Un « Mali nouveau ». C’est le leitmotiv du nouveau gouvernement de transition et l’aspiration de tout un peuple. L’un des plus grands défis à relever est le chômage massif des jeunes. Au Mali, 2/3 de la population ont moins de 25 ans et pour cette tranche d’âge, le taux de chômage est d’environ 22% selon une étude de l’Institut national de la statistique du Mali (INSTAT).
Ce problème, qui persiste depuis belle lurette dans notre pays, est dû en grande partie au déphasage entre la formation qu’offrent nos universités et le marché de l’emploi. Une reconversion vers des corps de métiers plus porteurs pourrait être une solution.
« Secteurs porteurs »
Au Mali, il y a peu d’emplois, et c’est très paradoxal. Un exemple concret est l’Office du Niger, avec ses 100 000 hectares de terres irrigués qui n’étaient jusqu’en 2016 exploités qu’à seulement 24 %. Une véritable mine d’or pour la jeunesse. Ainsi, l’agriculture peut être un domaine pourvoyeur de centaines de milliers d’emplois pour la jeunesse.
Le secteur de la technologie emploie également. Tout comme le génie civil, le Mali étant en chantier. Il faut également mentionner le secteur de la santé et de l’éducation. Notre pays est en manque de personnel dans ces deux domaines. Les autorités compétentes doivent donc organiser des formations et stages de reconversion massive à l’échelle nationale en partenariat avec le secteur privé.
Communiquer et sensibiliser
Le problème du chômage est aussi d’ordre communicationnel. Beaucoup de jeunes inactifs interrogés ne connaissent pas l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) par exemple et ignorent l’existence du Centre de perfectionnement et de reconversion (CPR) ouvert aussi bien aux travailleurs qu’aux demandeurs d’emploi. Il va falloir donc intensifier la communication pour qu’ils sachent que la reconversion est bien possible.
Tout le monde ne peut pas être dans un bureau. Et, il n’est pas évident qu’on exerce forcément un métier relatif à notre diplôme. Aussi, les places sont-elles limitées dans la fonction publique qui recrute de moins en moins. C’est le message qu’il faut inculquer aux jeunes chômeurs pour faire évoluer le schéma mental à ce niveau.
Il est essentiel que les différents acteurs fassent davantage de communication autour de l’emploi des jeunes, multiplier les séminaires pour les mettre au courant des réalités économiques et sociales du pays.
« Se frayer de nouveaux chemins »
Parmi ces jeunes qui ont décidé de prendre leur destin en main, il y a Aly, titulaire d’une maîtrise en droit public depuis 2012. Il est actuellement peintre et gagne bien sa vie : « Il y a du travail au Mali pour qui veut. Avec du recul, je me rends compte de mon énorme bêtise qui a consisté à rester inactif pendant des années, attendant désespérément d’être magistrat. L’erreur est de croire que tel ou tel métier est dégradant pour un diplômé. La peinture et la décoration des maisons que j’ai apprises au côté d’un oncle me permettent aujourd’hui de vivre mieux que la plupart des fonctionnaires et de financer mon master en droit. »
Comme Aly, Oumou Sy, informaticienne dans une entreprise de la place, est un exemple de reconversion réussie. Après une licence en gestion et quelques stages, elle a été inactive pendant plusieurs mois. Elle décide alors de migrer vers les TIC .« Quand j’ai réussi mon CCNA, j’ai tout de suite été embauchée. Je ne dis pas que les informaticiens trouvent tout de suite du boulot, mais il y a une forte demande dans le secteur. Les jeunes doivent sortir du fatalisme et se dire qu’on peut tout refaire et la reconversion n’a jamais été aussi facile grâce à Internet », encourage-t-elle.
Il est vrai que L’État recrute peu et qu’il n’est pas évident d’entreprendre. Mais il y a de multiples opportunités d’emplois pour diminuer considérablement le chômage des jeunes. C’est aux jeunes souvent de se frayer de nouveaux chemins avec ou sans l’appui des autorités.
Source : Benbere