Entre le gouvernement et la CMA, le ton monte et depuis ce vendredi 5 février, c’est la réponse du berger à la bergère. Le gouvernement accuse, la CMA se défend.
La décision unilatérale de la CMA de créer une zone de défense dans le Gourma est une violation de l’Accord pour la paix et la réconciliation et du pacte pour la paix au Mali. Face à cette situation, le Gouvernement invite la CMA à réviser sa position et la Médiation internationale à se pencher sur la question.
Dans un communiqué qui a fait le tour des réseaux sociaux ce vendredi après-midi, le gouvernement dénonce la décision de la CMA de créer une zone de défense et de sécurité dans Gourma.
Pour le Gouvernement cette décision de la CMA est une transgression du cessez-le-feu conclu entre les parties et dont les clauses les engagent à conserver leurs positions et une flagrante violation des dispositions des articles 17, 25 et 29 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger relatives aux questions de défense et de sécurité.
C’est pourquoi le Gouvernement demande à la CMA de revenir sur sa décision et à la Médiation internationale de se pencher sur la question.
Cette décision unilatérale de la CMA est de nature à susciter des interrogations et des suspicions au moment où les parties se sont engagées à tenir une concertation de niveau décisionnel pour finaliser la phase d’intégration du dernier groupe des ex-combattants issus des bataillons du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) dans les Centres de formation.
Aussi, condamne-t-il fermement cette décision qui fragilise le processus de paix dans un contexte de recrudescence des attaques des groupes terroristes dans la Zone concernée où se déroulent les opérations – MALIKO et ELIPSE en collaboration avec les forces partenaires notamment Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel. Elle est également de nature à compromettre les résultats probants obtenus sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel.
Le Gouvernement de la République du Mali rappelle sa constante détermination à poursuivre la mise en œuvre de l’Accord et lance un appel à toutes les parties prenantes à maintenir les concertations de haut niveau entre les responsables politiques et militaires, dans le cadre de la mise en œuvre dudit Accord, en vue d’aplanir les obstacles qui retardent encore le déploiement des premières unités de l’Armée reconstituée dans toutes les régions concernées et de manière plus générale, le parachèvement des objectifs d’étape retenus en matière de défense et de sécurité
Par rapport à la création d’une nouvelle zone militaire de la CMA dans le Gourma, la CMA s’insurge contre les allégations du gouvernement qui ne sont fondées que sur des passions et sous la pression de la rue au détriment de la vérité du terrain. Dans un communiqué rendu public hier soir vendredi 5 février, la CMA dit apporter un démenti formel aux accusations du gouvernent.
La CMA rappelle que la zone dite de Gourma n’est pas une création nouvelle, depuis la signature du cessez-le-feu du 23 Mai 2014 et bien avant la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, cette zone militaire existait et relevait de la zone de haoussa (rive gauche du fleuve de Gao). La seule nouveauté est que la zone devient autonome vis-à-vis du Haoussa et dépend directement de l’état-major général de la CMA.
Ainsi, cette réorganisation s’inscrit dans le cadre de la redynamisation de la CMA en vue de protéger et de sécuriser les populations de cette zone laissées pour compte et pour mieux coordonner avec les forces internationales et nationales y compris les FAMa et la Plateforme.
La CMA rappelle que les FAMa ont maintes fois et de façon répétitive violé le cessez-le-feu en faisant des opérations militaires et des patrouilles unilatérales procédant aux fouilles et aux arrestations des paisibles citoyens azawadiens dans des Zones sous son contrôle, en occupant le terrain en dehors des mécanismes de L’APR/D’Alger sans que cela suscite ses réactions, la dernière en date concerne l’incursion des FAMa à Razelma sans concertation et sans préavis.
La CMA, tout en condamnant les accusations à peine voilées, distillées avec subtilité dans le communiqué du gouvernement insinuant que sa présence dans la Gourma serait un handicap à la lutte contre les terroristes alors même qu’elle gêne et empêche en premier lieu les mouvements et la fixation des terroristes, réitère son attachement au cessez-le-feu signé le 23 Mai 2014 à Kidal et aux arrangements sécuritaires qu’elle a signés. Elle invite le gouvernement malien à s’inscrire exclusivement et de façon diligente à la construction de la paix et de la confiance, gage de la réussite d’une bonne mise en œuvre de l’accord.
Info-Matin