Bangui a été attaquée par la rébellion armée pour la première fois. La CPC a été formée à la mi-décembre et a entamé une descente vers la capitale avec pour but d’empêcher le processus électoral mais avec aussi l’objectif possible de la prise de Bangui. Les autorités ont dénoncé à maintes reprises la volonté de la coalition armée de renverser le régime.
Avec notre correspondante à Bangui, Charlotte Cosset
Un nouveau décret a été publié, mercredi 13 janvier au soir, faisant passer le couvre-feu sur toute l’étendue du territoire de 20h à 18h et jusqu’à 5h du matin. Une mesure sécuritaire en plus à la suite des attaques qu’a subies la capitale.
Les éléments de la coalition armée ont visé un véhicule de la Minusca en patrouille à la sortie nord de Bangui très tôt mercredi matin, ce qui a marqué le début des hostilités. Parallèlement, des hommes armés ont tenté de passer le pont de PK9 à l’entrée ouest de la capitale.
Mercredi en fin d’après-midi, la situation était calme dans le centre-ville, mais des tirs étaient toujours entendus dans le lointain. La Minusca assurait en fin d’après-midi que les opérations de ratissage se poursuivaient.
La Minusca condamne
Des combats qui ont fait au moins 30 morts du côté des assaillants, a précisé le Premier ministre. La Minusca a déploré la perte d’un casque bleu et dénonce les « objectifs inacceptables » des rebelles de la CPC.
« Ils sont en train d’essayer d’affamer les populations, ils ont créé un drame humanitaire, s’indigne Vladimir Monteiro, le porte-parole de la Minusca à Bangui. Donc nous, notre stratégie, c’est de faire front à Bangui comme ailleurs, nous l’avons fait dans d’autres zones. Et nous continuerons à le faire tout en poursuivant les efforts de paix avec tous les acteurs concernés. Juste après les élections, il y a eu un appel aux groupes armés pour qu’ils cessent d’être violents et respectent leurs engagements de l’accord de paix. Cette stratégie est la bonne. La leur est inacceptable. »
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L’organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) s’est exprimée, dénonçant un contexte d’aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays. Elle appelle tous les groupes armés au respect des structures sanitaires : ambulances, personnels médicaux et patients.
Des questions
Mais ces offensives simultanées interrogent. Comment expliquer qu’en dépit de la présence aux côtés des forces armées centrafricaines de la Minusca, des Russes et des Rwandais, les rebelles de la CPC aient pu lancer une série d’attaques mercredi aux portes de Bangui ?
« Il semblerait que les rebelles soient en capacité plus importante que ce que l’on ait pu penser initialement, analyse Hans de Marie Heungoup, chercheur pour l’International Crisis Group. Ou à tout le moins qu’ils sachent jouer de leur connaissance du terrain et de leur expérience du combat en République centrafricaine pour contourner les forces officielles ou bilatérales. On a déjà constaté, par exemple, à Damara et Boali que les rebelles avaient su utiliser les routes de transhumance pour prendre à revers les forces bilatérales qui appuient le gouvernement centrafricain. »
Or, ces routes sont complexes à surveiller pour les forces centrafricaines et leurs alliés, constate le chercheur. « Il semblerait qu’il soit difficile pour ces acteurs d’avoir une bonne visibilité, même à partir des couvertures aériennes de ces différentes pistes-là. Il y a un nombre de moyens aériens qui est limité et il est difficile de consacrer la totalité de ces moyens aériens exclusivement pour la surveillance. Et quand bien même la Minusca le ferait, elle ne pourrait probablement pas avoir la surveillance totale des pistes de transhumance, des différents itinéraires qui se créent au bon vouloir des différents groupes rebelles. »