Il est loin le temps où les fripes étaient juste pour les plus démunis. Loin de faire totalement l’unanimité, cédées à bas prix, elles attirent pourtant de plus en plus.
Aujourd’hui, tout le monde y trouve son compte. Petits, grands, toutes classes sociales confondues. Quand on va au marché, difficile de ne pas voir, entendre et être attirés par les prix alléchants et les chansons des vendeurs et vendeuses de fripes : robes, jupes, pantalon, hauts « body » à seulement 200 francs CFA. Des chansons même drôles se font entendre : « J’ai les robes de Babani Koné, les robes de Tata Bambo, les robes de Rihanna… »
En effet, on peut trouver dans les fripes toutes sortes de marques étrangères qui font fantasmer comme H&M, Zara, Berschka, entres autres. En plus, certains articles ont encore leurs étiquettes d’origine, preuve qu’ils n’ont peut-être jamais été portés, car dans la fripe il y a aussi des restes des grandes enseignes. Ce que ces enseignes appellent le surplus. A cela, s’ajoute le fait que se tourner vers ces marques de renommée internationale dans les boutiques d’habits neufs peuvent donner lieu à une certaine arnaque, tant la contrefaçon a atteint son paroxysme sous nos tropiques.
Comprendre l’évolution du marché de la friperie
Quelques temps après les indépendances, les industries du textile ont commencé à disparaitre, et cela a favorablement contribué à l’évolution du marché de la friperie mais aussi l’idée qu’on se faisait de la classe, de l’homme civilisé, de la beauté. Pour ne pas se ruiner dans les costumes trois pièces, les robes de soirée en velours ou en soie, les robes de marque, la solution de facilité était donc la friperie.
Par ailleurs, certains pensent que c’est rabaissant de porter des habits déjà utilisés et que la friperie fait de l’Afrique le dépotoir de l’Occident. D’autres estiment cependant qu’un tour au lavage est suffisant pour que le tour soit joué.
« Tout le monde s’en sert »
Au marché, beaucoup de femmes sortent souvent l’excuse d’aller à la friperie pour leurs assistantes ménagères. Et à côté, on a celles qui donnent le secret : « Pour avoir les meilleurs articles, il faut être persistante, se débarrasser de la honte et fouiller jusqu’à en avoir mal aux poignets.»
Les hommes ne sont pas en reste. Bien qu’on ait l’impression qu’ils découvrent pour la majorité la friperie, certains sont des fidèles clients depuis des années. Ils viennent fouiller comme les femmes.
Les prix sont abordables et varient entre 50 et 5000 francs CFA pour les habits, et jusqu’à 10.000 francs FCA pour les chaussures et les sacs griffés. Les habits d’enfants étant souvent les plus chers comme un peu partout d’ailleurs.
Ennuis de santé
Petit bémol cependant. A trop en faire, on peut s’attirer des ennuis de santé. Cela s’adresse particulièrement à celles et ceux qui achètent leurs petites culottes, et caleçons dans la friperie. Beaucoup trop de risques.
Alors oui, il serait préférable qu’on ait au Mali une industrie textile de la même trempe que les marques internationales qu’on convoite. Et qu’elle puisse permettre d’investir dans l’économie de notre pays. Mais ce marché de la friperie constitue une économie et une entrée d’argent considérable pour les vendeurs et les acheteurs. En attendant de voir ouvrir des usines de fabrication de ce genre d’habits au Mali, profitons de cette mode à bas prix. Avec modération.
Source : Benbere