«En fait, notre pays doit être aujourd’hui rénové, reconstruit de façon nouvelle, différente; nous ne devons pas refaire une maison destinée à tomber sur la tête de ceux qui y habiteront à un moment décisif; nous devons profondément transformer la structure économique, politique, sociale de notre pays. Pour cela, il faut une nouvelle classe dirigeante. Mais cette nouvelle classe dirigeante ne pourra provenir d’un seul groupe social…» (Palmiro Togliatti).
L’une des plus grosses plaies de la gestion des affaires du Mali réside dans l’oisiveté criarde et le chômage chronique de bien de travailleurs. Cela se comprend aisément à regarder l’absentéisme chronique qui mine dangereusement nos services.
Au Mali, il est devenu coutumier que les gens ne se battent pour avoir du boulot pour servir l’État malien, mais pour se tailler un salaire gratuit. Dans l’administration malienne, c’est la fainéantise qui est à la mode, mode initiée par nos supers politiciens qui ne peuvent combattre le mal parce qu’à la recherche d’électeurs pour spolier notre peuple travailleur. Dans ces conditions, les chefs de services (pour ceux qui veulent bien faire) sont impuissants à mettre les gens au travail. Cela est d’autant exact que les écrits ne peuvent aller loin contre les chômeurs, les tireurs de flanc, les dormeuses et les dormeurs au service parce qu’ils portent sur des fils à papa, des copains et copines, des sœurs et frères.
Dans bien de services, les travailleurs vaguent impunément à leurs occupations à partir de onze heures de la matinée. Le plus souvent (surtout en ce temps de coronavirus), bien d’agents de l’administration publique font acte de présence le matin pour disparaître comme des éclairs dans le ciel. Dans le même temps, ce sont les mêmes chômeurs qui demandent si le salaire est fait depuis la première quinzaine du mois. C’est dire qu’ils s’empressent de prendre leur salaire pour le travail qu’ils chôment dans l’insouciance totale. Pendant ce temps, des milliers maliens se battent comme de beau diable pour avoir du boulot. Tout le monde sait qu’au Mali, les concours souffrent de crédibilité parce qu’entachés de clientélisme, de népotisme à tel point que ce sont souvent les médiocres qui passent aux dépens des plus brillants du fait que ceux-ci ne sont pas les protégés des bras dits «longs».
Pour une refondation du Mali, il faut remettre les gens au travail si les autorités de la transition veulent réussir leur mission. Pour ce faire, un contrôle permanent et régulier doit avoir lieu dans les services. Surtout, elles doivent sanctionner ceux qui s’adonnent à l’absentéisme, à l’oisiveté, à la contemplation de face-book et de films pornographiques pendant les heures de travail. Sans sanctions véritables de ce type de travailleur, la refondation du mali sera toujours un bluff véritable.
Aussi, convient-il de récompenser les mérites pour soutenir le travail bien fait ! Mais les simples présences au travail ne sauraient suffire à fonder un Mali nouveau: il faut une exigence de résultats tangibles. Aussi, il est impérieux de protéger les biens publics et procéder périodiquement à des inventaires à des services partout où l’État met le moindre centime de nos francs. Par exemple depuis la chute de feu Moussa Traoré la surfacturation a pris des allures macabres, préjudiciables à l’économie nationale.
Pour combattre cet autre fléau, il est indispensable de procéder à l’évaluation périodique sérieuse des signes extérieurs de richesse au regard du gain mensuel des travailleurs. Par ce procédé bien connu dans les milieux financiers, l’on pourrait reverser dans les caisses de l’État les biens subtilisés à notre peuple travailleur. Cela pourrait contraindre chacun à ne vivre que de son salaire.
Enfin, sans une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière, la refondation du Mali restera un vœu pieux. Ce combat mettra hors d’état de nuire les femmes et les hommes qui se servent de la politique pour se tailler des paradis terrestres.
Pour tout dire, lisons ce passage de cet homme politique italien Palmiro Togliatti. Il disait: «En fait, notre pays doit être aujourd’hui rénové, reconstruit de façon nouvelle, différente; nous ne devons pas refaire une maison destinée à tomber sur la tête de ceux qui y habiteront à un moment décisif ; nous devons profondément transformer la structure économique, politique, sociale de notre pays. Pour cela, il faut une nouvelle classe dirigeante. Mais cette nouvelle classe dirigeante ne pourra provenir d’un seul groupe social…».
On ne saurait construire une nation avec la moindre complaisance !
Fodé KEITA
Source: L’Inter de Bamako