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L’Imam Mahmoud Dicko : «Le Mali est une grande Nation, nous devons puiser dans nos réserves et ressources…»

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Nous reproduisons dans nos colonnes une interview donnée par l’Imam Mahmoud Dicko, il y a de cela quelque temps.  Sa publication est motivée par sa pertinence au vu du contexte actuel du monde et de la situation particulière que les Maliens vivent en ce moment. Lisez plutôt pour vous en convaincre !

«On répète ce que l’Occident dit, sans savoir ce qu’on dit. Quand ils parlent de salafisme, nous, on dit salafisme. Quand ils parlent de djihadisme, on répète la même chose. C’est-à-dire que nous, on n’a aucun concept. On n’a absolument rien ! Ce sont eux qui définissent le vocabulaire. Ce sont eux qui définissent le moment et le contexte dans lequel il faut l’utiliser. Je pense qu’en réalité, on n’a pas une autonomie de pensée. C’est très difficile à dire mais il faut avoir le courage de le dire.

Cette absence d’autonomie de pensée, c’est ce qui nous met dans cette situation de dépendance éternelle.La liberté, d’abord, c’est la liberté de pensée, mais notre liberté de pensée, c’est de penser comme les autres. Non ! Il faut qu’on pense comme nous-mêmes ! Et cette autonomie de pensée, nous ne l’avons pas.

Quand vous regardez nos pays, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, nous pensons comme les autres. Les gens qui ont acquis l’indépendance ont fait énormément de travail. Ce sont des hommes valeureux, mais, ils ont pris le socialisme d’autrui, ont pris une autre option. Mais c’est toujours l’option des autres.

C’est toujours les recettes que les autres nous préparent. C’est la banque mondiale qui nous dit il faut faire ceci. C’est le FMI qui nous propose cela. C’est quand ça échoue que l’on se met à critiquer, à revendiquer. Les travailleurs descendent dans les rues. Mais il faut que les peuples africains réfléchissent pour et par eux-mêmes.

La simple autonomie de pensée, nous ne l’avons pas. Moi ce que je dis aux gens, c’est que moi, personne ne peut me dicter mon islam. Non ! C’est me minimiser. Ce grand pays qui a produit des gens comme Ahmed Baba, Askia Mohamed, de Sékou Ahmadou d’Hamdallaye, vous pensez que ce pays est incapable d’engendrer des hommes intelligents ? Il faut que les gens nous disent qu’est-ce qu’il faut faire et qu’est-ce qu’il ne faut pas faire ? Non !

Je pense aujourd’hui que le Mali est une grande Nation, une vieille Nation. Nous avons suffisamment de valeurs. Il faut qu’on ait le courage vraiment d’y aller, de puiser dans nos réserves, nos ressources, et nous pouvons le faire.

Mais tant qu’on gouverne en projets parce que tout se fait en termes de projets. Projet X, projet Y, parce que ce n’est jamais du concret ; c’est du projet tout le temps, c’est parce que ce sont les autres qui font ces concepts. Ce sont les autres qui pensent à notre place.

Le Djihad, c’est l’effort en réalité. Djihad, ça ne veut pas dire prendre l’épée, le fusil. Non ! Djihad, c’est de la même famille, c’est en réalité faire un effort. Un effort pour aboutir à quelque chose dans un mieux-être. Pour l’islam, Djihad, c’est porter le bonheur vers l’humanité ou défendre une humanité que d’autres veulent opprimer. C’est dans ce sens qu’on se met pour faire du Djihad.

Le Djihad c’est comme ça. Mais il y a le djihad intellectuel, il ya le djihad économique, il y a le djihad social. Donc le djihad ne veut pas dire prendre le fusil ou autre. C’est pour cela, le Prophète de l’islam, Mohamed (Paix et Salut soit sur Lui), lors d’une expédition, à leur retour de la porte de Médine, il a dit aux gens : nous revenons du petit djihad. Où ils ont croisé le fer avec l’ennemi pour revenir maintenant vers le grand djihad.

Et les disciples ont demandé au prophète de l’islam, mais nous avons croisé le fer avec l’ennemi, y a-t-il d’autres djihads plus grands ? Il a dit oui. Le Djihad sur soi-même. Violence sur soi, être bon, recommander le bien, aller vers les autres, pour le bien-être de vos semblables. C’est ça, en réalité, le grand djihad aujourd’hui. Et ce djihad, le Mali doit le faire pour aller vaincre la misère et tout ce que nous sommes entrain de vivre aujourd’hui par notre propre faute.

Parce que Dieu seul sait que nous ne sommes pas dans un pays pauvre. Ce n’est pas vrai. Et nous ne sommes pas pauvres, nous voulons simplement l’accepter. Tendre la main à des gens parce qu’on ne peut pas balayer devant notre porte. Faut-il attendre les autres pour balayer notre porte ? Non !»

Nouvelle Libération

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