La Corée du Nord a fait défiler un missile balistique pouvant être lancé d’un sous-marin lors d’une parade militaire ce vendredi 15 janvier à Pyongyang, à quelques jours de l’investiture du président américain Joe Biden. Le défilé ponctuait le congrès du Parti des travailleurs au pouvoir, au cours duquel le leader Kim Jong-un a décrit les Etats-Unis comme « le principal ennemi » de son pays.
Un Kim Jong-un souriant, portant manteau de cuir noir et chapeau de fourrure, a supervisé la parade ce jeudi soir. Et comme souvent en Corée du Nord, c’est la voix enthousiasmée de Ri Chun-hee, présentatrice vedette du régime à la télévision, qui a accompagné le défilé des troupes militaires, rapporte notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca. Des avions, formant le chiffre 8, pour le 8e congrès du Parti des Travailleurs de Corée et des feux d’artifices ont parcouru le ciel de Pyongyang.
Mais, la star du jour c’est le Pukguksong-5. « C’est la meilleure puissance de feu, du monde, une arme imbattable, nous pouvons tirer plusieurs missiles à la fois, et il est vraiment très gros », s’est extasiée Ri Chun-hee.
Des photos montrent au moins quatre missiles dotés d’ogives noires et blanches défilant au milieu de la foule qui agite des drapeaux. Pour Park Won-gon, expert de la Handong Global University en Corée du Sud, c’est « l’arme nucléaire ultime du Nord ». De tels missiles en plus petit format ont déjà été présentés et des images de lancements d’essai ont été diffusées, mais on ne pouvait déterminer s’ils avaient été lancés depuis un sous-marin.
Changement de stratégie ?
Un missile balistique pouvant être lancé d’un sous-marin (SLBM) fonctionnel permettrait à Pyongyang un changement de stratégie, avec la possibilité de lancer une attaque surprise à proximité des États-Unis ou d’effectuer une frappe même sans forces terrestres.
Lors du congrès, Kim Jong-un a déclaré que le Nord avait achevé les plans d’un sous-marin nucléaire, mais un tel navire ne sera probablement pas fonctionnel avant des années.
« Capacité de frappe puissante »
La parade a aussi présenté des fusées ayant « une capacité de frappe puissante pour anéantir totalement les ennemis de manière préventive en dehors du territoire », a précisé l’agence KCNA. Ce type d’expression sous-entend que les armes ont une portée qui s’étend au-delà de la péninsule coréenne et pourraient au moins atteindre le Japon.
Cependant, la description de KCNA ne mentionne aucun missile balistique intercontinental (ICBM), suggérant que le défilé était de moindre ampleur que celui d’octobre dernier. Un nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) de très grandes dimensions avait alors été exposé, qui, selon des spécialistes, est le plus gros missile à carburant liquide pouvant être déplacé par la route connu dans le monde.
« Patience stratégique »
Selon les analystes, Pyongyang utilise le congrès du parti au pouvoir pour envoyer à la prochaine administration démocrate de Washington un message de force dans le but d’obtenir des concessions. Le changement de présidence américaine représente un défi pour la Corée du Nord alors que Joe Biden, qui a qualifié Kim Jong-un de « voyou » lors des débats présidentiels, est associé à l’approche de « patience stratégique » de l’administration Obama.
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Les États-Unis devraient revenir à une approche beaucoup plus classique vis-à-vis de Pyongyang, en insistant notamment sur le fait qu’il faudra des progrès importants au niveau de groupes de travail avant même d’envisager une nouvelle rencontre entre hauts dirigeants.
Isolement accru
La Corée du Nord fait l’objet de plusieurs séries de sanctions internationales pour ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques interdits.
Dans le même temps, elle s’est imposée un isolement accru pour se prémunir de l’épidémie de Covid-19, ayant fermé ses frontières en janvier dernier pour se protéger du coronavirus qui a émergé pour la première fois en Chine voisine, ajoutant à la pression sur son économie moribonde.
RFI