Depuis hier après-midi le suspense est à son comble concernant le Brexit. Les rumeurs faisant état de ce que les négociateurs étaient proches d’un accord final se sont multipliées mercredi à Bruxelles. De nouvelles concessions auraient été faites par le Royaume-Uni à huit jours de la fin de la période de transition et de la sortie effective de l’UE. Mais pour l’instant rien ne filtre de définitif et il n’y a toujours pas de fumée blanche sur Berlaymont, le bâtiment principal de la Commission à Bruxelles…
La conférence de presse attendue de Boris Johnson a déjà été reportée deux fois (dans la nuit et tôt ce matin) mais ces dernières heures le climat était à l’optimisme, et les confidences concordantes, « nous sommes dans la phase finale… il y a de grande chance d’un accord » entendait on à Bruxelles ; « marché conclu », peut-on lire dans certains médias britanniques. Même le tabloïd le plus lu du Royaume Uni, le Sun –journal influent chez les Brexiters– faisait sa Une ce jeudi sur l’accord tant attendu déjà signé, avec un Boris Johnson en tenue rouge de père Noël et un gros cadeau, celui de l’accord, enveloppé dans un drapeau britannique évidemment…
Le travail de conviction auprès des opinions publiques a déjà commencé : les Britanniques ont fait d’énormes concessions, dit-on à Bruxelles et à Paris ; les Français ont beaucoup lâché, raconte t-on à Londres…
La pêche et la « final touch » ?
Pour beaucoup, la fermeture des frontières européennes avec le Royaume-Uni a précipité les choses en faisant la démonstration de ce que pourrait être un Brexit sans accord, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet.
On n’a jamais été aussi près d’un accord depuis le début des négociations en février-mars, des négociations de la vingt-cinquième heure peut-être mais qui n’ont véritablement commencé qu’après le sommet européen de mi-octobre, l’échéance que Boris Johnson s’était fixée et que les Européens ont tenue pour négligeable.
Pour ces dernières heures, les débats des négociateurs ont porté sur les 650 millions d’euros annuels des prises de poisson dans les eaux britanniques et la perspective d’une réduction d’un quart des prises des pêcheurs européens, avec un retour à la souveraineté totale du Royaume-Uni sur ses eaux territoriales dans cinq à sept ans
Pour l’heure les capitales seraient en train d’examiner les garanties finales concédées par Londres avec la perspective d’une convocation qu’on espère imminente du comité des représentants, c’est-à-dire les ambassadeurs des 27 à Bruxelles ; ce sont eux qui devront valider l’accord.
Accord définitif ou accord provisoire ?
De multiples questions en suspens : ce fameux texte est-il long de 2000 pages comme on le murmure depuis des jours ; en quelles langues sera-t-il traduit ? et surtout, peut-il entrer en application le 1er janvier ?
Pour cela, il y a plusieurs étapes à franchir : une validation des 27 soit un conseil européen extraordinaire, un vote du Parlement britannique ensuite… soit un retour des députés à Westminster pendant les fêtes. L’hypothèse avait de toute façon déjà été évoquée.
Reste une dernière étape, le vote du Parlement européen. Pas simple, les eurodéputés l’ont déjà fait savoir : ils sont furieux de voir se profiler une adoption à marche forcée à leurs yeux.
Dimanche dernier était déjà censé être la date limite pour eux pour examiner un accord sur la table. Il reste alors cette possibilité : faire appliquer les clauses de l’accord de manière provisoire et voter ce texte un peu plus tard… début 2021.
RFI