Le Président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID-FYT), Me Mountaga TALL, a procédé, ce mercredi 13 janvier 2021, à sa traditionnelle cérémonie de présentation de vœux à la presse, à la Maison de la presse. C’était en présence des présidents de la Maison de la presse, Dramane Aliou KONE, de l’URTEL, Bandiougou DANTE et de l’ASSEP, Bassidiki TOURE. Au cours de cette 22e session, Me TALL, toujours fidèle à lui-même, a dénoncé sans démagogie la gestion de la transition en cours au Mali.«La Transition est sur une très mauvaise trajectoire qu’il convient, pour le bien de tous, de redresser au plus tôt»a-t-il conseillé.
Dans son mot de bienvenue, le Président de la Maison de la presse, Dramane Aliou KONE, a rendu hommage à un ami de longue date de la presse, un frère et défenseur de la presse et de la liberté d’expression. De même, il a salué l’engagement de Me TALL pour le Mali qui a permis l’ouverture démocratique et le respect des libertés publiques. De nos jours, a-t-il fait savoir, grâce à cette liberté d’expression, l’espace médiatique compte plus de 500 radios, 40 télévisions et 287 titres de journaux.
A son tour, Bandiougou DANTE, s’est honoré par la présence d’un défenseur de la démocratie et de la liberté d’expression dans l’antre de la presse. Le cabinet TALL, dit-il, s’est toujours constitué gratuitement pour défense la presse chaque fois qu’un journaliste fait face à un procès.
A l’entame de ses propos, Me Mountaga TALL, a fait observer une minute de silence à la mémoire des illustres disparus ainsi que de toutes les victimes civiles et militaires des conflits qui endeuillent notre pays, et les martyrs du M5-RFP. Pour lui, 2020 a été une année éprouvante à tout point de vue pour le Mali et le peuple malien qu’il qualifie au passage de «annus horribilis», année horrible.
Dans son intervention, il a aussi dénoncé les atteintes à la liberté de la presse ; la militarisation à outrance des organes de la Transition et de l’administration publique ; le non-respect de l’Etat de droit avec notamment les arrestations extrajudiciaires ; la volonté clairement affichée de procéder à une mainmise totale sur l’administration. De même, il a dénoncé la gestion laxiste de la pandémie de la Covid-19 avec son corollaire de corona-business qui a exposé davantage nos compatriotes aux affres de cette maladie.
A la question de savoir si le M5-RFP va se constituer en parti politique pour présenter un candidat unique aux élections présidentielles de 2022, Me TALL tranche : «ça sera peut-être une excellente chose, mais c’est impossible».
Pour lui, le M5 est un creuset de partis politiques et d’organisations de la société civile qui n’ont pas souvent pour vocation à faire la politique. «Il n’est pas envisageable de demander à des syndicats de constituer un parti unique », a-t-il renchéri.
Pour mettre fin aux violations récurrentes de la liberté de la presse, Me TALL préconise deux mesures: l’abrogation immédiate de l’Instruction N° 2366/MATD-SG du 18 décembre 2020 relative à l’application de l’Etat d’urgence qui, sous le couvert de lutte contre la pandémie de la Covid-19, fait planer des menaces sur toutes les libertés individuelles et collectives. De même, il s’agit pour lui de travailler à mieux former les journalistes et à rendre les entreprises de presse viables pour soustraire les journalistes à la précarité.
Pour le président du CNID FYT, l’année 2020 a été aussi marquée par la chute de l’ancien régime à la suite de l’action héroïque et patriotique du M5-RFP qui a réussi à fédérer et à mobiliser les forces patriotiques maliennes à Bamako, à l’intérieur du Mali et dans la diaspora pour dire non à la corruption qui avait sapé tous les fondements de l’Etat faisant peser de sérieuses menaces sur l’existence même du Mali en tant que Démocratie, République et Nation.
De son avis, le fruit mûr a été cueilli le 18 août 2020 par un groupe de militaires ultérieurement rassemblés dans un organe dénommé Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP). Malheureusement, a-t-il déploré, le CNSP n’a jamais su établir une coopération dynamique avec le M5-RFP qui, même en dehors des organes de la transition, continue à prôner une transition de rupture et non une rupture de la Transition.
Pire, le système contre lequel le M5 s’est battu prévaut aujourd’hui. «Nous considérons que ce système prévaut aujourd’hui, que rien n’a changé par rapport au système si ce n’est quelques personnes qui ont pris des positions dans telle ou telle organe. On ne s’est pas battu pour ça», a-t-il critiqué.
Pour lui, le M5-RFP réclame une transition de rupture avec les pratiques qu’il a combattues. «Le M5-RFP estime que la Transition est sur une très mauvaise trajectoire qu’il convient, pour le bien de tous, de redresser au plus tôt. Si on ne va pas dans ce sens, la transition va vers des difficultés énormes»,a-t-il mis en garde.
Avant de terminer, il est revenu sur les principales décisions du 7e Congrès ordinaire de son parti. Procédant à une analyse sans complaisance de la situation du parti, ce congrès a estimé, rapporte Me TALL, qu’ «un parti fort dans un Mali refondé suppose d’abord la pleine réussite de la Transition. »
Le Congrès a également décidé «d’ouvrir le parti comme jamais il ne l’a été aux jeunes pour insuffler un sang nouveau et le rendre plus réceptif aux idées d’un monde en pleine mutation. » Dans la foulée, il a annoncé le 5e Congrès extraordinaire pour le mois de mai prochain. Un événement qui coïncidera d’ailleurs avec les 30 années de son parti.
Par ailleurs, il a annoncé lors de ces assises son intention de demander à ce congrès annoncé, qui mettra aussi en place une nouvelle direction, de ne pas renouveler son mandat à la tête du parti. «Cette décision qui ne fera jamais de moi un ancien militant ne procède ni d’un effet de mode ni d’une quelconque pression, mais d’un choix mûrement réfléchi dont l’annonce n’attendait que le seul lieu approprié : un congrès du parti », s’est-il défendu.
Abdoulaye OUATTARA
Source : Afrikinfos-Mali