprimer suffisamment l’ampleur de la situation.
Quand on sait que la question de régionalisme évolue à un rythme ahurissant, sous la gouvernance actuelle, cela pose un problème plus difficile à résoudre.
Ces derniers mois de gouvernance Bah N’Daw ont progressivement aggravés la destruction du tissu social du pays. Les profondes fractures observées et qui ont des causes profondes dans le caractère régionaliste des comportements du pouvoir centrale de cette période transitoire, constituent des menaces pour l’intégrité nationale. Et, l’on prévient d’un plus grave danger qui plane : c’est la partition du pays.
Dans un Mali déjà affaibli par la crise économique, la disparité dans l’Administration, la mauvaise répartition des revenus, la lutte des pouvoirs, la discrimination lors des concours de recrutement, le danger évoqué, inquiète et mérite qu’on s’en préoccupe.
Cyrille Coulibaly
Source: Le Nouveau Réveil