Le comité syndical du CHU Gabriel Touré, affilié au Syndicat national de la Santé, de l’Action Sociale et de la Promotion de la Famille, a déclenché, depuis le 29 décembre dernier, une grève de 240 heures (11 jours). Cet arrêt de travail n’est cependant pas observé à un rythme continu. Le syndicat a décidé de le séquencer, à raison de 48 heures par semaine, c’est-à-dire, tous les lundis et mardis, jusqu’à la fin de ce mois de janvier.
Selon le Secrétaire général du Comité syndical du CHU Gabriel Touré, El hadj Djimé Kanté, le mot d’ordre de grève continue, car rien n’a changé depuis son déclenchement en fin décembre. Les autorités sanitaires du pays, notamment la ministre de la Santé et des Affaires sociales, restent indifférentes à cette situation, qui pénalise pourtant les usagers, notamment les plus démunis, lesquels ont recours à ce centre hospitalier qui, de par sa position géographique, est le centre le plus fréquenté de la capitale.
Malheureusement, la qualité de ses prestations est loin de répondre aux attentes des usagers, à cause, d’une part, de la faiblesse des moyens mis à la disposition des responsables et, d’autre part, de la mauvaise gestion et du non-respect de l’éthique et de la déontologie de la part du corps médical.
Pour la journée d’hier mercredi, à l’entrée de Gabriel Touré, notamment au niveau des guichets d’accueil, où sont délivrées les fiches de consultation et les fiches AMO, il était difficile de se frayer un chemin. Malgré l’obligation d’avoir des tickets et les efforts d’un agent de veille de l’hôpital pour amener les usagers à respecter l’ordre, rien n’y fit. Chacun était pressé d’avoir le précieux sésame, sans lequel il est impossible de voir le médecin pour sa consultation. Dans un tel contexte, il est impossible de respecter la distanciation sociale, l’une des mesures barrières édictées pour éviter la contamination à la Covid-19.
Cependant, l’accès même à l’établissement est conditionné au port du masque. Une consigne au respect de laquelle les agents de garde veillent scrupuleusement. Ainsi, tout usager, patient ou accompagnant sans masque est immédiatement éconduit. De même, l’utilisation du gel hydro-alcoolique et la prise de température sont effectuées sur tout le monde.
Fait notable, l’observation par le personnel des grèves les lundis et mardis contribuent à augmenter l’affluence le mercredi suivant, car tous les patients, programmés lors de ces deux premiers jours de la semaine, sont repoussés automatiquement au jour ouvrable suivant. Nonobstant cet état de fait, le personnel se démène pour consulter le maximum de patients.
En tout cas, du côté du syndicat, la stratégie est de poursuivre la grève jusqu’à satisfaction des doléances. Aux dires de Djimé Kanté, ces doléances vont, certes, dans le sens de l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel, mais elles visent aussi à améliorer les conditions d’accueil et la qualité des prestations en direction des patients et de leurs accompagnants.
» Imaginez qu’il faut deux heures d’attente pour avoir uniquement le ticket d’entrée et autant pour voir le médecin et plus de temps encore pour procéder aux analyses ou autres examens. Au bout du compte, vous perdez toute une journée, là où, avec une bonne organisation et la multiplication des guichets, l’on peut réduire le temps d’attente des visiteurs. Donc, notre combat est tout bénéfice pour les usagers, autant que pour les soignants « , a expliqué M. Kanté.
Signalons que trois points majeurs sont au cœur des revendications du Comité syndical : l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel, qui doit se traduire par l’amélioration des conditions d’accueil, de soins et d’hospitalisation des malades, ainsi que de l’accès gratuit aux soins du personnel, comme c’était le cas avant l’AMO ; le reversement de 72 agents contractuels restants de la santé dans la Fonction publique et le rétablissement des revenus des 76 contractuels reversés précédemment et, enfin, le paiement des émoluments du personnel « bi-appartenant » de Gabriel Touré, dont certains ont droit à 200.000 FCFA et d’autres plus.
Youssouf CAMARA
Source: l’Indépendant