Au moins 7 personnalités ont été interpellées ces derniers jours par la sécurité d’État, dont le chef de cabinet de la présidence, Sékou Traoré. Mais l’arrestation qui suscite le plus de réactions dans les médias, c’est celle de l’animateur radio Ras Bath, tombée « comme une tuile sur la tête des Maliens », estime Le Soir de Bamako.
L’incompréhension est grande selon la conférence des faîtières de la presse, citée par Le Nouvel Horizon : « On ne peut pas s’entretenir avec deux ministres qui nous ont donné des garanties [sur la liberté de la presse] et en arriver là. Soit ils nous ont floués, soit il y a un autre niveau de gestion différent des autorités actuelles », s’agace l’un des membres de l’association.
Pour Jeune Afrique, « cette interpellation intervient dans un climat tendu entre les autorités de la transition et les organisations de la presse malienne, qui craignent de voir leur liberté d’expression limitée par les mesures annoncées par le gouvernement pour faire face à la seconde vague du Covid-19. »
Le groupe Renouveau pour lequel travaille Ras Bath a en tout cas fait part de « sa stupéfaction » et attend des précisions, car, explique L’Essor du Mali, « aucune information officielle » n’est venue justifier cette interpellation, qui avait dans un premier temps fait craindre un enlèvement, rappelle Le Républicain.
Selon Le Soir de Bamako, l’arrestation du chroniqueur et militant serait lié à « une plainte pour outrage au président de la république et à l’armée », car Ras Bath « n’est plus en odeur de sainteté avec certains milieux officiels. »
Le journal estime que son cas n’est pas lié aux autres arrestations, organisées quant à elles en réponse à un « plan de déstabilisation » qu’aurait fomenté l’ancien Premier ministre Boubou Cissé.
Les journaux relaient la communication de l’ex-chef du gouvernement sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita. Boubou Cissé dénonce une cabale « destinée à le mettre en porte à faux avec les maîtres du jour », explique l’Essor, et il dément toute tentative de déstabilisation de la Transition. « Mieux vaut prévenir que guérir », poursuit le quotidien, car l’ancien Premier ministre « est déjà dans le collimateur de la justice dans l’affaire de la tuerie des jeunes manifestants devant le domicile de l’imam Dicko. »
Le Soir de Bamako juge quant à lui « farfelu » ce plan de déstabilisation, le journal estime que « depuis la mise en place des autorités de la transition, certains se sont inscrits dans une logique de vilipender les anciens dignitaires. »
L’affaire pose en tout cas beaucoup de questions selon Aujourd’hui au Faso : « y’a-t-il vraiment eu tentative de déstabilisation ? Assimi Goïta et ses camarades ne sont-ils pas en train d’étouffer toute contestation et d’imposer une chape de plomb en cette période d’incertitudes? Doit-on penser à une opération de salubrité publique ou de nettoyage des écuries du régime déchu ? »
Et le quotidien burkinabè de poursuivre : « les interrogations se bousculent dans les esprits et nul ne saurait dire avec exactitude et précision, ce qui se passe sur les bords du Djoliba. Seuls le colonel Goïta et ses troupes pourront éclairer la lanterne. »
Les préparatifs de Noël perturbés par le Covid-19
Autre sujet qui revient dans la presse africaine, les préparatifs des fêtes de fin d’année, forcément perturbés par le Covid-19.
Au Burkina Faso, Le Pays ne cache pas son inquiétude face à la récente recrudescence du nombre de cas de Covid-19, « pas étrangère » selon le quotidien, aux rassemblements électoraux et aux festivités du 11 décembre, notamment.
Et le journal de s’alarmer des possibles conséquences sanitaires « des grandes retrouvailles de fin d’année ». Le Pays rappelle que plusieurs pays dont le Mali, la RDC, le Sénégal, la Mauritanie et plus récemment le Maroc ont « déjà pris le risque politique de fermer à nouveaux des sites sensibles comme les lieux de culte, les établissements d’enseignement, les bars et restaurants à cause de la recrudescence de la pandémie. »
« Chez nous aussi, les autorités doivent préparer les esprits à cette éventualité certes catastrophique du point de vue économique et social, mais », poursuit le journal « malheureusement inévitable si le nombre de cas confirmés continue de flamber. »
En Guinée, Le Djely est parti en reportage dans la ville de Kankan où les églises catholiques et protestantes sont bien ouvertes et se préparent à accueillir leurs fidèles. Après un mercredi consacré aux enfants et à la décoration, tout est prêt pour les célébrations d’aujourd’hui et demain. Dans la prudence évidemment car comme le résume une Kankanaise interrogée « l’essentiel, c’est la santé ! »