1829 cas positifs dont 274 graves et 91 cas critiques. C’est le tableau du seul mois de décembre de la pandémie à coronavirus avec son bilan macabre qui a dépassé la barre des 200 morts et sans compter les milliards de FCFA de pertes pour l’économie. Pire, il nous revient de source médicale, qu’il n’y a plus de lit pour les patients atteints de la pandémie. Au seuil de la catastrophe, le gouvernement a décidé de réajuster son plan de riposte du contre la COVID-19 par l’adoption de nouvelles mesures d’urgence et des mesures d’accompagnement complémentaires. Dans la foulée, un conseil des ministres extraordinaire a été convoqué le 18 décembre 2020, par visioconférence, sous la présidence du président de la transition, Bah N’DAW.
En effet, dans la droite ligne de l’état d’urgence instauré sur le territoire national à compter du 19 décembre 2020 à 00 heure, l’équipe de Moctar Ouane a entériné la fermeture des écoles et la suspension des audiences publiques dans les juridictions précédemment décidées par les ministres concernés, d’interdire les festivals et spectacles culturels, etc. S’y ajoutent la fermeture des rues marchandes, des lieux de loisirs (bars, restaurants et discothèques) dès minuit et la limitation des rassemblements à 50 personnes au plus. Ce n’est pas tout. Tandis que les établissements de tous les ordres d’enseignement sont fermés jusqu’au 4 janvier 2021, le contrôle sera renforcé aux frontières aériennes et terrestres. Ces mesures préventives sont par ailleurs confortées un régime de port obligatoire du masque (dans les lieux publics et dans les transports en commun) assorti de sanctions à l’encontre des contrevenants.
Dans le même sillage, les autorités de la transition comptent sur l’acquisition massive d’intrants médicaux (kits de dépistage, box d’oxygène et respirateurs) en vue d’entreprendre le dépistage de masse et la réalisation des tests rapides sur les cas symptomatiques, étendre la mesure du télétravail ou du système de rotation au secteur privé pour toutes les entreprises employant plus de 50 personnes ; pulvériser les marchés tous les jours à partir de 18 heures et appuyer les organisations de la société civile en les dotant de kits de pulvérisation. Pour la matérialisation des mesures, des comités de veille seront à pied d’œuvre avec la mission de sensibiliser sur les gestes barrières à travers tout le pays.
En guise d’accompagnement, le gouvernement s’engage à la distribution massive et gratuite de masques, de solutions hydro-alcooliques et de kits de lavage de main dans les lieux publics, tandis qu’une compensation des entreprises affectées par les mesure se fera sous forme d’allègement fiscal dont l’octroi de crédits d’impôts, u moratoire sur le paiement de certaines taxes ou redevances ainsi que le soutien direct aux entreprises et acteurs culturels.
Les mesures d’accompagnement se traduiront également par l’extension des tranches sociales à toutes les catégories de consommateurs d’eau et d’électricité pour les mois de décembre 2020 et de janvier 2021, sans compter l’exonération pendant la même période de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les mêmes produits. Enfin, une prime spéciale COVID-19 sera accordée au personnel du ministère de la santé et du développement social et au personnel du ministère de la sécurité et de la protection civile impliqués dans la lutte contre la maladie à Coronavirus à travers un décret. Sauf que la batterie de mesures en l’état est paraissent pas suffisantes pour juguler l’avancée spectaculaire d’une pandémie à laquelle peu de Maliens ne croient. En effet, ce bouclier préventif que les autorités ont érigé contre le Coronavirus serait plus efficace et complet si les restrictions n’épargnaient pas les lieux de culte.
Et, comme le régime déchu, face à la pandémie les autorités de la Transition ont étalé sur la place publique leur faiblesse devant les confessions religieuses, exceptionnellement autorisées à défier la pandémie par les prières collectives des vendredis pour les mosquées et la messe pour les églises. Comme quoi les leaders religieux continuent d’influencer la décision des plus hautes autorités. D’où l’intrigante interrogation de savoir ce vaut l’interdiction sélective des rassemblements humains et convergences de masse dont les effets ne sauraient produire l’effet préventif escompté ?
Amidou KEITA
Source: Le Témoin