Alors que la pandémie de Covid-19 a pour effet de ralentir les transferts d’argent des diasporas vers les pays d’origine (-20% pour l’Afrique cette année, selon la Banque mondiale), l’une des préoccupations des Africains de l’extérieur est de sécuriser et de rationaliser l’aide qu’ils envoient. Depuis quelques années, il est possible d’offrir directement des biens et des services à destination de leurs parents. Une tendance qui se développe chaque année.
Envoyer de l’argent à sa famille quand on travaille à l’étranger c’est important, mais c’est parfois source de conflits et de tension entre les récipiendaires. Mamoudou Traoré est un Sénégalais de France, il a trop souvent vu l’argent envoyé pour soigner un parent, détourné de son objectif premier.
« Je me suis dit qu’on avait envie, nous, personnes de la diaspora, de s’assurer que tous les mois, il y avait un quota de ce qu’on envoyait qui allait ne servir qu’aux frais de santé », raconte-t-il.
Ce consultant et spécialiste des nouvelles technologies a donc lancé NomadKare. Les Sénégalais d’Europe et d’Amérique peuvent ainsi financer à distance l’assurance santé de leurs parents restés au Sénégal. Il a choisi comme partenaire l’un des leaders mondiaux de l’assurance : le français Axa.
« Ça nous garantit le besoin de sérieux auquel les gens de la diaspora vont nous confronter, donc ça c’est déjà un premier gros avantage compétitif. Et qui se traduit très concrètement dans les faits par le niveau des remboursements. Aujourd’hui, pour une personne, on va pouvoir couvrir l’ensemble des frais jusque cinq millions de francs CFA et pour une famille jusque quinze millions de francs CFA », explique Mamoudou.
Des moutons commandés depuis l’étranger
En 2012, Laurent Liautaud a eu une idée révolutionnaire : proposer aux diasporas d’acheter directement des biens pour la famille restée au pays. Installé à Dakar, il a lancé la plateforme Niokobok. Depuis l’étranger, un expatrié à le choix entre un millier de produits qui seront livrés sur place. Electroménager, meubles, sac de riz ou de ciment et même moutons. Car pour la Tabaski, on peut offrir un mouton. Reste qu’il a fallu s’adapter aux contraintes locales.
« Les premières années, on était ravi de proposer des moutons en vidéo, donc on avait plus de 200 moutons en vidéo, avec leur nom et leurs caractéristiques, qu’on a pu livrer, se souvient Laurent Liautaud. Et en fait, on s’est rendu compte que c’était une maladresse de proposer ce service de cette façon, car on enlevait un plaisir à toute une famille qui était d’aller sur place choisir son mouton. Donc le système que l’on propose maintenant c’est de proposer à la famille de venir en famille en taxi, choisir un mouton sur un stand, avec un budget et de pouvoir faire elle-même son marché. »
Le tout aux frais de l’expatrié. L’achat direct pour les familles n’a pas réduit les sommes envoyés par les expatriés, a constaté Laurent Liautaud. Au contraire, au plaisir d’aider s’ajoute celui d’offrir.
Source : RFI