Dans la lutte contre la propagation de la 2e vague de la Covid-19, le gouvernement de la République du Mali a reporté au 25 janvier la rentrée scolaire qui était prévue pour ce mardi 5 janvier 2021. Ces reports, faut-il le dire, tue l’école malienne déjà très malade. En plus de l’année dernière, cette année scolaire et universitaire est perturbée et l’année prochaine est menacée. N’est-il pas finalement mieux de chercher d’autres alternatives tout en ne privant pas les enfants de leur droit à l’éducation ?
La maladie à coronavirus continue à faire ses victimes au Mali. En plus du nombre élevé de morts, elle a paralysé tous les secteurs clés du développement du pays. L’école, pilier de tout développement, est parmi les secteurs les plus touchés. L’année scolaire 2019-2020 a été perturbée non seulement par les grèves des enseignants, mais aussi, en grande partie, par la fermeture des classes à cause de cette pandémie mortelle. Ces fermetures ont fait que la période des vacances a été occupée pour l’organisation des examens. Ainsi, l’année scolaire qui devait commencer en octobre a été ramenée jusqu’au 5 janvier 2020. Cette date aussi n’a pas pu être respectée à cause de la montée en puissance de la pandémie. Hier, lundi 4 janvier 2021, le gouvernement de la Transition a reporté au 25 janvier, la rentrée prévue pour le 5 janvier. « Les cours resteront suspendus dans toutes les Institutions d’Enseignement supérieur, publiques et privés, au Mali jusqu’au samedi 23 janvier 2021 en raison de la situation sanitaire liée à la pandémie de la covid-19 », a indiquéle 4 janvier, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Professeur Amadou Keita qui a ajouté que les cours reprendront le 25 janvier prochain. La même décision est maintenue au niveau de l’enseignement secondaire et fondamental. « Le ministre de l’Éducation nationale informe les administrateurs scolaires, les enseignants, les parents d’élèves, les élèves, les étudiants et toute la communauté éducative du Mali que les écoles et les établissements d’enseignement publics et privés du préscolaire, du secondaire général, technique et professionnel, resteront fermés jusqu’au samedi 23 janvier 2021 pour raison sanitaire liée à la pandémie de la covid-19 », a-t-on lu dans le communiqué signé par le secrétaire général du département de la tutelle, Kinane Ag Gadeda. A ce niveau aussi, la rentrée est prévue pour le 25 janvier.
Les conséquences de ces fermetures d’écoles
Au Mali, les élèves ont fait une année scolaire bâclée en 2019-2020. Tout a été fait pour sauver l’année. Cela a été fait. Mais les enfants ont-ils réellement appris quelque chose ? Pas grande chose, en tout cas. A cause de ces fermetures d’écoles et pour ne pas perdre l’année, le gouvernement a été obligé d’occuper la période des vacances. Et au Mali, cette période coïncide avec l’hivernage. Qu’en est-il des conséquences sur les écoliers des zones rurales où les parents acceptent difficilement que les enfants aillent à l’école alors qu’il y a les travaux champêtres ? Très lourdes ! Au-delà de cet aspect, avec ces fermetures répétitives, cette année scolaire est aussi menacée de perturbation comme l’année dernière. Les écoliers seront privés de l’éducation pendant des mois. Et comme l’année scolaire précédente, les vacances seront certainement occupées par les cours. Quant aux élèves des milieux ruraux, ils seront confrontés aux mêmes problèmes que l’année précédente. Plus grave encore, l’année scolaire prochaine est aussi menacée. En effet, si les écoles s’ouvrent en fin janvier, il faut attendre septembre ou octobre prochain pour organiser les examens de fin d’année. Quant à la rentrée prochaine, elle ne peut se faire qu’en début de l’année 2022. Dans le cas échéant, les écoliers n’auraient pas eu de vacances. De fermeture en fermeture, les écoliers de l’enseignement fondamental et secondaire risqueront de se retrouver dans le système de nos universités où la périodicité normale pour une classe n’est jamais respectée.
Il faut d’autres alternatives !
Il est bon de prendre des mesures fortes pour briser la chaine de contamination de cette pandémie. Mais pendant combien de temps allons-nous continuer à fermer les écoles privant les enfants de leur droit à l’éducation ? La fermeture est-elle la seule et unique mesure possible pour lutter contre la propagation du coronavirus dans les écoles ? Pourquoi ne pas chercher d’autres alternatives tout en apprenant à vivre avec le virus et laisser fonctionner les écoles ? Telles sont, entre autres, les questions que beaucoup se posent.
Et oui, personne ne sait la fin de ce virus en Afrique, au Mali particulièrement, où la majeure partie des populations ne croient pas à la réalité de cette maladie pourtant dangereuse. Il faut donc apprendre à vivre avec elle. Au niveau de l’école, il est enfin nécessaire de penser à d’autres alternatives tout en maintenant les écoles ouvertes. Pourquoi, dans les écoles secondaires et fondamentales, ne pas continuer les cours tout en exigeant aux élèves et aux enseignants le lavage des mains au savon, le port des masques, la distanciation sociale ? Même s’il faut instaurer la double vacation en divisant les classes en deux ou trois parties, ça serait mieux que cette fermeture.
L’État peut et doit se donner les moyens de ces mesures pour ne pas tuer cette école qui est déjà très malade.
Au Niveau des universités, les cours en lignes pourraient être de bonnes solutions.
Boureima Guindo
Source: Le Pays