Lors de sa visite à Paris, le général nigérien Oumarou Namata, commandant de la force conjointe du G5 Sahel, s’est exprimé dans l’émission Invité Afrique de RFI, le jeudi 3 décembre. A trois années de sa création, la force conjointe du G5 Sahel a atteint la maturité dans sa lutte contre les groupes armés terroristes, mais le général Namata juge prématuré une quelconque réduction du format de son partenaire Barkhane. Une hypothèse évoquée ces derniers mois par certains observateurs.
Selon le général, lors de sa participation à l’opération Bourrasque montée par Barkhane, une opération qui consistait à effectuer des couvertures avec des ordres clairs d’interdiction de franchissement du fleuve Niger, ils ont «constitué des groupes de combat mixtes Barkhane/Force conjointe, ce qui auparavant ne s’était jamais produit », a-t-il indiqué.
Malgré la réussite de cette opération, il faut rappeler que la force conjointe fait face à des défis majeurs notamment le manque de composante aérienne qui est un élément essentiel pour lutter contre les groupes armés terroristes, ainsi que le renseignement. Selon le général, la force conjointe se base sur les ressources humaines alors que c’est la technologie qui peut selon lui, avoir une anticipation stratégique.
A noter que la force conjointe est actuellement composée de sept bataillons et un huitième attendu depuis des mois
Concernant l’arrivée du bataillon tchadien dans la zone des trois frontières, le général nigérien a signalé un retard puisque ce bataillon avait déjà pris son envole pour cette zone en mars 2020, mais c’est une situation indépendante de la volonté des responsables de cette mission qui l’a été dévié de sa trajectoire, mais rassure-t- il, elle est toujours attendue.
Cette situation survient dans un contexte de crise sociopolitique tendue au Mali. Est-ce que le changement politique au Mali intervenu cet été pèse-t-il sur les troupes maliennes, sur leur motivation ?
Selon le général cela n’a eu aucun impact sur le déroulement des opérations. « Le changement politique au Mali, je peux vous l’assurer, du point de vue des opérations de combat n’a eu aucun impact négatif sur l’engagement de la partie malienne », a-t-il rassuré.
La position du général concernant la lutte antiterroriste demeure la même que pour le président français « pour être plus clair, le RVIM ou le JNIM demeure notre ennemi », a indiqué le général, sachant que le président Emmanuel Macron avait indiqué très récemment « qu’’avec les terroristes on ne discute pas, on combat ». Une réponse à la volonté du Mali de négocier avec les terroristes
Dans cette même lutte contre le terrorisme, Paris avait appelé à internationaliser la présence militaire au Sahel, d’où la création de force européenne Takuba. Pour le général, l’apport de Takuba serait certainement bénéfique, mais Barkhane demeure selon lui un partenaire privilégié pour la force conjointe du G5 Sahel. « Barkhane permet de compenser les déficits de nos forces armées nationales, c’est un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme. De ce fait nous en tant que force conjointe, ce serait prématuré d’envisager cela et hasardeux pour le G5 Sahel de procéder à une réduction de la force Barkhane », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, le général a signalé que la lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine. Malgré les avancées notoires, le général a rappelé que la menace est toujours pressante, c’est pourquoi, indique-t-il que c’est hasardeux de se prononcer sur la durée de ce combat contre le terrorisme.
Thérèse Kamaté, stagiaire
Source: Le Pays