Pour la paix et la quiétude dans le village de Konna, les populations de ladite localité appellent les militaires en poste à plus de professionnalisme et éviter l’amalgame. Selon elles, les récentes arrestations survenues dans le village ne sont pas des djihadistes.
Dans un communiqué diffusé sur Facebook et à la télévision nationale, les militaires stationnés à Konna ont affirmé d’avoir arrêté trois présumés djihadistes grâce à la collaboration des habitants. C’était il y a quelques jours de cela. Ce qui n’a pas d’ailleurs retardé la réaction massive des populations selon lesquelles non seulement ceux qui sont arrêtés ne sont des djihadistes, encore, l’information que les militaires prétendent avoir obtenues sur les concernés, grâce à la collaboration des habitants, est fausse.
« Les trois personnes arrêtées par les militaires ne sont pas des djihadistes. Ce sont nos proches, habitants le village, nous les connaissons bien. Il faut les libérer », réclame le maire de la Commune Ousmane Kampo.
« Nous ne sommes pas des gens qui aident à arrêter d’autres. Nous n’avons pas dit que nous n’allons pas aider les militaires, mais dire que nous les aidons à arrêter des gens, nous ne sommes pas dedans. Nous les avons aidés à n’arrêter personne. Ce qu’ils ont publié sur Facebook et à la télévision n’est pas vrai », précise Mahamane Kebe, président de la brigade de surveillance de Konna, qui ajoute. « Nous sommes là seulement pour sécuriser notre village, et combattre toutes les menaces contre les habitants ».
Cette sortie médiatique des populations du village qui a vu tombé le premier soldat français sur le sol malien en 2013, Damien Boiteux, n’est pas anodine. Elle intervient le 20 janvier 2021, 60eme anniversaire des forces armées maliennes. Une occasion non seulement de participer à la célébration de cette fête mais aussi profiter du moment pour lancer un appel aux autorités militaires. Cela pour éviter les populations à s’opposer les unes contre les autres.
« Nous n’allons pas désigner quelqu’un, dire qu’il est ceci ou cela, si les militaires veulent arrêter, ils savent où trouver ceux qui doivent être arrêtés. Ils peuvent aller les arrêter d’eux-mêmes », lance Issa Bah, un habitant. Un autre d’estimer que les militaires doivent aussi éviter l’amalgame et faire preuve du professionnalisme, car tout celui qui a un turban n’est pas djihadiste.
« Si on ne se lève pas contre cette pratique, ils vont tous nous arrêter un jour. S’ils considèrent que chaque peulh est un djihadiste, si on ne fait pas attention, on l’est aussi », précise Youssouf Nadio, conseiller communal.
Sortis en grand nombre pour la cause, les habitants de Konna démontrent ainsi leur détermination à aider les forces armées maliennes, qui, selon eux, doivent aller chercher les djihadistes là où ils doivent être loin du village.
Ousmane Morba
Source: Malizine