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Pierre Buyoya un homme de consensus et de paix s’en est allé

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Ses admirateurs parmi notre génération l’ont surtout connu dans cette dernière décennie où il a consacré sa vie à la quête effrénée de la paix dans la région du Sahel et surtout au Mali ; un pays qui le considère plus comme ami que diplomate de son état, en tant qu’Envoyé Spécial de l’Union africaine à la tête de la MISAHEL.

Rendre dûment hommage à un tel homme d’Etat ne serait pas chose aisée et demanderait une difficile exhaustivité sur une personnalité multidimensionnelle. Le Président Pierre Buyoya inspire le respect pour les hommes de sa génération mais est source d’inspiration pour les jeunes cadres dont je suis qui l’ont pratiqué et observé avec admiration voire fascinations dans les couloirs de l’Union africaine, dans les longs rounds de négociation comme dans les coulisses diplomatiques lorsqu’il s’agit de sauver les situations les plus critiques.

Ce sont les sages de ce pays qui l’a adopté – le Mali – qui rappellent, toujours, que l’avenir sort du passé. En effet, pour témoigner de l’œuvre de paix de Pierre Buyoya, il faut nécessairement revisiter son parcours exceptionnel pas seulement d’Homme d’Etat mais surtout d’orfèvre discret et ingénieux de la paix dans des contextes où beaucoup de diplomates abdiqueraient.

Rien d’étonnant pour ce conciliateur qui dans le contexte difficile du Burundi a eu la perspicacité de mettre en place, en février 1991, une journée de l’Unité nationale et résista à toutes les sirènes de la division et de l’ethnicisme ambiant en composant un gouvernement intégrant toutes les communautés et forces vives de la nation. Il faut rappeler que c’est la Constitution de 1992 qu’il adopta qui permit d’aboutir à des élections multipartites et libres dans une période où il marqua non seulement son pays le Burundi mais présidera aux destinées de la CEEAC mais aussi de la Commission économique des pays des Grands Lacs (CEPGL).

Rien de surprenant dans son destin de faiseur de paix au point que l’Afrique lui fait confiance sur l’épineux dossier sahélien, si l’on se rappelle qu’il fut en 2000, sous l’égide d’un certain Nelson Mandela, le courageux signataire des accords d’Arusha pour la paix au Burundi. Mais, dès la remise paisible du pouvoir au Président Domitien Ndayizeye, en avril 2003, Pierre Buyoya reprit le bâton de pèlerin infatigable de la paix en Afrique et dans le monde.

L’Afrique doit lui rendre hommage et l’élever au Panthéon des immortels constructeurs de la paix, lui qui nous quitte à une période où le continent avait le plus besoin de son expérience et de son esprit de don de soi pour les causes africaines. Pendant qu’il était aux affaires dans son propre pays, Pierre Buyoya avait déjà mis en place la Fondation pour la Paix et la Démocratie qui, en dehors de sa vocation, d’éclairer sur les questions constitutionnelles et les systèmes politiques œuvrait pour l’éducation et le travail social en faveur des couches les plus vulnérables. Militant du développement intégré et émancipateur d’une Afrique unie dont il rêvait, il rejoint le Council for African Advisor dès 1993.

Un témoin en même temps acteur de la démocratisation du continent s’en est allé après avoir laissé son empreinte indélébile sur les processus électoraux dans différents pays du continent. L’Histoire retiendra qu’il fut l’observateur des premières élections post-Apartheid en Afrique du Sud. L’Afrique et le monde ne lui laisseront plus de repos que ce soit au Burkina Faso, en République Centrafricaine, en Mauritanie, etc. Bref, le Président Buyoya a été sur tous les fronts de la paix pour éviter les conflits retardant continuellement le développement d’un continent qu’il chérissait tant au point d’en devenir le citoyen de tous les pays.

Le cœur serré, les larmes en flots, la voix tremblante, je me sens, aujourd’hui, assommé par sa disparition que je ressens comme le sifflet prématuré d’une séance d’apprentissage encore inachevée à ses côtés.

Ma grande tristesse comme certainement celle de tous ses collaborateurs et admirateurs de notre génération est qu’une certaine réserve et un profond respect à sa pudeur et à sa discrétion nous empêchent, aujourd’hui, de dire à l’Afrique et au monde toute l’étendue de son œuvre pour la paix et la stabilité du Mali et au Sahel.

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