C’est une première au Mali. Quatre organisations de défense des droits des femmes ont déposé une plainte devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à Abuja, au Nigeria, contre l’Etat malien qui n’interdit pas les mutilations génitales féminines (MGF), selon une information rapportée par le site Maliactu.
Une plainte contre l’Etat
Des témoignages, des campagnes de sensibilisation, des promesses gouvernementales, mais rien ne change. Au Mali, des millions de filles sont systématiquement excisées avant l’âge de 15 ans. La pratique ancestrale est autorisée au nom de la tradition culturelle. Près de neuf femmes sur dix sont victimes de mutilations génitales, selon la dernière Enquête démographique et de santé de l’Unicef publiée en 2018.
Face à ce fléau, quatre organisations de défense des droits des femmes, Equality Now, Institute for Human Rights and Development in Africa (IHRDA), l’Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles (AMSOPT) et l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes (APDF) ont décidé de recourir à la justice africaine. Elles viennent de porter plainte contre l’Etat malien.
“Nous avons lancé plusieurs appels au Mali au cours des 18 dernières années. (…) Nous ne pouvons plus rester à ne rien faire car des milliers de femmes et de filles continuent d’être soumises aux MGF”
Faiza Mohamed, directrice du bureau Afrique d’Equality Now
Mali, le mauvais élève
Cette démarche auprès de la Cédéao vise essentiellement à mettre la pression sur l’Etat du Mali qui tarde à criminaliser les mutilations génitales féminines. Bamako a pourtant signé et ratifié toutes les conventions internationales et africaines garantissant la protection des droits des femmes. La majorité des pays du continent ont d’ailleurs adopté des lois contre l’excision, y compris le Soudan où la pratique est pourtant particulièrement répandue. Mais le Mali est à la traîne malgré plusieurs campagnes de sensibilisation. Depuis 2002, trois projets de loi sur les mutilations génitales féminines ont été bloqués par des députés musulmans conservateurs ou n’ont jamais abouti.
Même si l’adoption d’une loi ne suffit pas, c’est un premier pas indispensable pour lutter contre cette pratique considérée comme une torture par l’ONU.
Au moins 200 millions de filles et de femmes ont déjà subi des MGF et 68 millions de filles sont menacées d’ici à 2030. Outre le Mali, quarante pays dans le monde ne criminalisent toujours pas l’excision.
Source : Francetvinfo.fr