L’annonce par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) de la création d’une zone de défense et de sécurité a remis sur le tapis et au cœur du débat la question épineuse de l’Azawad. A quoi avons-nous à faire : un État souverain qui « borne » unilatéralement ses frontières ? Un État dans un État avec un statut particulier de rentier auquel l’État du Mali doit verser ad vitam aeternam le tiers de ses ressources et revenus ? En clair avec qui et qu’est-ce qu’on a négocié à Alger ? S’agissait-il d’un problème inter-malien comme la littérature d’il y six (6) ans avait rapporté ou était-ce un conflit inter-États pour la résolution duquel la communauté internationale s’est fortement mobilisée aux côtés du voisin algérien ? Et dans ce cas, pour quelle raison légitime ?
Six (6) ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la question de l’Azawad irrite et divise. Et pour cause, malgré l’entrée dans le gouvernement de quelques cadres ex-séparatistes, la donne n’a pas changé, les lignes ont du mal à bouger…, les provocations n’ont jamais cessé. Les Facebookeurs font le débat, les acteurs d’hier et d’aujourd’hui donnent leurs éclairages.
Sambou Sissoko : Le comble de l’ironie !
Le MNLA cohabitait avec les terroristes à Kidal quand il proclamait l’indépendance de l’Azawad. Le Président par intérim Dioncounda Traoré a fait appel à la France pour aider les forces armées maliennes à combattre les terroristes. Après les étapes de conquête de Tombouctou et Gao, le MNLA se propose d’aider la France à traquer les terroristes dans le massif de l’ADRAR DES IFOGHAS à condition que les FAMa n’entrent pas à Kidal. Les autorités maliennes et le commandement militaire restent muets comme une carpe. La France accepte le deal et met l’armée malienne sur le banc de touche. Les terroristes se sont déplacés au Centre. La France et le MNLA se sont installés à Kidal. Aujourd’hui, le MNLA à des ministres dans le gouvernement et exige à ce que l’indépendance de l’Azawad soit actée. Les Maliens accusent tous les jours la France, mais continuent d’applaudir un ancien porte-parole du MNLA comme étant le meilleur ministre du gouvernement de la transition. Pardon ! Le problème n’est ni le MNLA, ni la France. Le problème c’est nous les Maliens. On n’a jamais eu un Agenda pour le Mali. C’est pourquoi les autres arrivent à nous imposer leur Agenda. Chacun pense à lui-même et à sa famille. Voilà pourquoi la dégringolade continue…
Bonne journée à vous !
Toumany Djimé Diallo : Fake ou non, je voudrais profiter de cette publication pour redire ceci : le MNLA, puis la CMA, conseillés par leurs partenaires extérieurs (anonymes ou non, singulièrement la France Sarkozyenne sur base de deal pour l’assassinat de Gadhafi) ont toujours œuvré DANS LA STRATÉGIE, avec pour objectif final le SÉPARATISME, pendant que les autorités maliennes restaient dans la TACTIQUE, à savoir tenter d’éteindre les foyers de tensions en négociant péniblement un cessez les feux temporaire, lorsqu’ils se déclenchaient çà et là ; Voir mes balises 1 puis 2 pour les pourparlers intermaliens selon le processus d’Alger.
Faut croire que j’aurais prêché dans le désert. Il appartiendra aux historiens de situer les responsabilités des uns et des autres dans l’avènement de ce qui semble désormais inéluctable.
J’espère que les autorités actuelles et à venir mettront fin à ce tragique jeu de dupes visant la partition du Mali et l’exploitation par ces alliés des fabuleuses richesses du Septentrion et même du centre maliens.
Déjà en 1957, la France avait souhaité détacher cette région du Soudan, avec son projet d’Organisation Commune des États Riverains du Sahara, publié dans le JO français (Tenez-vous bien !) en 1963.
Le peuple malien, du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, dans toutes ces composantes, s’est dressé contre ce projet funeste, d’où son échec.
Réussir ce projet datant de l’époque coloniale est l’objectif stratégique réel de tout ce qui se passe, Al-Qaïda servant essentiellement de paravent.
Babou Sylla : Je n’ai jamais compris pourquoi c’était au MAÉ de s’occuper des négociations avec la rébellion …. On s’est tiré une balle dans le pied ….
Toumany Djimé Diallo : Babou Sylla pour l’histoire, je vous dirai que le 1er à avoir été retenu pour diriger la négociation appelée pudiquement «pourparlers inter Maliens…» pour diriger, côté officiel, était Feu Modibo Keita (qui n’était pas alors Premier ministre). D’où la balise numéro 1 écrite à cet effet, définissant les lignes rouges et fondée sur le principe de subsidiarité.
Mais ce dernier a réussi à convaincre le Président d’être plutôt un facilitateur, au même titre que les participants non Maliens, pour donner une plus grande marge de manœuvre au Président, dont il devenait un Représentant Spécial. Ainsi le membre du gouvernement choisi pour diriger la délégation d’État fut le ministre Diop. Il s’en suivait, en effet, que le chef de délégation de la rébellion devenait, ipso facto, un alter ego, c-à-d une autorité d’un autre Etat.
Malgré tout, ces pourparlers-négociations avaient abouti, avec l’écoute d’éléments venus de la société civile, à un pacte acceptable, car définissant des pouvoirs locaux, mais n’impactant pas les domaines régaliens de l’Etat central. Document signé par tous, négociateurs et facilitateurs, à la seule exception de la rébellion indépendantiste.
D’où la balise numéro 2 déclarant la fin des pourparlers, les modalités d’appropriation populaire de ce résultat, le statut et le traitement à infliger à tous ceux qui s’opposeraient à son application.
Malheureusement, de nouvelles négociations ayant repris ont permis d’y inclure tous les éléments qui posent aujourd’hui problème, car aboutissant nécessairement et impérativement à la partition du pays qu’aucun Malien digne de ce nom n’accepterait.
Source: Info Matin