Plus de deux semaines après la survenue de ces événements, la polémique enfle et demeure toujours vive. En effet, le 6 janvier dernier, une patrouille de l’Opération Barkhane a mené un raid contre des individus soupçonnés d’être des terroristes, près de Gossi. Après vérification de leurs identités, il est apparu que se sont de simples civils en train de conduire leurs troupeaux dans un campement situé à une vingtaine de kilomètres de Boulkessi. L’un d’entre eux, blessé au bras et pris en charge par les militaires français, est toujours introuvable, malgré la mobilisation de ses proches craignant le pire.
Le blessé, porté disparu, répond au nom de Mahmoud Alhader Diallo. Il était avec deux autres personnes, présentées comme des bergers, lors du raid mené par Barkhane, le mercredi 6 janvier, vers 19 heures. Après ce raid, l’un des blessés, ayant repris connaissance, est allé alerter ses proches. Le lendemain, jeudi 7 janvier, aux environs de huit heures, trois d’entre eux se sont rendus sur les lieux du raid afin de retrouver les deux personnes, dont Mahmoud Alhader Diallo, qui manquaient à l’appel.
Selon leur récit, sur place ils ont trouvé des militaires de Barkhane entourant le jeune Mahmoud Alhader Diallo, qui était seul. A ses côtés, il y avait près d’une dizaine de moutons morts calcinés. Toujours, à en croire les témoins oculaires, les militaires français ont présenté des excuses en précisant qu’ils poursuivaient des terroristes dans la zone. C’est ainsi qu’ils ont pris avec eux le jeune Mahmoud Alhader Diallo, en promettant de le soigner dans leur base de Gao, avant de le ramener à ses proches. Ils ont même pris le contact de l’un d’eux.
Depuis lors, les proches de Mahmoud Alhader Diallo sont sans aucune nouvelle de lui. Son père, Alhader Mouhamed Diallo, qui avait trouvé refuge avec sa famille à Gossi, a alerté les autorités traditionnelles, municipales et administratives sur la disparition de son fils. Entretemps, un autre jeune, qui avait aussi perdu connaissance, lors de ce raid, a réapparu avec une partie du bétail égaré.
Pour le moment, la mobilisation des proches de Mahmoud Alhader Diallo en vue de le retrouver ne faiblit pas. Craignant le pire, ils ont demandé à toute personne, qui le retrouverait, de le ramener à sa famille, à Gossi. Selon eux, Boulkessi, dont ils sont originaires, ne cesse de se vider de ses habitants à cause de l’insécurité grandissante, malgré la présence d’une base militaire relevant de la force conjointe du G5 Sahel.
Il y a lieu de rappeler que cette nouvelle affaire intervient alors que le mystère n’est toujours pas levé sur le bombardement mené, le 3 janvier dernier, près du village de Bounty, dans la commune de Dallah, cercle de Douentza, région de Mopti. Les Français continuent d’affirmer que ce sont des terroristes qui ont été tués, ce jour-là, alors que les proches des victimes soutiennent qu’il s’agissait de simples civils venus assister à un mariage.
Une thèse soutenue de manière à peine voilée par l’ONG humanitaire » Médecins du monde « , qui a pris en charge des blessés à l’hôpital de Douentza. C’est ainsi que plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, à l’image de la CNDH, l’AMDH et FIDH, ont demandé l’ouverture d’une enquête afin de faire la lumière sur cette affaire. La MINUSMA a déjà déployé une équipe d’enquête sur les lieux pour comprendre ce qui s’est réellement passé.
Massiré DIOP
Source: L’Indépendant