Dans une dizaine de jours, la France et ses pays alliés du G5-Sahel commémoreront le premier anniversaire du sommet qui avait rassemblé autour du Président français Emmanuel Macron, le lundi 13 janvier 2020 à Pau au sud-ouest de Paris, les Chefs d’Etat des pays du G5-Sahel. On se souvient qu’à l’issue de ce sommet, d’importantes annonces, se rapportant à la pacification de la bande sahélo-saharienne, avaient été faites et on avait fort espéré que leur concrétisation allait permettre, à coup sûr, d’éradiquer le terrorisme, ce fléau qui fait peser une sérieuse hypothèque sur la paix et la quiétude dans les pays se partageant cet espace géographique. De l’avis de bon nombre d’observateurs et autres spécialistes de l’antiterrorisme, l’annonce la plus importante qui avait été faite à l’issue de ce sommet était celle se rapportant à la mise en place d’un nouveau cadre politique, stratégique et opérationnel baptisé ‘’Coalition Pour le Sahel’’ et qui serait à même de rassembler, autour du même idéal, les pays du G5-Sahel, la France et certains pays européens partenaires.
Selon ses initiateurs, cette coalition, symbolisant une alliance militaire et politique, était destinée à œuvrer essentiellement pour un recentrage des opérations militaires sur la zone du Liptako-Gourma, communément appelée la ‘’zone des trois frontières’’, avec désormais pour cibles prioritaires, le terrorisme et ses multiples connexions que sont le crime organisé et le trafic de drogue. Si, de par sa destination, la ‘’Coalition Pour le Sahel’’ vise essentiellement à un recentrage des opérations militaires sur la zone des ‘’Trois Frontières’’, c’est bien parce que ladite zone est pratiquement devenue ‘’un sanctuaire’’ pour le groupe djihadiste ‘’Etat Islamique dans le Grand Sahara’’ (EIGS).
C’est donc à juste raison que le Président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, alors président en exercice du G5-Sahel, avait mis à profit le sommet inaugural de Pau pour expliquer que «… Nous avons constaté depuis un certain temps, au niveau du fuseau central Mali-Burkina-Niger que les attaques les plus atroces y ont été concentrées. Un des éléments essentiels de ces attaques-là, c’est l’EIGS. Nous avons convenu de la nécessité de mener le combat contre l’EIGS au niveau des trois frontières de façon prioritaire et cela est fondamental. Toute chose qui requiert la nécessité de renforcer les capacités des armées nationales et de les doter de moyens qui leur permettent d’assurer le type de combats applicables à cette guerre asymétrique. A cet effet, la recherche de renseignements et le partage des informations restent la clé de voute du succès sur le terrain… ».
Il faut dire que dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel, nombreuses ont été les approches envisagées mais qui, malheureusement, se sont avérées infructueuses, en tout cas jusque-là. Mais à la différence des autres coalitions ou alliances précédemment envisagées, la ‘’Coalition Pour le Sahel’’, était censée avoir le mérite d’être une véritable innovation dans la mesure où c’est un commandement conjoint, Barkhane et FC-G5, qui devrait diriger les opérations de cette Coalition.
Encore mieux, des forces européennes de l’opération ‘’Takuba’’ sont appelées à intégrer l’Opération Barkhane qui, en plus de ses 4.500 soldats, a été renforcée de 220 soldats supplémentaires. Pour autant, à bien disserter sur les tenants et les aboutissants de la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, on serait porté à se demander quel est le bilan pour la ‘’Coalition Pour le Sahel’’, presqu’une année après sa mise en orbite, à l’issue du sommet de Pau (en France) en janvier de l’année dernière. Ce questionnement a bien sa part de pertinence dans la mesure où de plus en plus de voix s’élèvent pour s’interroger sur la stratégie et le bien-fondé de l’opération Barkhane au Sahel.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako
