A Diéma, dans l’Ouest du Mali, on a coutume de dire : « quand le mil se porte bien, tout va bien ». L’alimentation de base des populations de cette localité étant le mil, cette céréale est beaucoup consommée. Cette année, dans cette bande du Sahel occidental, où les aléas climatiques sont, très souvent, défavorables, les récoltes ont été bonnes. D’importantes quantités de céréales récoltées, permettront de garnir les greniers et contribuer à l’autosuffisance alimentaire.
En pareils cas, c’est la grande joie au sein des populations. Pour exprimer leur bonheur, chaque soir, après le repas pris en commun, il n’est pas rare de voir des hommes, des femmes, danser, sans répit, aux sons endiablés des tams-tams.
Ici, tout le monde danse. L’étranger, qui débarque, nuitamment, à Diéma, pourrait se demander la raison de cette ambiance de fête ! Dès qu’il entend le roulement des tams-tams, il doit savoir, tout simplement, que les récoltes ont été fructueuses. Dans ce milieu majoritairement soninké, le vœu de chaque père de famille, est de pouvoir remplir de mil son grenier, à chaque récolte, pour avoir l’esprit tranquille.
Selon le chef par intérim du secteur de l’Agriculture de Diéma, Soumaïla Coulibaly, « la campagne agricole 2020-2021, est jugée moyenne à bonne. La production céréalière est satisfaisante dans l’ensemble ». « Pendant les 2e et 3e décades du mois de juillet, quelques poches de sècheresse ont été observées par localité, mais qui n’ont, nullement, affecté l’évolution normale des cultures », dit le technicien.
Au cours de leurs missions de supervision périodique, les techniciens prodiguent aux producteurs moult conseils, afin qu’ils prennent des dispositions pour la conservation de leurs productions et d’éviter, surtout, de les brader.
Dans d’autres localités, comme à Madiga Sacko où Mollah Sacko est producteur agricole, certaines craintes font jour. Mollah dit que l’abondance de pluies a causé des dégâts dans plusieurs champs, si bien que le petit mil a été sérieusement affecté. Cette spéculation a, souvent, besoin de soleil pour sa germination. « Cette année, la famine risquera de s’installer dans notre localité », déclare l’homme en sifflotant, les yeux au ciel.
En partance pour Gomitradougou pour se produire, Oumar Niafo, à la tête de sa Troupe théâtrale « Tériya », affirme avoir aperçu des bandes de moineaux dans les environs de Kouloudiègué. « Ces oiseaux ne pourront pas nuire au mil, à ce stade, car leurs becs sont impuissants pour picorer les épis. Actuellement, la plupart des champs ont été déjà récoltés, il n’y a, presque rien, à détruire par les déprédateurs », explique le comédien. L’observation est, dans la zone, la base de la science des choses et des phénomènes.
Cheickné Dabo, résident à Nafadji, a récolté son champ de sorgho situé derrière les concessions, Il a obtenu plus de la tonne. La technique utilisée par ce jeune producteur consiste à faire le désherbage à temps de ses champs. Ce qui permet une meilleure aération des tiges et leur donne plus d’énergie, afin d’accroitre la productivité. « Plus les herbes restent longtemps durent sous les cultures », explique l’homme, plus elles les anéantissent.
Interrogé sur le sujet, Tama Diarra, producteur agricole à Kana, dit que leur village est confronté à une insuffisance de terres arables. Ce qui fait que la plupart des paysans exploitent des bas-fonds et des ravins où les eaux stagnent, souvent, longtemps. « Cette année, la campagne est déficitaire dans notre village à cause des inondations. Comme on dit souvent, l’abondance de toute chose est nuisible », ajoute-t-il, le visage renfrogné.
Après la récolte de ses champs, Boubou Traoré, notable à Fangouné Bambara, ne reste pas les bras croisés, il s’adonne au maraîchage. En dépit d’une insuffisance de moyens matériels pour promouvoir son activité lucrative.
Bonata Traoré, Président de l’Association de santé communautaire (ASACO) de Gomitradougou, raconte que les champs aux alentours des concessions ne présentaient pas un état végétatif satisfaisant. Leurs propriétaires ont vu leurs maigres cultures dévastées par des animaux en divagation.
Djimé Kamissoko, notable à Farabougou, laisse entendre que la récolte des champs appartenant aux femmes est terminée et celle des hommes est en cours. Il assure que la production céréalière du village les conduira jusqu’aux prochaines récoltes. « Il n’y aura pas de famine dans notre village cette année, certifie l’homme. Les terres ici sont propices au petit mil ». Dans cette localité, rapporte notre interlocuteur, tous les deux ans, les producteurs agricoles font la jachère, ils aménagent de nouveaux champs pour accroître leurs rendements.
De l’avis de Tata Traoré, producteur agricole à Lambidou, la campagne a comblé toutes les attentes. Si les producteurs ne bradent pas leurs céréales. Il se réjouit des trois tonnes que lui a rapportées un seul de ses champs de sorgho, contrairement à la compagne précédente où, d’après lui, son gain était modique.
Gagny Yara, Maire de la Commune rurale de Guédébiné, compte renforcer les mesures de sensibilisation auprès des producteurs agricoles pour arrêter la vente quotidienne des céréales dans sa commune.
Des commerçants maures commencent à venir. Les femmes leur vendent toutes leurs productions, mil aussi bien qu’arachide. Même s’il ne pratique pas l’agriculture, personnellement, chaque année, l’élu met à la disposition de certains producteurs ses lopins de terres cultivables. « Dans les foires hebdomadaires de Koungo, Béma et Fassoudébé, dit-il, les producteurs, particulièrement les femmes, vendent à vils prix leurs céréales aux commerçants mauritaniens.
Abdoulaye Touré, producteur agricole à Diéma, a insiste, surtout, sur la mise en place rapide des stocks de sécurité dans les différentes banques de céréales, pour éviter la crise alimentaire.
Mahamadou Kamissoko, 1er adjoint au Maire de la commune rurale de Béma, attire l’attention des autorités sur les dégâts causés par les oiseaux granivore sur les cultures. « Ces dégâts, même si certains les qualifient de légers, dit-il, ont eu des impacts négatifs sur certaines récoltes ».
Les autorités locales de Diéma encouragent, depuis un certain temps, l’approvisionnement correct des banques de céréales au niveau des communes. Et invitent les producteurs agricoles a éviter le bradage de leurs céréales afin de se mettre à l’abri d’une éventuelle disette.
OB/MD
Source : (AMAP)