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Office du Niger : Une maladie mystérieuse affecte les champs de riz

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Les laborantins de l’Office sont à pied d’œuvre pour bouter ce mal hors des zones de production

Une maladie mystérieuse sévit dans la zone Office du Niger depuis trois ans. Elle ravage des champs de riz, plombant ainsi la production et les efforts des paysans. Lors de la campagne agricole qui vient de s’achever, des riziculteurs ont assisté impuissant au même phénomène. Quelles en sont les causes ? Comment se manifeste-t-elle ? Quelles sont les mesures prises pour la bouter hors des champs?
Pour ce faire, nous avons contacté des paysans et des techniciens de la zone de M’Bewani, village situé à 30 km de Markala, dans la zone Office du Niger. Pour rappel cette entreprise parapublique malienne regroupe en son sein sept zones de production qui sont : Niono, Macina, Kolongo, N’Débougou, M’Bewani, Molodo et Kouroumari. Celle de M’Béwani, située dans le Kala supérieur fait partie du programme d’extension entrepris par l’Office depuis une trentaine d’années. Cela au profit de la population qui avait été confrontée à de multiples contraintes liées aux aléas climatiques caractérisés par un déficit pluviométrique chronique avec pour conséquences : la faible production des cultures sèches, l’insuffisance alimentaire et l’exode massif vers d’autres zones plus propices.

Ce qui a redonné espoir aux populations de cette localité. Cette espérance retrouvée s’amenuise d’année en année à cause de cette maladie. En témoignent les explications de Mohamed Djiré, riziculteur dans la zone de M’Bewani. Contacté, ce paysan confirme que depuis deux ans cette affection attaque son champ de riz. Cette année (campagne 2020-2021), le même mal a envahi ses cultures, déplore-t-il.

Quant au mode de transmission, Mohamed Djiré pense que la maladie qui se propagerait par le vent, se situerait au niveau de la verge du riz. «Je n’ai pas constaté de trace de nuisible dans mon champ. De par mes propres expériences, j’ai remarqué la présence de quelques insectes à l’intérieur des tiges de riz affectées», illustre-t-il. En la matière, la maladie qui assèche les tiges de riz, les attaque au moment de la montaison (montée à graine). Elle attaque également le riz au stade de la maturation. à cet effet, même si le riz germe, il ne produira pas de graine, constate le paysan. Cette année, dès l’apparition des premiers signes, il dit avoir alerté les techniciens de l’Office du Niger à qui il a remis quelques échantillons prélevés à partir de tiges de riz contaminées. Depuis, Mohamed Djiré reste sans nouvelle concernant les mesures à prendre pour bouter le mal hors de son champ. Toutefois, les laborantins de l’Office du Niger trouvent que le mal ne dure pas longtemps sous le sol, rapporte le cultivateur. À ce titre, elle pourrait, selon les mêmes spécialistes, disparaître complètement des champs l’année prochaine.

Une thèse qui ne semble convaincre le riziculteur. «Il y a deux ans, la même maladie avait contaminé plus de 10 hectares de riz sur les superficies que je cultive. Je n’ai pratiquement rien récolté. Lors de la campagne agricole 2020-2021, j’ai cultivé 30 hectares de riz. La maladie a laissé des traces sur mes cultures sans les affecter gravement. Par hectare, j’ai produit entre 55 à 65 sacs de riz paddy. Par contre, la maladie a affecté près de 35 à 40 % des champs situés dans la zone de M’Benwani», détaille Mohamed Djiré. Les services de recherches de l’Office sur lesquels les paysans comptent pensent également que l’utilisation de produits phytosanitaires peut aussi être source de contamination des cultures. «Et pourtant, je n’utilise pas ces produits dans mes champs. Chaque année, je les laboure deux fois pour enrichir le sol», rejette Mohamed Djiré. Qui précise que la maladie a plombé les efforts énormes fournis par les paysans.

LASSITUDE-Son collègue Modibo Soulalé figure parmi ces producteurs-là. Celui-ci possède un hectare de riz à M’Bewani. Selon lui, la maladie se propage tel un virus et anéantit au passage toutes les cultures. «Quand le riz atteint la maturité, elle attaque les tiges en détruisant les graines», détaille Modibo Soulalé. Il dit n’avoir récolté que sept sacs de riz pour une superficie d’un hectare. Cette année, la même superficie n’a produit que 14 sacs de riz paddy. Alors que les paysans produisaient entre 70 à 80 sacs de riz paddy par hectare, soit trois à quatre tonnes de riz graine.
Conséquence, la lassitude gagne les paysans de M’Bewani d’année en année. «Cette année, je suis particulièrement très découragé. Chaque année, je paie 150.000 Fcfa de redevance eau aux Chinois, soit 50.000 Fcfa en contre saison et 100.000 Fcfa en saison normale. Sans compter les frais d’engrais, de labour, de repiquage, de fauchage, etc. L’investissement total dépasse les 300.000 Fcfa par hectare. Enfin de compte, je ne fais jamais de bons résultats», se lamente Modibo Soulalé. Précisons ici que la Chine a aménagé, dans le cadre d’un contrat, des dizaines d’hectares dans la même zone. Elle loue les parcelles aux paysans jusqu’à la fin du bail qui la lie à l’Office du Niger. Les paysans appellent ces frais de locations redevance eau.

Contacté, le directeur de la zone de M’Bewani, Auguste Drago confirme la nouvelle de la contamination du riz dans certaines zones de l’Office du Niger. Selon lui, ces dégâts sont généralement dus au non entretien des parcelles par les paysans. Cette année, l’abondance de pluies a, selon lui, favorisé le développement de parasites. «Nous, en tant que techniciens, avons remarqué la présence des bourreurs de tiges dans certaines parcelles. Cela dépend de l’entretien des cultures», explique-t-il. Pour lui, les recherches sont en cours pour confirmer l’existence d’autres maladies.

La situation n’est pas aussi catastrophique, tempère le spécialiste. Pour qui le phénomène se reproduit par zone. La zone de M’Bewani n’est pas la seule attaquée par ce mal, il est présent dans d’autres zones à l’Office du Niger. En général, les paysans utilisent beaucoup les herbicides au lieu de faire le désherbage et l’entretien des réseaux tertiaires.

Selon le technicien, les maladies sur les cultures sont d’origine pathogène ou animale. En saison pluvieuse, les bactéries se développent le plus rapidement possible y compris les bourreurs de tiges. «Nous avons prélevé des échantillons dans les champs pour les amener en laboratoire. Les analyses sont en cours. Pour le moment, nous estimons que la maladie est d’origine bactérienne», pense le directeur de zone. Il relève que les semis en retard par rapport au calendrier agricole sont généralement attaqués par les chenilles.Dès maintenant, il faut essayer de sensibiliser les paysans par rapport à l’entretien des cultures en attendant de connaître le genre à l’origine de la contamination pour pouvoir le combattre efficacement, suggère Auguste Drago. En attendant, les paysans, pour y faire face, brûlent les champs après la récolte et se gardent d’utiliser les produits phytosanitaires. Cela dans le but de faire disparaître cette maladie mystérieuse.

Makan SISSOKO

Source: L’Essor

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