Ce mardi matin 8 décembre, en pleine polémique sur les violences policières, Emmanuel Macron annonce la tenue en janvier d’un « Beauvau de la sécurité ». L’objectif : une réforme de la police.
Avec Anne Soetmondt, du service Politique de RFI
Réformer la police, mais sur deux pieds, comme souvent avec Emmanuel Macron. Il s’agit en même temps d’améliorer les conditions d’exercice des forces de l’ordre et de consolider les liens avec les Français. Le rendez-vous est fixé le mois prochain pour un « Grenelle de la police » avec des représentants des forces de l’ordre, des élus ainsi que des citoyens.
« J’y interviendrai personnellement », insiste le président de la République qui compte donc s’impliquer directement dans un dossier qui fait la Une depuis plusieurs semaines. « Il y a urgence à agir, concède Emmanuel Macron dans une lettre adressée à un syndicat de policiers. Je souhaite avancer rapidement et concrètement pour améliorer les conditions d’exercice du beau et indispensable métier qui consiste à garder la paix. »
« La France tient par ses policiers et ses gendarmes. Nous leur devons soutien et protection. J’y veillerai », conclut-il.
Ce sera « la première pierre de la grande loi de programmation de la sécurité intérieure que les forces de l’ordre méritent depuis longtemps », a souligné dans un tweet le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui recevra les syndicats de police le 18 décembre.
Ce « Beauvau de la sécurité », du nom de la place où est situé le ministère de l’Intérieur, devra s’appuyer sur les sept chantiers de réforme présentés par Gérald Darmanin fin novembre, explique le chef de l’État : formation, encadrement, moyens, captation vidéo des interventions, inspection, effectifs et lien entre police et population, dont la lutte contre les discriminations et le rapport aux médias.
La défiance croissante des Français
Avec ce Grenelle, Emmanuel Macron reprend ainsi en main ce dossier face à la colère des policiers, mais aussi la défiance croissante des Français après le tabassage de Michel Zecler. Il justifie en outre son annonce vendredi sur le média en ligne Brut de créer dès janvier une plateforme pour signaler les discriminations, en soulignant qu’il ne s’agit pas seulement des contrôles d’identité, mais aussi de l’emploi, du logement, du sport et de la culture. Il avait jugé vendredi « insoutenable » que les contrôles policiers ciblent davantage les jeunes dont la peau « n’est pas blanche ».
C’est donc une manière pour Emmanuel Macron de déminer une situation devenue explosive en faisant un geste envers ceux qui dénoncent des violences policières, mais aussi envers les policiers qui ont mal pris les propos d’Emmanuel Macron durant l’interview avec Brut vendredi dernier.
Calmer la colère des policiers
Dans un courrier adressé au chef de l’État, daté de lundi et cité par l’AFP, Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP-FO souligne que cette interview « a laissé des traces et une colère certaine au sein de la police nationale ».
« Même si votre discours venait dans sa globalité souligner l’action des forces de l’ordre et des policiers […] mes collègues [retiennent] une seule chose, à savoir que les contrôles au faciès existent, qu’ils sont une réalité, qu’un jeune homme de couleur a plus de chance d’être contrôlé que les autres personnes. »
« Cette affirmation est venue remettre en cause la qualité du travail quotidien des forces de l’ordre et particulièrement celui des policiers nationaux, surtout ceux engagés dans les quartiers difficiles », s’insurge Yves Lefebvre qui dénonce « des politiques d’urbanisation qui se sont suivies, entassant les populations immigrées au même endroit depuis plusieurs décennies ».
Le syndicaliste réclame « au plus vite un calendrier de réformes de fond » et « la fin de la politique du chiffre qui est une des raisons principales à l’altération du lien police/population ».
Les deux principaux syndicats de gardiens de la paix, Alliance et Unité-SGP-FO, avaient appelé samedi à cesser les contrôles d’identité en signe de protestation.
RFI