C’est avec une très grande consternation que les maliens ont appris le décès, vendredi 25 décembre 2020 à Paris des suites du COVID-19, de Soumaïla Cissé cet acteur incontournable, durant près de trois décennies, de la scène politique malienne. Cet état de consternation populaire s’étant peu à peu amenuisé, la question qui taraude les esprits est celle de savoir, qui des acteurs du microcosme politique malien sera le mieux placé pour suppléer, en fait de leadership, à l’illustre disparu ?
Ce questionnement est d’autant pertinent quand on sait que le décès de Soumaïla est intervenu à un moment charnière de la vie de la nation. Un moment marqué par une période de Transition dont l’aboutissement devra être l’élection du Président de la République afin de consacrer le retour du pays à une vie constitutionnelle normale. Il serait tout simplement superfétatoire que dire, de l’avis largement majoritaire des citoyens maliens et aussi de l’analyse de bon nombre d’observateurs nationaux et internationaux, Soumaïla Cissé était pressenti pour accéder à la fonction suprême de l’Etat à l’issue des élections qui sonneront la fin de la Transition. En effet, certains faits augurent bien l’accession de Soumaïla Cissé à la magistrature suprême de l’Etat à l’issue du prochain scrutin présidentiel.
D’abord le fait qu’il ait été plusieurs fois candidat à la Présidence de la République lui avait permis d’acquérir une somme d’expérience pour ce faire. Aussi à trois reprises il avait accédé au second tour. Outre cette force politique que les maliens lui reconnaissent et qui constituait un atout pour lui, il y a aussi le fait qu’il ait été, pendant six mois, otage auprès des groupes terroristes. Cette captivité lui avait certes valu un capital de sympathie de la part des citoyens. Surtout que nombreux avaient été les maliens qui s’étaient vite convaincus (à tort ou à raison ?) qu’il y avait des manigances politiques derrière ce rapt. En résumé donc, la grande majorité de l’électorat s’était convaincue que, pour la prochaine présidentielle, Soumaïla Cissé n’aurait pas de ‘’véritables concurrents’’. Mais malheureusement, comme le dit l’adage « l’homme propose, mais Dieu dispose », le sort a voulu que Soumaïla soit rappelé à ‘’Son Seigneur’’ avant cette échéance électorale. Laissant ainsi un vide incommensurable dans l’arène politique malienne. Sous d’autres cieux et en pareille circonstance, la succession de Soumaïla aurait été automatique au sein de sa famille politique, l’URD, avec pour argument politique, le programme de société élaboré au nom du parti et proposé à l’électorat. Mais il est regrettable de constater que, chez nous, le commun des électeurs ne vote pas pour le contenu d’un programme de société d’un quelconque parti politique, mais plutôt pour la personnalité et aussi pour le charisme du porte-étendard dudit parti. Ainsi avec le décès de Soumaïla qui était l’acteur politique le mieux côté pour remporter la future présidentielle, les électeurs maliens devront alors réorienter leurs intentions de vote au profit d’un autre leader. Au regard des péripéties qui marquent actuellement le jeu politique sous nos cieux, nombreux sont les observateurs et autres analystes politiques qui s’accordent à dire, avec le décès de Soumaïla Cissé, c’est plutôt à Aliou Boubacar Diallo que pourrait être destiné le plus grand nombre d’intentions de vote.
Cette hypothèse qui est loin d’être fortuite, tient tout d’abord du fait que les citoyens maliens, dans leur aspiration à un renouvellement de la classe politique vieillissante, considèrent Aliou Boubacar Diallo comme étant un nouvel acteur du microcosme politique et avec lequel on pourrait tenter une nouvelle expérience.
En effet, à bien disserter sur les tenants et les aboutissants du jeu politique malien et aussi sur les valeurs intrinsèques des potentiels présidentiables, on retiendra aisément que Aliou Boubacar Diallo dispose de certains atouts de taille qui font de lui le plus grand favori dans la prochaine joute présidentielle. D’abord et avant tout, les électeurs se convainquent que le président de l’ADP-Maliba, cet opérateur économique, a une très solide assise financière. A cet effet, s’il venait à être élu Président de la République, il arriverait au pouvoir étant déjà riche et n’aura nul besoin, en conséquence, de se servir du dénier public à des fins personnelles. Un autre fait qui concourt à affermir la pole position à Aliou Boubacar Diallo, est le lien privilégié qu’il entretient avec le Chérif de Nioro et bien d’autres dignitaires religieux du pays. Il n’est un secret pour personne que les leaders religieux ont une telle influence dans la société malienne qu’il leur est parfois loisible d’imposer leurs desideratas dans la gestion des Affaires publiques. Même si ces derniers temps-ci des voix se sont élevées pour fustiger l’immixtion du religieux dans la sphère politique.
Concernant l’électorat des jeunes qui est le plus convoité, là aussi, il est de notoriété publique que de toutes les formations politiques du pays, c’est surtout et essentiellement au sein de l’ADP-Maliba que la jeunesse a pleinement voix au chapitre et cela s‘est d’ailleurs fait sentir dans les résultats des dernières législatives.
D’aucuns parmi les observateurs soutiennent, non sans raison, que dans la structuration actuelle du microcosme politique malien, c’est l’ADP-Maliba qui enregistre dans ses rangs le plus grand nombre de jeunes dévoués au jeu politique.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako