Le Centre Carter qui tient le rôle d’Observateur Indépendant de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, a rendu public ce jeudi 16 décembre 2020, son rapport de fin d’année. C’était à la faveur d’un point de presse animé par les représentants du Centre à son siège à Badalabougou. Au cours des échanges avec les hommes de médias, Jean NTole KAZADI, conseiller spécial adjoint de l’Observateur Indépendant au Mali a déclaré qu’il y a eu peu de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord en 2020. Toutefois, il a estimé que la Transition offre une nouvelle opportunité.
Pour lui, si 2020 a été une année particulièrement difficile, la Transition offre une opportunité pour les Parties de recentrer leurs efforts et d’améliorer la mise en œuvre, mais à condition qu’elles changent leurs pratiques.
Ce rapport, huitième du genre du centre Carter sur le processus de mise en œuvre de l’Accord, rend compte des principales causes du retard et des progrès limités enregistrés en 2020. Il jette un regard, donne une appréciation générale de la mise en œuvre, après trois ans d’observation. Parmi les principales causes du retard, le Centre dénonce le manque d’engagement des Parties ; la crise socio-politique ayant conduit au coup d’État et à la mise en place de la Transition, ainsi que la pandémie de COVID-19.
Plus de cinq ans après la signature de l’Accord, presque toutes les étapes intermédiaires ont été franchies. Pour l’Observateur indépendant, les actions doivent désormais se focaliser sur les dispositions essentielles de l’Accord, à savoir : une plus grande représentation des populations du Nord dans les institutions nationales et l’avancement du processus de décentralisation.
C’est pourquoi les recommandations de l’Observateur Indépendant mettent l’accent sur des actions structurantes et de court terme qui contribueraient à recentrer les efforts des Parties, renouveler la méthode de travail, et surmonter les obstacles, afin de réaliser des progrès concrets pour la paix et la sécurité au Mali. Le rapport présente aussi des observations spécifiques sur la période d’avril à novembre 2020, ainsi qu’un bilan détaillé de l’état d’exécution des engagements contenus dans l’Accord.
Ainsi, pour la relance de ce processus en panne depuis quelques années, le Centre Carter formule six grandes observations et leçons, et propose six recommandations pour soutenir un nouvel élan. Il s’agit aussi de la réalisation du processus de démobilisation, désarmement et réintégration ; la réforme du secteur de la sécurité, la formation de l’armée reconstituée et son redéploiement.
De même, le Centre Carter exige la réalisation de projets concrets porteurs de développement économique au Nord ; les réformes nécessaires pour une justice de proximité, équitable et efficace ; et des actions fortes en faveur de la réconciliation nationale.
Pour la relance du processus, le Centre Carter invite le Gouvernement à mettre en place un organe de travail malien unique, fort, inclusif et capable de coordonner l’exécution de décisions concertées sur tous les aspects de l’Accord, ou à défaut de mettre en place un cadre de travail plus cohérent. La question de l’architecture malienne de mise en œuvre fait partie des principaux problèmes depuis 2015.
De la même manière, des dispositions centrales restent à mettre en œuvre pour une décentralisation approfondie et une représentation des populations, y compris du Nord, dans les institutions nationales.
Le rapport appelle le Président, le Vice-Président, le Premier ministre, et les Mouvements signataires, désormais représentés au sein du Gouvernement, à exprimer publiquement leur soutien à l’Accord afin d’expliquer aux Maliens ses bénéfices pour la paix et la sécurité nationale, et ce, dans tout le pays.
Un appel est également adressé à la communauté internationale qui s’est réellement mobilisée dans la période qui a suivi le coup d’État pour défendre la pertinence et la centralité de l’Accord pour la paix et la stabilisation du Mali.
Abdoulaye OUATTARA / afrikinfos-mali