Si beaucoup passent la journée ou la nuit dans les mairies pour pouvoir être sur la liste des personnes retenues pour l’enrôlement au Ravec, d’autres donnent des pots de vin pour aller très vite.
Le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a lancé une opération spéciale d’enrôlement et de retrait des fiches descriptives individuelles dans les centres principaux d’état civil du District de Bamako, la mairie du District de Bamako ainsi que le Gouvernorat du District de Bamako.
L’opération court du 1er au 31 décembre 2020. Le but recherché est de collecter les données biométriques des jeunes âgés de 15 ans et plus figurant dans la base de données du Ravec et ne disposant pas de photo et d’empreintes digitales. Aussi, les personnes non enregistrées dans le Ravec seront enrôlées afin de faciliter la délivrance des fiches descriptives individuelles et leur inscription sur les listes électorales.
Cette initiative combien salutaire des autorités est en train de prendre un sacré coup à cause des agissements de certains agents recenseurs. Des agents de certaines mairies veulent profiter de ce moment pour se faire la poche. Aussi, ont-ils décidé de limiter le nombre de personnes à enrôler soit 20 à 50 personnes par jour. Des agents recenseurs de certains centres ont, semble-t-il, mis en place une technique pour soutirer de l’argent aux jeunes surtout ses derniers jours.
Quand l’argent dicte ses lois
Elle consiste à faire payer aux usagers qui se disent être pressés une somme de 5 000 ou 10 000 F CFA contre l’inscription de leurs noms sur la liste du jour. « Quand tu veux être inscrit, il suffit de voir en « aparté » un des recenseurs et lui proposé de l’argent. Il te demande de patienter. « Pendant qu’on passe toute la journée, un camarade dont les parents ont les moyens est venu. Il a attendu 14h, l’heure de la pause. En moins d’une heure, après la reprise, il a pu être enrôlé », martèle, I.F, le visage déprimé.
Pour ce dernier, il est difficile de savoir ceux qui ont leurs noms sur la liste. Cette situation est du coup préjudiciable pour les nombreux jeunes qui viennent tôt dans les mairies.
Interrogés, deux jeunes venus d’une capitale régionale pour s’enrôler racontent leurs martyrs. « Le premier jour, on est venu vers 8h, ils ont dit que la liste est close. On est retourné à la maison dans l’espoir d’être sur la liste le lendemain. Pour cela, nous avons pris les dispositions qu’il faut. Nous avons quitté la famille à 4h, ce jour aussi, impossible d’être sur la liste. On nous a annoncé que le nombre des 50 personnes était atteint. Le 3e jour, on a décidé de passer la nuit devant la mairie. De 15h jusqu’au petit matin. A notre grande surprise, on nous dit qu’ils vont prendre en compte les personnes qui n’ont pas pu être enrôlées il y a 3 jours », a témoigné M. D, bachelier de son état.
A notre passage à la mairie de la Commune V, VI, des centaines de jeunes attendaient pour se faire inscrire sur la liste du jour. « Si nous ne passons pas aujourd’hui, on sera obligé de passer la nuit et voir ce que demain va nous réserver », nous a confié, Y.S.
L’intéressement de ces nombreux jeunes au Ravec prouve à suffisance le degré d’importance de la carte Nina pour les uns et les autres. Aujourd’hui, au Mali comme ailleurs, c’est cette fameuse carte Nina qui est le document administratif exigé pour postuler à un concours ou pour voyager. A cet effet, les autorités doivent faire en sorte que l’accès à ce document soit facile comme pour la carte d’identité nationale.
Yaye Astan Cissé
Source : Arc en Ciel