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SOUS-TRAITANCE DE LA SÉCURITÉ DANS LE CENTRE : L’ETAT MALIEN POURRAIT Y ESSUYÉ UN VIOLENT EFFET BOOMERANG

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Ce serait tout simplement une lapalissade que dire, présentement dans les localités du centre, en remontant un peu plus vers le septentrion, les communautés peules ne savent plus à quel saint se vouer, tellement elles sont victimes de violences et autres exactions de toutes sortes.

Si à l’origine de ce malheur qui frappe les populations civiles peules dans le centre du pays, on évoque la lutte contre les djihadistes qui avaient envahi les lieux, force est de reconnaître que de nos jours, lesdites populations sont tout simplement victimes d’amalgame qui voudrait que tout peul soit considéré comme djihadiste et combattu à ce titre. Le plus aberrant dans cette situation est que non seulement des milices communautaires se prêtent volontiers à cet amalgame, mais aussi des soldats maliens, censés protéger les populations civiles de quelque bord qu’elles soient, sont souvent accusés de commettre des exactions à l’endroit des communautés peules.

Ces exactions contre les communautés peules étaient devenues tellement récurrentes que le ministre de la défense d’alors avait reconnu publiquement l’implication des soldats maliens dans des actes d’exécutions sommaires. Malheureusement, comme à l’accoutumée, des enquêtes avaient été promises mais n’ont jamais rien donné et le supplice des communautés peules continue de plus belle. Les autorités étatiques ne peuvent pas ignorer le calvaire des communautés peules vivant dans les localités du centre et qui consiste à les mettre entre deux feux. D’un côté les attaques récurrentes perpétrées par des milices communautaires et de l’autre côté, les exactions commises contre elles par des soldats maliens, ceux-là même qui sont censés les protéger. C’est donc à juste raison si des organisations de la société civile peule donnent de la voix, par-ci et par-là, pour condamner ces violences intercommunautaires dont pâtissent les peuls et aussi interpeller le gouvernement. Il faut dire que le leitmotiv commun aux organisations communautaires peules est surtout le désarmement des différentes milices d’autodéfense. Cette prise de position des organisations communautaires peules est d’autant légitime quand on sait qu’en réalité le calvaire des peuls dans le centre ne découle que des hésitations de l’Etat, dans sa politique sécuritaire.

En effet, c’est un secret de polichinelle que dire, en 2015, lorsque les groupes djihadistes,  avaient commencé à investir des localités dans les régions de Ségou et de Mopti, en s’attaquant essentiellement aux symboles de l’Etat, nos troupes qui étaient déployées sur les lieux en question, ont tout simplement déguerpi, laissant les populations civiles à la merci des envahisseurs. Dans sa stratégie de combat contre les djihadistes, l’Etat a jugé bon de tisser une connexité entre lui et certaines milices communautaires. Bien sûr qu’une telle attitude de la part d’un pouvoir d’Etat était loin d’être honorable dans la mesure où elle en appelle à une espèce de sous-traitance de la sécurité du territoire. A l’époque, comme il fallait s’y attendre, il a été constamment reproché au gouvernement, son hésitation pour adopter une attitude claire contre la montée des groupes djihadistes du FLM, dans les régions du centre. Ayant essuyé de nombreuses critiques, l’autorité d’Etat avait fait une lecture pragmatique de la situation mais qui, malheureusement, a débouché sur un accroissement de la violence. En effet, le pouvoir d’Etat avait estimé qu’il pouvait armer des acteurs non étatiques pour ensuite les associer à l’action militaire sur le terrain, afin de mieux contrecarrer les actions des djihadistes. Mais c’était-là, l’erreur à ne pas commettre quand on sait que des milices communautaires se sont finalement retrouvées avec des armes relativement modernes dont des kalachnikovs qu’on ne devrait normalement trouver qu’au sein de l’armée nationale. Ces acteurs armés non étatiques, au lieu de contribuer à la sécurisation des personnes et de leurs biens, au lieu de contribuer à la restauration et à la stabilisation de la zone, ont plutôt accentué les tensions en se laissant aller à un amalgame dangereux.

Ce qui amènera certains observateurs à accuser l’Etat malien et à lui trouver des responsabilités dans ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui, le calvaire des peuls dans le centre du Mali.

Ce qui complique davantage la situation est que cette erreur monumentale de l’Etat a favorisé la prolifération de groupes de bandits, sous le vocable de ‘’djihadistes’’, qui terrorisent les paisibles citoyens, toutes ethnies confondues. Et c’est justement la lutte contre ces groupes de bandits qui vaille d’être menée et c’est là un devoir régalien pour les FAMA. On sait que nombreuses sont les localités du centre où les populations réclament à cor et cri la présence des FAMA pour sécuriser les populations et leurs biens. C’est dans le cadre de cette interpellation que le leader du groupe d’autodéfense dogon ‘’Dan Na Ambassagou’’, Youssouf Toloba, a lancé un appel aux autorités maliennes pour que celles-ci fassent en sorte d’envoyer des militaires dans le ‘’Pays Dogon’’. Son appel est même assorti d’un ultimatum comme quoi : ‘’Si jusqu’au 20 décembre 2020, l’Etat malien n’envoie pas de militaires dans son fief, alors lui et ses hommes rejoindront le camp des djihadistes’’. De cette menace, qu’il faudrait pourtant prendre au sérieux, on peut alors déduire que l’Etat malien pourrait alors essuyer un violent effet boomerang de son soutien à la formation et à l’équipement des milices d’autodéfense.     

Source : Le Soir De Bamako

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